24A – L’ambiguïté <strong>de</strong>s recommandations politiques sur l’espritd’entreprendre : <strong>de</strong>s individus entreprenants aux créateurs d’entrepriseL’esprit d’entreprendre est un suj<strong>et</strong> d’une gran<strong>de</strong> actualité. En novembre 2011 un groupe d<strong>et</strong>ravail réunissant les principaux acteurs politiques, économiques <strong>et</strong> universitaires 11concernés par le suj<strong>et</strong> en France a publié un référentiel « entrepreneuriat <strong>et</strong> espritd’entreprendre 12 » à l’usage <strong>de</strong>s établissements d’enseignement supérieur afin d’orienterl’action <strong>de</strong>s pôles entrepreneuriat étudiants lancés fin 2009. Ce document estl’aboutissement d’un long travail <strong>de</strong> terrain amorcé dans les maisons <strong>de</strong> l’entrepreneuriatcréées en 2004 dans plusieurs universités françaises à partir <strong>de</strong> l’exemple <strong>de</strong> Grenoble 13 <strong>et</strong>d’une prise <strong>de</strong> conscience <strong>de</strong>s acteurs politiques.De fait, <strong>de</strong>puis 1998 en Europe, les conférences associant experts <strong>de</strong> l’enseignement <strong>de</strong>l’entrepreneuriat <strong>et</strong> politiques se sont multipliés sur le suj<strong>et</strong>. Désormais les responsables <strong>de</strong>spolitiques éducatives du niveau international au niveau local considèrent l’espritd’entreprendre comme le cœur <strong>de</strong> la culture entrepreneuriale nécessaire au renouvellement<strong>de</strong> l’économie <strong>de</strong> nos vieux pays en crise. Chaque personne <strong>de</strong>vrait en être imprégnée pourpouvoir trouver sa place dans nos sociétés gouvernées par l’économie <strong>de</strong> l’innovation <strong>et</strong> <strong>de</strong>la connaissance. Ainsi promouvoir <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>s compétences entrepreneuriales estcrucial pour l’Union Européenne car « la stimulation <strong>de</strong> l’esprit d’entreprise est l’une <strong>de</strong>sconditions essentielles <strong>de</strong> la création d’emploi <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’accroissement <strong>de</strong> la compétitivité <strong>et</strong> <strong>de</strong>la croissance économique en Europe 14 ».L’enjeu est si important que l’esprit d’entreprendre a été reconnu comme l’une <strong>de</strong>s huitcompétences clés 15 définies par l'Union européenne pour la formation tout au long <strong>de</strong> la vie(2006/962/CE). Celles-ci sont présentées comme un cadre <strong>de</strong> référence commun <strong>de</strong>stiné auxresponsables politiques, aux professionnels <strong>de</strong> l’éducation, aux employeurs <strong>et</strong> auxapprenants eux-mêmes afin <strong>de</strong> penser <strong>et</strong> d’évaluer tout proj<strong>et</strong> ou programme éducatif.L’idée générale est que la maîtrise <strong>de</strong> ces compétences-clé <strong>de</strong>vrait perm<strong>et</strong>tre à tout citoyeneuropéen <strong>de</strong> « s’adapter avec souplesse à un mon<strong>de</strong> évoluant rapi<strong>de</strong>ment <strong>et</strong> caractérisé parun <strong>de</strong>gré d’interconnexion élevé ». La 7 ème compétence qui nous intéresse est donc : « <strong>l'esprit</strong>11 Ont été réunis dans ce groupe <strong>de</strong> travail, <strong>de</strong>s membres <strong>de</strong> la Conférence <strong>de</strong>s Prési<strong>de</strong>nts d’Université (CPU), <strong>de</strong> la Conférence<strong>de</strong>s Directeurs <strong>de</strong>s Ecoles Françaises d’Ingénieurs (CDEFI), <strong>de</strong> la Conférences <strong>de</strong>s Gran<strong>de</strong>s Ecoles (CGE), <strong>de</strong> la Direction généralepour l’Enseignement Supérieur <strong>et</strong> l’insertion Professionnelle du Ministère <strong>de</strong> l’Enseignement Supérieur <strong>et</strong> <strong>de</strong> la Recherche(MESR), du Mouvement <strong>de</strong>s Entreprises <strong>de</strong> France (MEDEF) <strong>et</strong> <strong>de</strong> l’Agence pour la Création d’Entreprise (APCE). Les principauxacteurs <strong>de</strong> terrain dans les différentes maisons <strong>de</strong> l’entrepreneuriat <strong>et</strong> tout récents PEE ont été invités à présenter leursexpériences pédagogiques.12 http://www.educpros.fr/uploads/media/referentiel_entrepreneuriat_<strong>de</strong>f.pdf13 Voir l’article <strong>de</strong> J.P. BOISSIN <strong>et</strong> N. SCHIEB-BIENFAIT (à paraitre) De l’expérimentation réussie <strong>de</strong>s Maisons <strong>de</strong>l’Entrepreneuriat… au plan d’action national <strong>de</strong>s Pôles Entrepreneuriat Etudiants : une dynamique confortée…, Entreprendre <strong>et</strong>Innover, n°10-11 qui fait le bilan <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te évolution14 Vers la création d’une culture entrepreneuriale, Promouvoir <strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s <strong>et</strong> <strong>de</strong>s compétences entrepreneuriales au travers<strong>de</strong> l’éducation, Gui<strong>de</strong> <strong>de</strong> bonnes pratiques, Commission Européenne, 2004http://www.donnerenvie<strong>de</strong>ntreprendre.com/documentation/spip.php?article815 Les 8 compétences clé sont 1) la communication dans la langue maternelle, 2) la communication en langues étrangères, 3) lacompétence mathématique <strong>et</strong> compétences <strong>de</strong> base en sciences <strong>et</strong> méthodologies, 4) la compétence numérique, 5)l’apprendre à apprendre, 6) les compétences sociales <strong>et</strong> civiques, 7) l’esprit d’initiative <strong>et</strong> d’entreprise, 8) la sensibilité <strong>et</strong>l’expression culturelle.
25d'initiative <strong>et</strong> d'entreprise qui consiste en la capacité <strong>de</strong> passer <strong>de</strong>s idées aux actes. Il supposecréativité, innovation <strong>et</strong> prise <strong>de</strong> risques, ainsi que la capacité <strong>de</strong> programmer <strong>et</strong> <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>sproj<strong>et</strong>s en vue <strong>de</strong> la réalisation d'objectifs. L'individu est conscient du contexte dans lequels'inscrit son travail <strong>et</strong> est en mesure <strong>de</strong> saisir les occasions qui se présentent. Il est lefon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> l'acquisition <strong>de</strong> qualifications <strong>et</strong> <strong>de</strong> connaissances plus spécifiques dont ontbesoin tous ceux qui créent une activité sociale ou commerciale ou qui y contribuent ». Ensomme, l’esprit d’entreprendre consiste à être entreprenant, quel que soit le métier exercéplus tard, mais en s’inspirant <strong>de</strong>s compétences spécifiques <strong>de</strong>s entrepreneurs.On r<strong>et</strong>rouve c<strong>et</strong>te idée dans la définition proposée par l’agence <strong>de</strong> stimulation économiquewallonne : « l’esprit d’entreprendre consiste essentiellement en une volonté d’agir pour créerdu changement, <strong>de</strong> la nouveauté <strong>et</strong> réaliser <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s <strong>et</strong> m<strong>et</strong> en évi<strong>de</strong>nce le développement<strong>de</strong>s attitu<strong>de</strong>s entrepreneuriales qui perm<strong>et</strong>tent aux jeunes <strong>de</strong> se construire une personnalitéentreprenante au fil <strong>de</strong> leur vie. ». De même dans les objectifs <strong>de</strong> formation affichés par unlycée professionnel <strong>de</strong> l’académie <strong>de</strong> Lille : « C’est perm<strong>et</strong>tre à chaque jeune, en cultivant c<strong>et</strong>esprit d’entreprendre, <strong>de</strong> faire la transition entre sa scolarité <strong>et</strong> son avenir professionnel ;c’est lui donner les atouts pour être un salarié « entreprenant » ou <strong>de</strong>venir un entrepreneur àpart entière ; c’est l’amener à faire le choix qui correspond à ses attentes, à sa personnalité ;c’est lui perm<strong>et</strong>tre <strong>de</strong> se proj<strong>et</strong>er dans l’avenir avec les meilleures chances d’intégration dansle mon<strong>de</strong> du travail, en évitant la perte <strong>de</strong> confiance en soi <strong>et</strong> les échecs qui en découlent. »Toutefois, un certain nombre <strong>de</strong> chercheurs ont noté que ces objectifs ne manquaient pasd’ambigüité <strong>et</strong> <strong>de</strong>mandaient à être précisés : Kirby (1990, 2003, 2007) relève en eff<strong>et</strong> <strong>de</strong>uxtypes d’objectifs finaux : augmenter le nombre <strong>de</strong> créations d’entreprise <strong>et</strong> former <strong>de</strong>sjeunes entreprenants capables <strong>de</strong> repérer <strong>de</strong>s opportunités <strong>et</strong> d’innover dans toutes lessphères <strong>de</strong> la vie économique <strong>et</strong> sociale. Derrière ces <strong>de</strong>ux finalités, il note que plusieursobjectifs éducatifs sont repérables : faire prendre conscience du rôle <strong>de</strong>s entrepreneurs dansl’économie <strong>et</strong> la société (education about entrepreneurship), développer les qualités <strong>et</strong>comportements <strong>de</strong>s entrepreneurs qui réussissent (education for entrepreneurship),développer les connaissances du business <strong>et</strong> les capacités spécifiques à la créationtransférables lors d’un lancement d’activités (education through entrepreneurship). Dans lamême veine, Caird (1990) distingue trois types d’objectifs complémentaires : former <strong>de</strong>spersonnes entreprenantes (c’est-à-dire développer les qualités personnelles associées à uncomportement entreprenant), sensibiliser à l’entreprise (connaissance <strong>de</strong>s milieux <strong>et</strong> <strong>de</strong>sactivités économiques <strong>et</strong> compétences <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>), former au métierd’entrepreneur (compétences spécifiques associées à la création d’entreprise). Elle montreque ces différents objectifs ne sont pas perçus <strong>et</strong> valorisés <strong>de</strong> la même manière par lesenseignants, les étudiants <strong>et</strong> leurs parents <strong>et</strong> qu’ils ne sont pas forcément associés auxmêmes éléments : qualités psychologiques pour les uns, gestion <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> en général oucréation d’entreprise pour les autres. Ces différents éléments n’étant pas toujours associésaux entrepreneurs. De même, Léger-Jarniou (1999) explique que l’esprit d’entreprendre nedoit pas être confondu avec l’esprit d’entreprise lequel renvoie à un ensemble d’attitu<strong>de</strong>spositives vis-à-vis <strong>de</strong> l’entreprise. S’appuyant sur Block <strong>et</strong> Stumpf (1992), elle définit l’espritd’entreprendre comme la volonté d’essayer <strong>de</strong>s nouvelles choses ou <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>s chosesdifféremment parce qu’il existe une possibilité <strong>de</strong> changement, indépendamment <strong>de</strong> toute
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