80A. Gibb (2002, 2005) professeur pendant 35 ans à la Durham Business School analyse avec laclairvoyance d’un praticien réflexif, les points qui font défaut dans le système éducatif actuelpar rapport à celui qui serait souhaitable. Il en donne une représentation visuelleparticulièrement marquante que nous reproduisons ci-<strong>de</strong>ssous.Figure 10. Le système actuel d’éducation à l’entrepreneuriat <strong>et</strong> celui qui conviendraitselon A. Gibb (2005)Selon Gibb, l’enseignement actuel promeut une vision héroïque <strong>de</strong> l’entrepreneur, héritée <strong>de</strong>Schump<strong>et</strong>er, comme un créateur <strong>de</strong> changement. Ce faisant, il ignore un grand nombre <strong>de</strong>salariés indépendants, qui manifestent aussi <strong>de</strong>s comportements entreprenants sans pourautant penser être <strong>de</strong>s héros. Le centre <strong>de</strong> l’enseignement est le business plan qui répondutilement aux besoins <strong>de</strong> planification <strong>de</strong>s parties prenantes externes <strong>de</strong> l’entrepreneur maisne constitue pas le cœur <strong>de</strong> son activité. Le point majeur est que l’enseignement actuelcomporte beaucoup trop peu <strong>de</strong> programmes orientés sur l’éducation <strong>de</strong>s comportements,<strong>et</strong> lorsque c’est le cas, les objectifs en sont mal définis. Il fait appel à une manière <strong>de</strong> penserrationnelle, basée sur une culture <strong>de</strong> l’information, <strong>de</strong> la planification <strong>et</strong> du contrôle qui sesitue à l’opposé du mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> penser holistique, intuitif, informel <strong>de</strong> l’entrepreneur. Il sefocalise sur les concepts managériaux valables pour les gran<strong>de</strong>s entreprises sans voir qu<strong>et</strong>outes organisations (police, services sociaux, arts, santé, écoles…) pourraient êtreentrepreneuriales <strong>et</strong> n’utilisent pas les mêmes systèmes <strong>de</strong> gestion. Il consiste à faire réciter<strong>de</strong>s savoirs explicites sans véritable considération pour les savoirs tacites <strong>de</strong> prise <strong>de</strong>décision, <strong>de</strong> réseautage, <strong>de</strong> résolution <strong>de</strong> problèmes, <strong>de</strong> recherche d’opportunités quis’apprennent dans l’action <strong>et</strong> les erreurs. Il apporte <strong>de</strong>s outils (bras) spécifiques sur lesprocessus <strong>de</strong> création <strong>et</strong> <strong>de</strong> croissance ainsi que sur les compétences <strong>de</strong> l’entrepreneur(finance, mark<strong>et</strong>ing, RH…) mais <strong>de</strong> manière disjointe <strong>et</strong> peu appliquée. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> la création,il envisage <strong>de</strong>ux applications possibles (jambes) : l’intrapreneuriat <strong>et</strong> la gestion <strong>de</strong>s PME ou<strong>de</strong>s entreprises familiales, mais les modèles utilisés proviennent surtout du managementstratégique <strong>et</strong> manquent d’apprentissage <strong>de</strong>s relations dans un mon<strong>de</strong> différent. Les proj<strong>et</strong>sd’application concr<strong>et</strong>s (pieds) <strong>et</strong> les modules optionnels (ex. entrepreneuriat social) arriventsouvent en fin <strong>de</strong> cursus, sous la forme d’un cas ou d’une étu<strong>de</strong> académique, dont rien negarantit qu’ils soient menés <strong>de</strong> manière entrepreneuriale. Le modèle du marché constitue labase du raisonnement sans imaginer que d’autres contextes économiques <strong>et</strong> sociétaux sont
81possibles (par exemple les économies <strong>de</strong> transition). Dans c<strong>et</strong>te représentation,l’entrepreneur finit par faire peur, il est presque diabolique (Frank N. Stein).A l’inverse, Gibb préconise un cœur <strong>de</strong> valeurs à faire partager par tous, qui consiste en uneempathie avec les manières <strong>de</strong> penser <strong>et</strong> d’agir <strong>de</strong>s entrepreneurs. La stratégie à m<strong>et</strong>tre enœuvre y prend la forme d’une vision <strong>et</strong> d’un planning opérationnel bien plus proches <strong>de</strong> laréalité <strong>de</strong>s entrepreneurs que les plans glissants pluri-annuels. Il préconise un travail trèsimportant sur les attributs <strong>et</strong> qualités personnelles nécessaires, par <strong>de</strong>s formes créativesvariées (théâtre, <strong>de</strong>ssins, jeux…), ce qui fait travailler aussi l’intelligence émotionnellenécessaire à l’entrepreneur. L’élaboration <strong>de</strong>s visions stratégiques doit être associée selonGibb, à la perception personnelle <strong>de</strong> l’étudiant, à ses désirs <strong>et</strong> ses proj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> vie.L’apprentissage <strong>de</strong>vrait se faire majoritairement sous forme expérientielle, afin <strong>de</strong> maximiserles opportunités <strong>de</strong> pratique <strong>et</strong> <strong>de</strong> vécu entrepreneurial. Les domaines à travailler mêlent lesdimensions affectives (préférences, sentiments, émotions), conatives (motivation,engagement, impulsion, effort) <strong>et</strong> cognitives (reconnaissance, jugement, mémoire). Lemanagement à apprendre doit être holistique à partir <strong>de</strong> situations-problèmes afind’articuler les différents domaines fonctionnels entre eux. Les outils ou moyens (bras) àprivilégier sont d’ordre socio-émotionnel : il s’agit d’approfondir la confiance, pour pouvoirapprendre <strong>de</strong> l’environnement, oser <strong>et</strong> savoir comment poser les questions <strong>et</strong> bâtir <strong>de</strong>srelations. Les applications (jambes) doivent s’appuyer sur différents contextes en relationavec toutes les parties prenantes <strong>de</strong> l’université. De ce point <strong>de</strong> vue, le <strong>de</strong>signorganisationnel doit être particulièrement étudié afin d’encourager l’entrepreneuriat. Lespieds d’application sont la recherche d’opportunités sous le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> la découverte,l’expérimentation, la relecture <strong>et</strong> le réajustement systématique en cas d’erreur, ce qui rejointla notion d’effectuation <strong>de</strong> Sarasvathy. Toute c<strong>et</strong>te dynamique s’inscrit dans un universglobal, vis-à-vis <strong>de</strong>s sources d’incertitu<strong>de</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> complexité qui exigent <strong>de</strong>s réponsesentrepreneuriales. Dans c<strong>et</strong>te représentation, l’individu entreprenant, c’est vous <strong>et</strong> moi, quiagis <strong>et</strong> pense à la manière d’un entrepreneur.Selon Gibb, éduquer l’esprit d’entreprendre dans une telle perspective, représente unvéritable changement <strong>de</strong> paradigme éducatif afin <strong>de</strong> passer d’une organisation savante à uneorganisation apprenante. Selon Linard (2002), un paradigme est un ensemble cohérent d<strong>et</strong>héories, <strong>de</strong> modèles, <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s <strong>et</strong> d’instruments formant un cadre homogène dans unchamp <strong>de</strong> connaissance donné. Pour une institution éducative, un paradigme désigne unensemble cohérents d’objectifs, <strong>de</strong> contenus <strong>et</strong> <strong>de</strong> missions éducatives, <strong>de</strong> postulats <strong>et</strong>théories sur l’apprentissage, <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s d’enseignement <strong>et</strong> d’évaluation impliquant uncertain partage <strong>de</strong>s rôles entre l’enseignant <strong>et</strong> les apprenants, ainsi que <strong>de</strong>s indicateurs <strong>et</strong><strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong> pilotage <strong>de</strong> l’institution. Peut-on dire que l’éducation àl’entrepreneuriat exige un bouleversement global à la fois épistémologique, i<strong>de</strong>ntitaire,culturel <strong>et</strong> organisationnel <strong>de</strong>s écoles <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses enseignants ? Ou bien suppose-t-ilsimplement un changement <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s d’enseignement sans bouleversement <strong>de</strong> lalogique globale du système ? Ou encore, l’éducation à l’entrepreneuriat peut-il se faire àtravers un ensemble <strong>de</strong> métho<strong>de</strong>s variées sans nécessairement rem<strong>et</strong>tre en cause lefonctionnement actuel du système éducatif ?
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