78partir d’une revue <strong>de</strong> littérature portant sur plus <strong>de</strong> 100 articles économiques sur le suj<strong>et</strong>,Van <strong>de</strong>r Sluis <strong>et</strong> al. (2008) montrent que l’impact sur la sélection <strong>de</strong>s entrepreneurs estinsignifiant, mais que l’eff<strong>et</strong> sur la performance est positif <strong>et</strong> significatif. C<strong>et</strong> eff<strong>et</strong> se traduitpar un r<strong>et</strong>our sur investissement <strong>de</strong> la formation directement visible dans les salaires <strong>de</strong>sentrepreneurs, lequel est plus fort aux Etats-Unis qu’en Europe <strong>et</strong> plus fort pour les femmesque pour les hommes. Par contre, l’évaluation <strong>de</strong>s eff<strong>et</strong>s précis d’un module <strong>de</strong> formationreste controversée. Pittaway <strong>et</strong> Cope (2007) s’appuyant sur d’une revue <strong>de</strong> littératur<strong>et</strong>hématique, argumentent que la mesure principale utilisée actuellement auprès <strong>de</strong>sétudiants (l’évolution <strong>de</strong>s intentions d’entreprendre) est forcément très dépendante <strong>de</strong>facteurs sociétaux <strong>et</strong> surtout ne dit pas grand-chose <strong>de</strong> la capacité <strong>de</strong>s étudiants à s’engagereffectivement dans la création d’entreprise ou à agir réellement comme <strong>de</strong>s entrepreneurs.Nous ajoutons que ces mesures n’analysent pas les compétences ou capacités réellementacquises, étant donné que celles-ci n’ont pas été clarifiées.Aux niveaux primaire <strong>et</strong> secondaire, nous avons assez peu d’informations. Aux Etats-Unis,l’IDA-STPI montre que 17 Etats sur 50 ont mis en place un cadre législatif favorable àl’éducation à l’entrepreneuriat, ce qui se traduit par au moins quatre mo<strong>de</strong>s opératoiresdifférents 65 selon la cible visée <strong>et</strong> la répartition <strong>de</strong>s rôles entre l’école <strong>et</strong> le milieu extérieur. Ilen ressort que les acteurs principaux <strong>de</strong> l’éducation à l’esprit d’entreprendre sont en réalitémoins les enseignants que <strong>de</strong>s fondations, associations privées ou publiques 66 , quisponsorisent <strong>et</strong> souvent réalisent un grand nombre d’actions. Leur offre comprend <strong>de</strong>scurricula compl<strong>et</strong>s, <strong>de</strong>s contenus standards, du mentorat, <strong>de</strong>s compétitions <strong>de</strong> business plan,<strong>de</strong>s sites intern<strong>et</strong> offrant ressources <strong>et</strong> réseaux, <strong>de</strong>s camps d’été. L’ensemble <strong>de</strong> ces acteursont <strong>de</strong>s visions <strong>de</strong> l’objectif <strong>et</strong> <strong>de</strong>s pratiques très variées, sans aucune forme <strong>de</strong> consensusconcernant la définition <strong>de</strong> l’obj<strong>et</strong> <strong>et</strong> l’évaluation <strong>de</strong> leurs impacts. Quelques chercheurssuggèrent que le potentiel entrepreneurial doit être détecté au niveau du secondaire pourpouvoir orienter les choix <strong>de</strong> carrière (Gasse, 1985, Filion, 1994). Mais quelques recherchessignalent les écoles actuelles sont plutôt anti-entrepreneuriales, allant jusqu’à découragervoire supprimer les capacités <strong>de</strong>s jeunes à entreprendre (Chamard, 1989 cité par Gorman,1997).Au final, il apparait que la définition <strong>de</strong> l’esprit d’entreprendre en tant que tel n’est pasvéritablement l’obj<strong>et</strong> <strong>de</strong>s débats, mais il est au cœur <strong>de</strong> la discussion sur la manièred’enseigner l’entrepreneuriat à l’Université. Deux arguments majeurs prévalent : 1)L’entrepreneuriat est un phénomène complexe encore en définition, mais en tout état <strong>de</strong>cause, il s’oppose au management classique, car il m<strong>et</strong> en œuvre un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> penser <strong>et</strong>d’action différent. 2) L’enseignement tel qu’il est dispensé actuellement (notamment) dansles écoles <strong>et</strong> facultés <strong>de</strong> management est inadéquat pour entraîner les comportements,attitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> valeurs spécifiques <strong>de</strong> l’esprit d’entreprendre.65 Ces 4 modalités sont nommées « incorporated mo<strong>de</strong>l » : notions d’entrepreneuriat intégrées dans un cours <strong>de</strong> gestion ou <strong>de</strong>mark<strong>et</strong>ing, mais associé à une compétition entrepreneuriale gérée par une association extérieure, « start-up mo<strong>de</strong>l » :programme spécifique <strong>de</strong> création <strong>de</strong> business local résevé aux élèves à risque, « intern mo<strong>de</strong>l » : notions d’entrepreneuriatintégrées dans un cours normal avec opportunité d’application lors <strong>de</strong> stages extérieurs, « partnered mo<strong>de</strong>l » : module confié àune association externe. Rapport IDA-STPI (2010 :10)66 Les trois principales associations non gouvernementales recensées par le rapport IDA-STPI (2010 :13) sont le JuniorAchievement, la fondation Kauffman, le NFTE (N<strong>et</strong>work for Teaching Entrepreneurship).
79Les critiques adressées au système actuel d’éducation à l’entrepreneuriat.Un grand nombre d’acteurs <strong>et</strong> d’auteurs expriment que le système éducatif dans sonensemble est profondément inadapté. Le rapport du World Economic Forum l’affirme avecforce : « Entrepreneurship education is essential for <strong>de</strong>veloping the human capital necessaryfor the soci<strong>et</strong>y of the future. It is not enough to add entrepreneurship on the perim<strong>et</strong>er – itneeds to be central to the way education operates. Educational institutions, at all levels(primary, secondary and higher education) need to adopt 21st century m<strong>et</strong>hods and tools to<strong>de</strong>velop the appropriate learning environment for encouraging creativity, innovation and theability to “think out of the box” to solve problems. This requires a fundamental r<strong>et</strong>hinking ofeducational systems, both formal and informal. Also in need of r<strong>et</strong>hinking are the wayteachers or educators are trained, how examination systems function and the way rewards,recognition and incentives are given” (2009:16). Patrick Molle, directeur général <strong>de</strong> l’Ecole <strong>de</strong>Management <strong>de</strong> Lyon le m<strong>et</strong> particulièrement en évi<strong>de</strong>nce pour la France : « En France, noussommes sous la coupe d’un modèle qui va à l’encontre <strong>de</strong> l’entrepreneuriat. Le systèmeéducatif nous prépare dès l’enfance à être conformistes, à réciter, à obéir. Il ne favorise ni laprise <strong>de</strong> risque, ni l’imagination. Notre mission, à EM Lyon est donc <strong>de</strong> « déformater » nosétudiants, <strong>de</strong> les préparer à autre chose, <strong>de</strong> les ai<strong>de</strong>r à mieux comprendre les lois du mon<strong>de</strong>dans lequel ils vivent 67 ».Un certain nombre d’enseignants-chercheurs au cœur <strong>de</strong> ce système éducatif, argumentent<strong>de</strong> même que les business schools <strong>et</strong> leurs MBA produisent <strong>et</strong> entraînent leurs étudiantsdans un mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> pensée académique, désincarnée, vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> sens <strong>et</strong> <strong>de</strong> sagesse pratique,totalement à l’opposé <strong>de</strong> l’orientation entrepreneuriale nécessaire dans le mon<strong>de</strong>d’aujourd’hui. (Leavitt, 1989, Pfeffer <strong>et</strong> Fong, 2001, Binks, Starkey <strong>et</strong> Mahon, 2006 ; Kirby,2007). Analysant un vaste corpus <strong>de</strong> littérature à partir d’un point <strong>de</strong> vue éducatif, Béchard<strong>et</strong> Grégoire (2005) montrent parallèlement que les questions <strong>de</strong>s chercheurs sur l’éducationà l’entrepreneuriat reflètent une vision essentiellement socio-économique 68 , techniciste(quelles technologies utiliser ?), académique (quels contenus ?) <strong>et</strong> personnaliste <strong>de</strong>l’éducation (quels besoins individuels <strong>de</strong>s étudiants ?) au détriment <strong>de</strong> <strong>questionnements</strong>d’ordre psycho-cognitif, socio-cognitif <strong>et</strong> éthique. Ces points <strong>de</strong> vue nécessiteraient <strong>de</strong>sapproches multidisciplinaires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s expertises pédagogiques, lesquelles sont encore peuprésentes dans les business schools. Or nous croyons que ce sont précisément celles qui sonten jeu dans la pédagogie <strong>de</strong> l’esprit d’entreprendre. Elles sont proches <strong>de</strong> celles que nousavons affrontées dans l’accompagnement <strong>de</strong>s jeunes ingénieurs vis-à-vis <strong>de</strong> l’apprentissage<strong>de</strong> l’autonomie à Centrale Lille (Verzat <strong>et</strong> Bachel<strong>et</strong>, 2001) <strong>et</strong> vis-à-vis <strong>de</strong> l’engagement dansles proj<strong>et</strong>s d’innovation. Autrement dit, la question reste entière <strong>et</strong> peu abordée par lesenseignants-chercheurs les plus concernés, à savoir : comment apprendre à <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>spersonnes pensant <strong>et</strong> agissant <strong>de</strong> manière autonome <strong>et</strong> responsable dans un mon<strong>de</strong>incertain ?67 Cité par Fayolle A. (dir) L’art d’entreprendre, Paris, Pearson Education France/Les Echos Editions, p 6168 Selon Béchard <strong>et</strong> Grégoire (2005 :31), <strong>de</strong>ux questions dominantes sont traitées dans ce domaine : la contribution <strong>de</strong>l’éducation entrepreneuriale à la performance économique, <strong>et</strong> l’organisation d’une université qui serait entrepreneuriale entermes <strong>de</strong> rôles <strong>et</strong> <strong>de</strong> contribution économique au développement d’une région.
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