112sont pas revendiqués en tant que tels mais attestés par leur réussite économique. C’est lerésultat final obtenu qui est le critère <strong>de</strong> reconnaissance pertinent. A l’opposé, l’enseignantimpose sa légitimité par la maîtrise d’une discipline qui ne vaut que si elle est énoncéeexplicitement à travers <strong>de</strong>s textes écrits ou <strong>de</strong>s exposés savants.Professeur <strong>et</strong> entrepreneur seront donc fatalement à la recherche <strong>de</strong> signaux différents vis-àvis<strong>de</strong> ce que les jeunes doivent acquérir ou produire. En outre, il peut y avoir lutted’influence entre les <strong>de</strong>ux acteurs vis-à-vis <strong>de</strong>s élèves : Lequel va être perçu comme plusprestigieux par les élèves ? Pour qui travailleront-ils préférentiellement ? Quel type <strong>de</strong>démonstration / d’action sera la plus importante à leurs yeux ? S’il n’y a pas un grand respect<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux acteurs l’un envers l’autre, la négociation risque d’être douloureuse… Si oucontraire les <strong>de</strong>ux acteurs sont curieux <strong>et</strong> qu’ils prennent le temps d’apprendre ensemble,c’est à-dire <strong>de</strong> faire dialoguer leurs savoirs, alors le bénéfice pour chacun <strong>et</strong> pour lesétudiants est immense. Au cours <strong>de</strong> mes contacts avec <strong>de</strong>s entrepreneurs lors <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>spartagés avec les étudiants, ou lors <strong>de</strong> recherches-action ou encore à l’occasion d<strong>et</strong>émoignages en cours, j’ai souvent vécu <strong>de</strong>s échanges très stimulants avec les intervenants.Nous pouvions m<strong>et</strong>tre en lien l’analyse <strong>et</strong> les enseignements d’une situation avec <strong>de</strong>sthéories pertinentes. Et dans la plupart <strong>de</strong>s cas, j’ai observé une relation passionnée avec lesétudiants.Cependant, les partenariats peuvent être durs à m<strong>et</strong>tre en place <strong>et</strong> à faire durer. Assezprosaïquement, les agendas <strong>de</strong>s uns <strong>et</strong> <strong>de</strong>s autres n’ont pas les mêmes temporalités, ni lesmêmes contraintes <strong>et</strong> reflètent <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>s d’action opposés (respecter le programme /s’adapter en permanence). La recherche d’un ren<strong>de</strong>z-vous commun révèle souventl’existence d’une hiérarchie informelle qui s’instaure rapi<strong>de</strong>ment entre les <strong>de</strong>uxacteurs, notent subtilement Desonnay, Dervaux <strong>et</strong> Gesp (2009): Qui subit l’agenda <strong>de</strong>l’autre : l’entrepreneur autodidacte qui admire le professeur d’université ou l’enseignant quis’incline <strong>de</strong>vant le dirigeant d’entreprise ? Par ailleurs, le jargon professionnel inévitable <strong>de</strong>chaque métier peut aussi constituer un frein lorsqu’on a passé le sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> la curiosité <strong>et</strong>qu’on veut travailler ensemble. A la longue, il peut dégénérer en dialogue <strong>de</strong> sourds àconnotation idéologique négative (académisme élitiste / capitalisme focalisé sur la recherchedu profit). Dans le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’école primaire ou secondaire, les préconceptions àconnotation idéologique négative vis-à-vis du mon<strong>de</strong> entrepreneurial semblent tenaces sil’on en croit les réactions suscitées par la formation que nous avons expérimentée sur l’espritd’entreprendre (Verzat <strong>et</strong> Raucent, 2011).Si l’on regar<strong>de</strong> plus spécifiquement le point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong>s enseignants vis-à-vis <strong>de</strong> telspartenariats, quel est l’avantage ?Au travers <strong>de</strong>s échanges avec mes collègues <strong>de</strong> l’Ecole Centrale <strong>de</strong> Lille investis fortement ouponctuellement dans <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d’innovation avec <strong>de</strong>s partenaires d’entreprise notammententrepreneurs, il apparait plusieurs types <strong>de</strong> bénéfices possibles. Ces bénéfices sont liés auxcentres d’intérêt <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s enseignants.Les plus intéressés par la relation pédagogique y voyaient le moyen d’intéresser les étudiantsdémotivés <strong>et</strong> désinvestis <strong>de</strong> la matière dans les cours traditionnels, <strong>de</strong> connaitre plus
113personnellement les étudiants que dans les cours, <strong>de</strong> se sentir alliés <strong>de</strong>s étudiants vis-à-visd’un problème précis <strong>et</strong> réel à résoudre plutôt que <strong>de</strong> se positionner exclusivement commel’évaluateur qui sanctionne, <strong>de</strong> gérer <strong>de</strong>s p<strong>et</strong>its groupes moins instables <strong>et</strong> plus contrôlablesque les amphis ou les classes <strong>de</strong> 30 à 50 étudiants dissipés. Les plus intéressés par le contenu<strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s étaient plus sensibles au fait que les proj<strong>et</strong>s toujours nouveaux <strong>et</strong> actuels <strong>de</strong>spartenaires extérieurs les sortaient <strong>de</strong> la routine <strong>de</strong>s cours ou encore leur perm<strong>et</strong>taient d<strong>et</strong>rouver un terrain d’application pour leurs recherches. Il pouvait s’y loger aussi <strong>de</strong>smotivations plus matérielles comme obtenir quelques marges budgétaires utiles pourach<strong>et</strong>er du matériel pour le labo, ou encore <strong>de</strong>s heures <strong>de</strong> cours sans obligation <strong>de</strong> préparer<strong>de</strong>s supports ou <strong>de</strong> corriger <strong>de</strong>s copies. En outre, certains professeurs comblaient un besoin<strong>de</strong> reconnaissance sociale par la participation à <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d’entreprises prestigieuses ou à<strong>de</strong>s réseaux d’affaires locaux. Un <strong>de</strong>rnier intérêt professionnel non négligeable était <strong>de</strong> sesentir appartenir à une équipe d’enseignants, ce qui aidait considérablement les jeunesprofesseurs à s’intégrer dans l’institution, <strong>et</strong> offrait à tous les autres aussi, <strong>de</strong>s lieux <strong>de</strong>dialogue voire d’entrai<strong>de</strong> dans un métier où l’on se sent parfois bien seul. Il nous semble quela plupart <strong>de</strong> ces motivations pourraient concerner les enseignants <strong>de</strong>s écoles primaires ousecondaires, souvent aux prises avec <strong>de</strong>s situations d’enseignement difficiles. Mais en mêm<strong>et</strong>emps, l’exposition aux autres <strong>de</strong> ses pratiques réelles, lorsqu’on a pris l’habitu<strong>de</strong> d’une trèsgran<strong>de</strong> autonomie, est un véritable risque à prendre. La culture coopérative est encore peuprésente dans les écoles (Perrenoud, 1996). L’intérêt <strong>de</strong>s enseignants à établir <strong>de</strong>spartenariats avec <strong>de</strong>s entrepreneurs au-<strong>de</strong>là d’un simple échange <strong>de</strong> vues reste donc àvali<strong>de</strong>r par <strong>de</strong>s recherches qualitatives approfondies.Toutefois, le risque principal <strong>de</strong> ces proj<strong>et</strong>s en relation partenariale concerne à nos yeuxsurtout l’apprentissage par les apprenants. En eff<strong>et</strong> trois finalités sont idéalement interreliéesdans ces proj<strong>et</strong>s :1) Réussir le proj<strong>et</strong> (atteindre l’objectif, résoudre effectivement le problème),2) Acquérir <strong>de</strong>s connaissances <strong>et</strong> <strong>de</strong>s savoir-faire prescrits par le programme <strong>de</strong> l’école,3) Développer son i<strong>de</strong>ntité (réaliser <strong>de</strong> quoi j’ai été capable <strong>et</strong> envisager <strong>de</strong>sconséquences pour mon avenir à court ou moyen terme : choix d’options, <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>sou <strong>de</strong> matières pour la prochaine pério<strong>de</strong>, attirance pour <strong>de</strong>s métiers…).Chacune <strong>de</strong>s trois catégories d’acteurs du proj<strong>et</strong> est plus spécifiquement attachée à chacune<strong>de</strong> ces finalités : les partenaires visent <strong>et</strong> valorisent d’abord la réussite, les professeurs visent<strong>et</strong> accompagnent essentiellement la construction <strong>de</strong>s connaissances <strong>et</strong> savoir-faire, lesétudiants quant à eux, ont besoin <strong>de</strong> prendre conscience du cheminement i<strong>de</strong>ntitaireaccompli dans le proj<strong>et</strong> pour faire <strong>de</strong>s choix qui les concernent. Dans beaucoup <strong>de</strong> cas, laréalisation du proj<strong>et</strong> perm<strong>et</strong> aux trois acteurs d’atteindre leurs finalités, la complémentarité<strong>de</strong>s trois enjeux joue à plein <strong>et</strong> le proj<strong>et</strong> est une réussite dont les trois protagonistes sefélicitent. On peut appeler c<strong>et</strong>te configuration le « trio gagnant ».Mais la réalité sociale <strong>de</strong>s relations <strong>de</strong> pouvoir <strong>et</strong> <strong>de</strong> savoir par essence inégales entre lestrois acteurs nous conduit à m<strong>et</strong>tre en gar<strong>de</strong> contre un déséquilibre potentiel au profit <strong>de</strong>l’une <strong>et</strong>/ou l’autre <strong>de</strong>s parties au détriment <strong>de</strong>(s) autre(s) si l’on n’y prend pas gar<strong>de</strong>. Dansnotre expérience d’accompagnement <strong>et</strong> <strong>de</strong> coordination <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s d’innovation, nous
- Page 1 and 2:
1DOSSIER EN VUE DE L’OBTENTION DU
- Page 3 and 4:
3RemerciementsEcrire et méditer su
- Page 5 and 6:
52ème partie - Eduquer l’esprit
- Page 7 and 8:
7Introduction : Relecture de mon pa
- Page 9 and 10:
9A - L’esprit d’entreprendre, m
- Page 11:
11Et il existe de réels freins dan
- Page 14 and 15:
14construction au cours du temps ?
- Page 16 and 17:
16notamment dans les stages supervi
- Page 18 and 19:
18pour que l’expérience soit eff
- Page 20 and 21:
20La concurrence entre des logiques
- Page 22 and 23:
221ère partie - Définir les objec
- Page 24 and 25:
24A - L’ambiguïté des recommand
- Page 26 and 27:
26intention de créer une entrepris
- Page 28 and 29:
Le référentiel français qui vien
- Page 30 and 31:
30n’est aucunement garanti ni exp
- Page 32 and 33:
32Lécuyer, (1994), le concept de s
- Page 34 and 35:
34plus sophistiquées et des liens
- Page 36 and 37:
36de la personne : ses intentions,
- Page 38 and 39:
38(résolution de problèmes comple
- Page 40 and 41:
40résume le modèle d’intention
- Page 42 and 43:
42Figure 6. Théorie de l’essai d
- Page 44 and 45:
44DimensionBiais deperceptionEmotio
- Page 46:
46occasionne à chaque fois une red
- Page 49 and 50:
49plus en plus complexes et entreti
- Page 51 and 52:
51autodidacte australien sur le suj
- Page 53 and 54:
53l’objet d’un processus d’ap
- Page 55 and 56:
55Figure 8. Objectifs de formation
- Page 57 and 58:
57entreprenante à cause de cette s
- Page 59 and 60:
59Figures 9. Dynamique de construct
- Page 61 and 62: 61la préparation des différentes
- Page 63 and 64: 63progressives adaptées et des cri
- Page 65 and 66: 65organisationnelles…) dans leur
- Page 67 and 68: 67(Verzat, 2010 :36). Mais l’espr
- Page 69 and 70: 69d’un refoulement inconscient d
- Page 71 and 72: 71Alors que faire ? Existe-t-il des
- Page 73 and 74: 732ème partie - Eduquer l’esprit
- Page 75 and 76: 75Rajhastan, en Jordanie et en Egyp
- Page 77 and 78: 77les rendre efficaces (Pittaway et
- Page 79 and 80: 79Les critiques adressées au syst
- Page 81 and 82: 81possibles (par exemple les écono
- Page 83 and 84: 83recrues, des compétences transve
- Page 85 and 86: 85plus dans une position de contrô
- Page 87 and 88: 87De même, Fayolle et Gailly (2009
- Page 89 and 90: 89convergente. Les principes géné
- Page 91 and 92: 91Principe 2 : Encourager, guider e
- Page 93 and 94: 93Principe 3 : Apprendre en groupe
- Page 95 and 96: 95actuels et à la difficulté à d
- Page 97 and 98: 97Une originalité de l’approche
- Page 99 and 100: 99méthodes appropriées à une sit
- Page 101 and 102: 101d’années le concept et le fon
- Page 103 and 104: 103Par ailleurs, il faut noter que
- Page 105 and 106: 105La visée actuelle du primaire a
- Page 107 and 108: 107importantes que d’autres, il e
- Page 109 and 110: 109incite à penser que la mise en
- Page 111: 111universitaire et de l’analyse
- Page 115 and 116: 115Dans notre expérience selon les
- Page 117 and 118: 117sein de la communauté éducativ
- Page 119 and 120: 119fondamentale d’améliorer le s
- Page 121 and 122: 121d’objectifs éducatifs inter-r
- Page 123 and 124: 123ricochet, à aider les apprenant
- Page 125 and 126: 125mettre en œuvre. D’un côté,
- Page 127 and 128: 127de besoins des apprenants (techn
- Page 129 and 130: 129négligée. Même si un champ en
- Page 131 and 132: 131Comment faire coopérer monde ac
- Page 133 and 134: 133équation : D’une part, recour
- Page 135 and 136: 135Centrale de Lille pour la mise e
- Page 137 and 138: 137Liste des annexes1. VERZAT, C. (
- Page 139 and 140: 13936. BOURGEOIS, E. (2006) Les th
- Page 141 and 142: 141Journal of Entrepreneurial Behav
- Page 143 and 144: 143http://www.unige.ch/fapse/SSE/te
- Page 145 and 146: 145CARRE, P., MOISAN A., La formati