52l’action ou du savoir-agir en situations complexes ». Pour certains auteurs s’intéressant àl’éducation à l’entrepreneuriat (Colin, 2011, Surlemont <strong>et</strong> Kearney, 2009, Lôbler, 2006), c<strong>et</strong>teapproche est <strong>de</strong>venue « synonyme <strong>de</strong> l’éducation à l’entrepreneuriat ».Perrenoud (2001) indique que la compétence est donc liée à la maîtrise globale d’unesituation 38 . Ceci la distingue d’une capacité qui, selon Pieron (1973), « représente lapossibilité <strong>de</strong> réussite dans l’exécution d’une tâche, ou d’un métier », c'est-à-dire unensemble d’habil<strong>et</strong>és ou aptitu<strong>de</strong>s spécifiques 39 <strong>et</strong> sans référence à une situation précise.Selon le CEREQ (1999), « Une capacité <strong>de</strong>vient une compétence lorsque celle-ci est mise enœuvre dans une situation donnée ». Comme le souligne Jonnaert (2002) cité par Bouvy, DeTheux, Raucent, Smidts, Sobieski <strong>et</strong> Wouters (2010 :375), une compétence est une « mise enœuvre, par une personne particulière ou par un groupe <strong>de</strong> personnes, <strong>de</strong> savoirs, <strong>de</strong> savoirêtre,<strong>de</strong> savoir-faire ou <strong>de</strong> savoir-<strong>de</strong>venir dans une situation donnée ». Une compétence estdonc toujours contextualisée dans une situation précise, donc toujours dépendante <strong>de</strong> lareprésentation que la personne se fait <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te situation. A partir <strong>de</strong> l’inventaire que nousavons fait dans les sections A <strong>et</strong> B, sur les capacités, savoir-penser, savoir agir… sous-tenduespar le mot valise « esprit d’entreprendre », nous comprenons qu’il s’agit bien d’un ensembl<strong>et</strong>rès vaste <strong>de</strong> capacités qui sont à m<strong>et</strong>tre en œuvre dans <strong>de</strong>s situations données. Nous avonsbien affaire à quelque chose qui est <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> la compétence.La plupart <strong>de</strong>s définitions que nous avons rapportées ci-<strong>de</strong>ssus du mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’éducations’inspirent <strong>de</strong> G. Le Boterf (1994, 1997), qui a modélisé <strong>et</strong> précisé la notion <strong>de</strong> compétence àpartir d’observations dans le mon<strong>de</strong> du travail. Or, selon Le Boterf, la compétence suppose<strong>de</strong> savoir agir, mais aussi <strong>de</strong> pouvoir <strong>et</strong> <strong>de</strong> vouloir agir. Savoir agir se rapporte au fait <strong>de</strong>reconnaître la situation <strong>et</strong> d’i<strong>de</strong>ntifier les schèmes opératoires (ou manières d’agir plus oumoins complexes) pertinents. Le fait <strong>de</strong> pouvoir agir est lié au contexte dans lequel le suj<strong>et</strong>agit, notamment s’il dispose <strong>de</strong>s attributions attendues pour le faire <strong>et</strong> s’il dispose d’unréseau <strong>de</strong> ressources mobilisables, ce qui est particulièrement vrai en entrepreneuriat. Le fait<strong>de</strong> vouloir agir est non moins important car il se rapporte au sens que l’action a pour le suj<strong>et</strong><strong>et</strong> au <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> confiance qu’il a dans ses propres capacités. Ces éléments apparaissent toutaussi cruciaux dans la dialogique permanente qui existe entre l’individu <strong>et</strong> son action ouproj<strong>et</strong> <strong>de</strong> type entrepreneurial. C’est tout le socle motivationnel <strong>et</strong> i<strong>de</strong>ntitaire <strong>de</strong>l’entrepreneur au sein d’un réseau social <strong>et</strong> d’un milieu d’affaires qui se trouve ici mobilisé.La <strong>de</strong>rnière caractéristique importante <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> compétence qui justifie son usage enéducation à l’entrepreneuriat est le consensus dont elle fait l’obj<strong>et</strong> sur son mo<strong>de</strong> <strong>de</strong>construction éminemment dynamique <strong>et</strong> social. Comme le souligne Toupin (1999), lacompétence n’est pas un observable, mais un construit. C'est-à-dire que la compétence fait38 Perrenoud (2000) donne <strong>de</strong>s exemples concr<strong>et</strong>s <strong>de</strong> compétences tels que « savoir s’orienter afin <strong>de</strong> trouver son chemin dansune ville inconnue », ce qui mobilise un certain nombre <strong>de</strong> capacités telles que lire un plan, repérer où l’on est, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>sinformations ou <strong>de</strong>s conseils, ainsi que différents savoirs comme la notion d’échelle, <strong>de</strong>s notions <strong>de</strong> topographie, laconnaissance d’un certain nombre <strong>de</strong> points <strong>de</strong> repère géographique. Selon qu’on se situe dans une gran<strong>de</strong> métropole, unep<strong>et</strong>ite ville <strong>de</strong> province, un pays occi<strong>de</strong>ntal ou le tiers-mon<strong>de</strong>, c<strong>et</strong>te compétence risque d’être définie <strong>de</strong> manière assezdifférente.39 Selon Danvers(2009:80) La capacité est un savoir-faire transversal, non référé à une situation donnée, une aptitu<strong>de</strong>psychologique pouvant désigner une habil<strong>et</strong>é physique, instrumentale. Elle est évolutive, notamment en fonction du <strong>de</strong>gré <strong>de</strong>maturation, <strong>de</strong>s conditions d’apprentissage <strong>et</strong> d’exercice. »
53l’obj<strong>et</strong> d’un processus d’apprentissage : on ne naît pas compétent, on le <strong>de</strong>vient à travers <strong>de</strong>sacquisitions tant à l’école que sur le terrain face aux situations réelles. L’évolution du mon<strong>de</strong>du travail recompose sans cesse les compétences. Enfin, ce n’est pas une réalité tangible,mais une notion abstraite <strong>et</strong> hypothétique qui fait l’obj<strong>et</strong> d’un jugement. La compétence estobservée à partir <strong>de</strong> ses manifestations <strong>et</strong> elle est inférée. Ceci veut dire qu’elle est reconnuepar un ensemble <strong>de</strong> personnes : la personne elle-même mais aussi les maîtres, les supérieurshiérarchiques, les pairs, les clients… : il ne suffit pas <strong>de</strong> se déclarer compétent pour l’être !Le modèle <strong>de</strong> Le Boterf (1994) sur lequel nous baserons donc notre représentation <strong>de</strong>synthèse sur l’esprit d’entreprendre formule que la compétence correspond à uneconstruction à partir d’une combinaison <strong>de</strong> ressources. C<strong>et</strong>te construction comporteplusieurs éléments :- Les schèmes opératoires caractérisent la compétence en acte, c’est à dire lescomportements observables en situation manifestant que l’individu est compétentdans la situation.- L’inventaire <strong>de</strong>s ressources personnelles (intériorisées ou incorporées à la personne)que l’individu mobilise pour réaliser ces activités. On distingue parmi les ressourcespersonnelles les différentes catégories <strong>de</strong> savoirs, savoir-faire <strong>et</strong> savoir-être :o savoirs : connaissances générales ou d’environnement <strong>et</strong> connaissancesprocédurales (savoir comment procé<strong>de</strong>r : procédures <strong>et</strong> métho<strong>de</strong>sformelles),o savoir-faire : opérationnels (savoir procé<strong>de</strong>r, savoir opérer comme parexemple savoir utiliser un logiciel <strong>de</strong> CAO), expérientiels (coups d’œil, tours<strong>de</strong> main, astuces…), relationnels (savoir coopérer, se conduire comme parexemple, travailler en équipe, gérer <strong>de</strong>s contacts avec un enjeu d’imageexterne, orienter vers les interlocuteurs pertinents…), cognitifs (savoir traiterl’information <strong>et</strong> raisonner, comme par exemple, construire <strong>et</strong> développerune argumentation, se représenter un obj<strong>et</strong> en trois dimensions, raisonnerpar analogie…), <strong>et</strong> métacognitifs (savoir apprendre à apprendre),o savoir-être : qualités <strong>et</strong> aptitu<strong>de</strong>s qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> s’engager dans l’action,ressources physiologiques qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> gérer son énergie, ressourcesémotionnelles qui perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> ressentir une situation, une relation, <strong>et</strong>capter <strong>de</strong>s signaux faibles.- Les ressources <strong>de</strong> l’environnement que l’individu mobilise pour réaliser cesactivités : réseaux relationnels, documentaires, informationnels, d’expertise, outils<strong>de</strong> proximité (machines, équipements…).- Les critères <strong>de</strong> performance attendus dans une situation donnée. Ces critèrescorrespon<strong>de</strong>nt aux attentes <strong>de</strong> l’environnement qui va juger <strong>de</strong> la compétence. Eneff<strong>et</strong>, il ne suffit pas <strong>de</strong> se sentir compétent pour l’être, il s’agit toujours d’unjugement social. Ces critères sont plus ou moins concr<strong>et</strong>s <strong>et</strong> mesurables maistoujours spécifiques à la situation.- Le système <strong>de</strong> guidage interne à l’individu qui le pousse à mobiliser ses différentesressources pour réaliser ces activités. Ce système <strong>de</strong> guidage représente ladynamique du modèle, il explique sur la base <strong>de</strong> quels éléments construits dans le
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