56<strong>de</strong> tous les contenus d’une même ligne en nous efforçant <strong>de</strong> le rendre le plus concr<strong>et</strong>possible tout en perm<strong>et</strong>tant le rapprochement avec les théories que nous avons listées dansla section B.Nous pouvons maintenant investiguer la correspondance <strong>de</strong> ce référentiel avec les théoriesen entrepreneuriat. Plusieurs points méritent d’être mentionnés.1) Les quatre comportements observables r<strong>et</strong>enus correspon<strong>de</strong>nt à peu <strong>de</strong> choses prèsaux quatre courants <strong>de</strong> pensée (ou paradigmes) actuellement disponibles pourabor<strong>de</strong>r l’entrepreneuriat, dont la définition reste encore largement débattue. Leparadigme <strong>de</strong> l’opportunité, dont les initiateurs sont Shane <strong>et</strong> Venkataraman (2000)m<strong>et</strong> l’accent sur la capacité à i<strong>de</strong>ntifier <strong>et</strong> exploiter les opportunités. Il est représentédans le modèle par le premier comportement observable (i<strong>de</strong>ntifier une opportunité)<strong>et</strong> le <strong>de</strong>uxième (choisir un proj<strong>et</strong> motivant, pertinent <strong>et</strong> faisable qui correspond àl’exploitation <strong>de</strong> l’opportunité). Le paradigme <strong>de</strong> l’innovation qui attribue la création<strong>de</strong> valeur au caractère novateur <strong>de</strong> la contribution entrepreneuriale (courant <strong>de</strong>Drucker, 1985, Julien <strong>et</strong> Marchesnay, 1996) est représenté dans le modèle par le<strong>de</strong>uxième comportement observable (trouver une idée innovante). Le paradigme <strong>de</strong>la création d’une organisation (Gartner <strong>et</strong> Shane, 1995) est au moins initié par l<strong>et</strong>roisième comportement observable (i<strong>de</strong>ntifier, trouver <strong>et</strong> gérer les ressources). Lecomportement observable (apprécier <strong>et</strong> faire reconnaitre la valeur créée par leproj<strong>et</strong>) représente le paradigme <strong>de</strong> la création <strong>de</strong> valeur (Bruyat <strong>et</strong> Julien, 2000). Onpeut vérifier aussi que ces quatre comportements sont aussi assez proches <strong>de</strong>smodélisations les plus récentes <strong>de</strong> l’auto-efficacité entrepreneuriale (Hao <strong>et</strong> al. 2005,Sardshumukh, 2008) : L’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>s nouvelles opportunités correspond aupremier comportement, la pensée créative indique le <strong>de</strong>uxième comportement, lacréation <strong>de</strong> nouveaux produits/services suppose le troisième comportement, lavente d’une idée ou d’un développement est proche du quatrième comportement.2) Les caractéristiques assimilées à <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> personnalité par les premièresrecherches en entrepreneuriat <strong>et</strong> dans certains répertoires empiriques consultés à<strong>de</strong>s qualités ou attributs <strong>de</strong>s individus, sont repérés dans notre modèle à <strong>de</strong>uxniveaux complémentaires qui ren<strong>de</strong>nt compte <strong>de</strong> la dynamique d’apprentissagepossible <strong>de</strong> l’esprit d’entreprendre : 1) à travers la dimension conative 41 <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>sfavorables à l’entrepreneuriat qui font partie du système <strong>de</strong> guidage, 2) sous forme<strong>de</strong> savoir-être à mobiliser qualifiés par <strong>de</strong>s verbes d’action. C<strong>et</strong>te <strong>de</strong>uxièmeformulation sous-entend qu’il s’agit là <strong>de</strong> comportements à m<strong>et</strong>tre en œuvre dans<strong>de</strong>s situations précises, qui ne caractérisent pas forcément les comportementsstables <strong>et</strong> systématiques d’une personne : Nous considérons qu’une même personnepeut avoir un comportement entreprenant dans certaines situations mais pas dansd’autres. Ce qui a pour corollaire qu’on peut apprendre à se comporter <strong>de</strong> manière41 Selon Hemmriegel, Slocum <strong>et</strong> Woodman, 2001, cité par Rajhi (2011 :107), elle caractérise l’intention d’agir ou laprédisposition à agir. Rajhi (2011 :111) repère 5 attitu<strong>de</strong>s typiques à partir <strong>de</strong> Toulouse (1990), Shepherd <strong>et</strong> Douglas (1997),Gasse <strong>et</strong> d’Amours (2000) : l’attitu<strong>de</strong> envers le <strong>de</strong>stin (proche <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> locus <strong>de</strong> contrôle), l’attitu<strong>de</strong> enversl’indépendance, l’attitu<strong>de</strong> envers le risque, l’attitu<strong>de</strong> envers le travail, l’attitu<strong>de</strong> envers le revenu, l’attitu<strong>de</strong> envers l’innovation.
57entreprenante à cause <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te situation. C’est la répétition <strong>de</strong> ces comportementspar transfert d’une situation à l’autre, qui finira par constituer un script expert, c'està-direun répertoire d’actions intériorisé <strong>et</strong> <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s systématiques.L’importance <strong>de</strong>s savoir-être dans les ressources personnelles i<strong>de</strong>ntifiées dans lemodèle n’est pas due au hasard. Il s’agit bien d’entraîner <strong>de</strong>s dispositionscomportementales qui sont au cœur <strong>de</strong>s ressources à mobiliser pour accomplir lescompétences complexes dont il est question en entrepreneuriat. La gestion aigüe <strong>de</strong>sémotions par les entrepreneurs qui se fait jour dans les recherches sur la cognition, ladécision <strong>et</strong> l’engagement <strong>de</strong>s entrepreneurs (Michl <strong>et</strong> al. 2009, Bagozzi <strong>et</strong> al. 2009) abien été repérée dans le modèle.3) Le double processus mental <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntitaire <strong>de</strong> l’entrepreneur repéré dans lesrecherches sur la cognition entrepreneuriale est au cœur <strong>de</strong> la dynamique dumodèle. En tant que système <strong>de</strong> guidage <strong>de</strong> la mobilisation <strong>de</strong>s ressources, c’est enquelque sorte le moteur <strong>de</strong> la compétence <strong>de</strong> l’esprit d’entreprendre. Ce moteur estconstitué tout d’abord par le mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> pensée-action spécifique <strong>de</strong>s entrepreneurs(projectif, visionniste, créatif <strong>et</strong> effectual) repéré par les trois auteurs. Son <strong>de</strong>uxièmeélément indissociable est l’auto-efficacité dont nous avons largement souligné dansla littérature, à quel point elle est au cœur <strong>de</strong> la cognition <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntitéentrepreneuriale. Notons que l’auto-efficacité n’est pas toujours mentionnée en tantque telle chez les trois experts consultés. Mais elle est sans conteste au cœur <strong>de</strong>leurs prescriptions via le processus d’apprentissage par essai-erreur <strong>et</strong> la réflexivitésystématique pour tirer les leçons <strong>de</strong> l’expérience. Les autres motivations i<strong>de</strong>ntitaires(valorisation <strong>de</strong> la carrière entrepreneuriale liée à <strong>de</strong>s normes subjectives favorables,croyances <strong>et</strong> attitu<strong>de</strong>s favorables) y sont aussi présentes. Notons que les croyances<strong>et</strong> valeurs professionnelles favorables à l’entrepreneuriat caractérisent les <strong>de</strong>uxdimensions cognitive 42 <strong>et</strong> affective 43 <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s entrepreneuriales. Plusieursauteurs en entrepreneuriat ont proposé <strong>de</strong>s répertoires d’attitu<strong>de</strong>s vis-à-vis <strong>de</strong>l’entrepreneuriat (Gibb (2005) 44 , <strong>et</strong> surtout Kolvereid (1996)) dont le modèle estlargement utilisé dans les opérationnalisations du modèle d’intention appliqué àl’entrepreneuriat notamment par Tounès (2003), Emin (2003), Boissin <strong>et</strong> al. (2005,2006, 2007, 2008, 2009a,b). L’attrait perçu pour l’entrepreneuriat défini par cesattitu<strong>de</strong>s traduit une posture (Perrenoud, 2001), c'est-à-dire une certaine forme <strong>de</strong>rapport au mon<strong>de</strong>, au travail, au savoir, à la société.On pourrait objecter que ce système <strong>de</strong> guidage spécifique suffit à lui seul à rendrecompte <strong>de</strong> l’esprit d’entreprendre. C’est la position <strong>de</strong> Rajhi (2011) qui propose une42 Ensemble <strong>de</strong>s opinions, jugements, croyances <strong>et</strong> connaissances que « nous avons du suj<strong>et</strong>, <strong>de</strong>s choses, <strong>et</strong> <strong>de</strong>s gens, qui nousperm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> déterminer ce qui à nos yeux est vrai, vraissemblable ou possible », Go<strong>de</strong>froid, J. 1987, p 545, cité par Rajhi, N.(2011) p 10743 Ensemble <strong>de</strong>s réponses affectives à c<strong>et</strong> obj<strong>et</strong> (sentiments, sensations, émotions) <strong>et</strong> qui reflète surtout son évaluationfavorable ou défavorable, selon Rajhi N. (2011), p 107, commentant les trois dimensions cognitive, affective <strong>et</strong> conative <strong>de</strong>sattitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s repérées par Rosenberg <strong>et</strong> Hovland (1960) par opposition aux visions unidimensionnelles.44 goût pour l’indépendance, méfiance vis-à-vis <strong>de</strong> la bureaucratie, autodidaxie, sens <strong>de</strong> l’appartenance, croyance que les effortspersonnels <strong>et</strong> le travail intense seront récompensés, conviction <strong>de</strong> pouvoir changer le mon<strong>de</strong> à partir <strong>de</strong> croyances, orientationvers l’action, valeur <strong>de</strong>s arrangements informels, du réseau (know-who) <strong>et</strong> <strong>de</strong> la confiance, croyance dans la liberté d’agir, valeur<strong>de</strong> l’individu <strong>et</strong> <strong>de</strong> la communauté plus que <strong>de</strong> l’Etat.
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