90faut rapi<strong>de</strong>ment discerner si le proj<strong>et</strong> est faisable compte tenu <strong>de</strong> leurs capacités <strong>et</strong> <strong>de</strong>sressources qu’ils peuvent mobiliser autour d’eux. Il y a là plus qu’un souci <strong>de</strong> motivation <strong>de</strong>l’apprentissage. Il s’agit d’entraîner les apprenants à formuler <strong>de</strong>s « configurationsintuitives » à l’origine <strong>de</strong>s idées entrepreneuriales: « Il y a <strong>de</strong>s idées d’entreprise qui naissentainsi : une possibilité est tout à coup perçue comme neuve <strong>et</strong> prom<strong>et</strong>teuse. Elle correspondaux aspirations du concepteur : - ça me plait -, à ses compétences – je suis capable -, <strong>et</strong> auxressources du milieu – on peut y arriver ». La configuration intuitive (Bruyat, 1993) semanifeste avec la même fugacité que le fait <strong>de</strong> saisir une occasion. C’est une sorte <strong>de</strong>« préconception » qui allume chez le futur entrepreneur, un point focal qu’il m<strong>et</strong>tra parfois<strong>de</strong>s années à transformer en une vision d’entreprise. » (Pell<strong>et</strong>ier, 2005 :35). Il estrecommandé d’éviter les activités répétitives ou routinières dans lesquelles il n’y a rien àinventer. Que le proj<strong>et</strong> soit proposé par l’enseignant ou par les apprenants, « il faut unesituation qu’on veut changer, une amélioration qu’on veut apporter, un produit, un service ouun événement qu’on veut créer ». (Pell<strong>et</strong>ier, 2005 :36)Ceci ne veut pas dire toutefois que les activités <strong>et</strong> les proj<strong>et</strong>s doivent nécessairement êtr<strong>et</strong>rès complexes, au contraire. Les pédagogues conseillent beaucoup <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce <strong>et</strong> <strong>de</strong>progressivité dans le choix <strong>de</strong>s activités <strong>et</strong> le <strong>de</strong>gré d’immersion dans l’univers réel <strong>de</strong>sentrepreneurs. Les auteurs repèrent ainsi plusieurs <strong>de</strong>grés d’authenticité progressifs qui vont<strong>de</strong>s jeux <strong>et</strong> simulations proches <strong>de</strong> la vie réelle jusqu’aux mini-entreprises <strong>et</strong> juniorentreprises,en passant par les proj<strong>et</strong>s cadrés par l’enseignant <strong>et</strong> les proj<strong>et</strong>s ouverts proposéspar l’enseignant. C’est à l’enseignant d’adapter le niveau d’ambition <strong>et</strong> <strong>de</strong> complexité à cedont ses apprenants sont capables pour les amener très progressivement à rentrer dans lalogique entrepreneuriale. L’enseignant doit faire particulièrement attention à la « zone <strong>de</strong>développement proximal » <strong>de</strong>s apprenants. Car s’il s’agit <strong>de</strong> les faire sortir <strong>de</strong> leur zone <strong>de</strong>confiance <strong>et</strong> <strong>de</strong> les confronter à <strong>de</strong>s problèmes dont la solution n’est pas évi<strong>de</strong>nte <strong>et</strong> <strong>de</strong>sactions dont le résultat n’est pas entièrement prévisible, il convient <strong>de</strong> toujours gar<strong>de</strong>r àl’esprit <strong>de</strong> les amener à la réussite afin <strong>de</strong> renforcer la confiance en eux. Un grand nombre <strong>de</strong>p<strong>et</strong>its proj<strong>et</strong>s authentiques mais peu complexes (par exemple, pour <strong>de</strong>s jeunes enfants,peser les choses à la maison pour rendre service à la cuisine <strong>et</strong> apprendre les poids <strong>et</strong> lesmesures, lire <strong>de</strong>s histoires aux plus p<strong>et</strong>its avant la sieste… ou pour <strong>de</strong>s plus grands, organiserun marché interne <strong>de</strong> vêtements <strong>de</strong> sports d’occasion, écrire un procédurier informatiquepour expliquer aux autres élèves comment se servir <strong>de</strong>s logiciels installés sur les ordinateurs<strong>de</strong> l’école, organiser <strong>et</strong> animer la réunion d’information pour les parents…) sont jugéespréférables aux expériences trop complexes ou ambitieuses : « Plus l’expérience se baserasur <strong>de</strong>s idées simples <strong>et</strong> réalisables, plus il est probable que 1) les apprenants seront capablesd’assumer le contrôle <strong>et</strong> la gestion du proj<strong>et</strong>, <strong>et</strong> donc d’augmenter leur sens <strong>de</strong>l’appropriation <strong>et</strong> les chances d’acquérir les habil<strong>et</strong>és entrepreneuriales, 2) les apprenants neseront pas consumés par les <strong>de</strong>man<strong>de</strong>s techniques qui les distrairaient d’autres aspectsimportants comme les processus managériaux, le travail en équipe, la communication,l’évaluation <strong>et</strong> la réflexion ». (Surlemont <strong>et</strong> Kearney, 2009 :64).
91Principe 2 : Encourager, gui<strong>de</strong>r <strong>et</strong> faciliter la prise <strong>de</strong> responsabilité <strong>de</strong>s apprenantsLes trois auteurs s’inscrivent clairement dans la démarche socio-constructiviste oùl’apprenant est l’acteur central, responsable <strong>de</strong> son apprentissage. La relation pédagogiqueest n<strong>et</strong>tement néo-directive : l’enseignant doit systématiquement encourager les apprenantsà se concerter pour définir la liste <strong>de</strong>s tâches à réaliser <strong>et</strong> à déterminer parmi elles, cellesqu’ils peuvent réaliser eux-mêmes. Comme le suggèrent Surlemont <strong>et</strong> Kearney, (2009 :48)« l’enseignant sera obsédé par c<strong>et</strong>te question qu’est-ce que je fais actuellement que lesapprenants pourraient faire eux-mêmes ? ».Le guidage du processus éducatif n’a rien d’un laisser-faire, car « en l’absence d’une structurepréparée <strong>et</strong> d’un guidage attentif du processus par l’enseignant, ce type d’expérience peutvite dégénérer en une sorte <strong>de</strong> découverte fortuite <strong>et</strong> improvisée <strong>de</strong>s choses qui peut, aumieux s’avérer largement insuffisante du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’apprentissage <strong>et</strong>, au pire, inutile,voire décourageante pour tout le mon<strong>de</strong> » (Surlemont <strong>et</strong> Kearney, 2009 :60). Concrètement,l’enseignant a pour rôle <strong>de</strong> s’assurer que les objectifs d’apprentissage sont respectés, que leprocessus conçu par les apprenants est réaliste, que la mise en œuvre ne risque pas <strong>de</strong>produire <strong>de</strong>s conséquences désastreuses, que les apprenants consacrent du temps àl’évaluation <strong>de</strong>s résultats <strong>et</strong> <strong>de</strong> la démarche. Comme dans toutes les métho<strong>de</strong>s actives,l’enseignant a donc un rôle d’accompagnant, bien résumé par le modèle CQFD <strong>de</strong> Bouvy, DeTheux, Raucent, Smidts, Sobieski <strong>et</strong> Wouters (2010) : Conduire, Questionner, Faciliter,Diagnostiquer. Ces différentes fac<strong>et</strong>tes sont bien sûr à moduler selon les exigences <strong>de</strong> lasituation concrète (proj<strong>et</strong> cadré, ouvert, problème…).Dans c<strong>et</strong>te situation, comme dans la pédagogie par proj<strong>et</strong>, le guidage cognitif se faitessentiellement par questionnement. Il est toujours <strong>de</strong> la responsabilité <strong>de</strong> l’enseignant <strong>de</strong>s’assurer que les apprenants ne per<strong>de</strong>nt pas <strong>de</strong> vue les visées d’apprentissage au profit <strong>de</strong>sexigences <strong>de</strong> réalisation. Mais suivant que le proj<strong>et</strong> est proposé par les apprenants (proj<strong>et</strong>ouvert) ou par l’enseignant (proj<strong>et</strong> cadré), la rencontre entre les objectifs d’apprentissage duprogramme ne se fait pas au même moment : négociation <strong>de</strong>s objectifs au départ avec lesapprenants dans les proj<strong>et</strong>s cadrés, recherche d’information en cours du proj<strong>et</strong> puis relecture<strong>de</strong>s résultats <strong>et</strong> <strong>de</strong> la démarche en relation avec les points pertinents du programme dans lesproj<strong>et</strong>s ouverts. Dans tous les cas, les auteurs soulignent que l’art <strong>de</strong> l’enseignant est <strong>de</strong>s’efforcer <strong>de</strong> susciter les questions <strong>et</strong> d’éviter <strong>de</strong> suggérer les bonnes décisions ou les bonnesréponses.Quelles variantes nouvelles introduit la pédagogie entreprenante par rapport à la pédagogiepar proj<strong>et</strong> sur le principe <strong>de</strong> responsabilisation ? Nous pensons que la spécificitéentrepreneuriale tient au rapport qu’elle entr<strong>et</strong>ient avec les risques. Ce thème est délicat, caril est souvent interprété dans le milieu scolaire <strong>de</strong> manière très caricaturale <strong>et</strong> tout à faitcontraire à l’état d’esprit réel <strong>de</strong>s entrepreneurs. Les formateurs à l’entrepreneuriatexpliquent bien qu’il ne s’agit en aucun cas <strong>de</strong> pousser les jeunes à prendre <strong>de</strong>s risquesinconsidérés. L’idée est bien plutôt <strong>de</strong> les amener à une attitu<strong>de</strong> responsable <strong>et</strong> optimisteconsidérant que les risques existent <strong>de</strong> manière inéluctable dès lors qu’on agit mais qu’il y amoyen d’engager <strong>et</strong> <strong>de</strong> réussir <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s comportant <strong>de</strong>s défis <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong>. C’estpossible si l’on s’entraîne à i<strong>de</strong>ntifier <strong>et</strong> évaluer les risques d’une situation à court terme <strong>et</strong> à
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