108cohérent très difficile à piloter. Pour échapper au dilemme, Perrenoud suggère la voie dulea<strong>de</strong>rship distribué <strong>et</strong> coopératif. Citant Derou<strong>et</strong> <strong>et</strong> Dutercq, il souligne que « toutétablissement d’enseignement est une cité à construire [ ] non seulement pour que les élèvesou les étudiants y trouvent leur place <strong>et</strong> développent leur citoyenn<strong>et</strong>é, mais pour que lesprofesseurs se sentent aussi, citoyens d’une cité politique d’un genre particulier, puisqu’elleest inscrite à l’articulation du travail salarié <strong>et</strong> d’une institution servant le bien commun »(Perrenoud, 2001b :19). Mais comme il le note, « c<strong>et</strong>te citoyenn<strong>et</strong>é ne se décrète pas, sagenèse n’est pas inscrite dans l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s enseignants, elle n’est pas favorisée par lespesanteurs <strong>de</strong>s bureaucraties ».Pour qu’un lea<strong>de</strong>rship distribué s’instaure, il suggère que le chef d’établissement se contente<strong>de</strong> faciliter la démarche en s’entourant d’un acteur collectif qui prendra en charge lesdifférentes fonctions du lea<strong>de</strong>rship distribué (Barry, 1991) : définition d’une vision commune,organisation <strong>et</strong> suivi du proj<strong>et</strong>, représentation externe, gestion <strong>de</strong>s ressources, maintien d’unclimat positif au quotidien entre toutes les parties prenantes. Comme nous l’avons mis enexergue (Verzat <strong>et</strong> Garant, 2010), c<strong>et</strong>te dynamique implique l’évaluation permanente sous laforme d’une réflexivité constante qui perm<strong>et</strong> à tous les acteurs d’apprendre. C<strong>et</strong>te visiond’une dynamique d’apprentissage permanent <strong>et</strong> collectif <strong>de</strong>s acteurs est partagée parRams<strong>de</strong>n (1998), spécialiste du lea<strong>de</strong>rship dans l’enseignement supérieur. C’est la solutionselon Rams<strong>de</strong>n pour instaurer un compromis entre la culture académique classique visant lacollégialité <strong>et</strong> le respect <strong>de</strong>s territoires <strong>et</strong> la culture managériale centrée sur l’efficacité <strong>et</strong> laresponsabilisation. Concrètement, il s’agit <strong>de</strong> créer une vision partagée du futur, <strong>de</strong> motiverles étudiants <strong>et</strong> les personnels <strong>de</strong> l’université à (se) réaliser davantage, <strong>de</strong> revisiter lesproblèmes anciens avec un regard nouveau, <strong>de</strong> faciliter l’échange collaboratif, <strong>et</strong> d’envisagerle changement <strong>de</strong> manière positive.Selon Perrenoud, l’auto-évaluation doit être complétée par une évaluation <strong>et</strong> une discussioncritique <strong>de</strong>s résultats par <strong>de</strong>s instances indépendantes. Il précise que l’idée n’est pas <strong>de</strong>contrôler les résultats <strong>de</strong> l’école à partir d’une grille préétablie car « l’efficacité <strong>de</strong>s résultatsne se mesure pas : elle se construit, se négocie, se pratique <strong>et</strong> se vit ». Le rôle <strong>de</strong>sobservateurs indépendants <strong>et</strong> avertis est d’entrer dans une interaction à la fois critique <strong>et</strong>constructive afin <strong>de</strong> discuter <strong>de</strong>s moyens <strong>de</strong> l’école offerts pas l’instance <strong>de</strong> régulation(ministère ou réseau) qui donne mandat à l’école. Si l’instance <strong>de</strong> régulation soum<strong>et</strong> l’école àun contrôle bureaucratique classique, il y a fort à parier que les innovateurs se lassent <strong>et</strong> sedécouragent. On voit que la dynamique d’un proj<strong>et</strong> collectif d’école nécessite <strong>de</strong>s protections<strong>de</strong> la part <strong>de</strong> l’institution mandante : du temps pour apprendre <strong>de</strong>s erreurs <strong>et</strong> surtout pourconstruire l’acteur collectif capable <strong>de</strong> réaliser un tel proj<strong>et</strong>, ainsi qu’une marge d’autonomiebudgétaire <strong>et</strong> une manière constructive d’évaluer les résultats.Alors proj<strong>et</strong> idéal ou dynamique réaliste ? Les conditions organisationnelles <strong>et</strong>institutionnelles développées plus haut paraissent si complexes à réunir que l’on peut douter<strong>de</strong> la faisabilité à court terme d’un tel programme. Mais on peut rester optimiste. L’exempled’institutions d’enseignement supérieur qui ont réussi à m<strong>et</strong>tre en œuvre <strong>de</strong>s réformespédagogiques pérennes suivant les principes actifs dans l’ensemble du curriculum (EcolePolytechnique <strong>de</strong> Louvain La Neuve, Faculté <strong>de</strong> génie <strong>de</strong> l’Université <strong>de</strong> Sherbrooke) nous
109incite à penser que la mise en place d’un proj<strong>et</strong> d’établissement <strong>de</strong> type entrepreneurial estfaisable. Mais cela reste à prouver sur le terrain à partir d’exemples <strong>de</strong> mise en œuvre réelledans les écoles primaires ou secondaires. Nous ne connaissons pas d’étu<strong>de</strong> qui en ait fait ladémonstration à l’heure actuelle. Encore un vaste chantier <strong>de</strong> recherche !Les r<strong>et</strong>ours d’expérience <strong>de</strong>s institutions d’enseignement supérieur « converties » auxmétho<strong>de</strong>s actives nous invitent à revenir sur l’une <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> base évoquéesrapi<strong>de</strong>ment plus haut, à savoir la présence d’enseignants volontaires pour une telleévolution. « La question fondamentale a été <strong>et</strong> reste comment amener tout le corpsprofessoral impliqué dans un programme à adhérer à <strong>de</strong> nouveaux fon<strong>de</strong>ments pédagogiques<strong>et</strong> à modifier leurs habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> travail », reconnait un pionner <strong>de</strong> l’apprentissage parproblème à l’Université <strong>de</strong> Sherbrooke. En quoi les enseignants d’aujourd’hui peuvent-ils sesentir concernés <strong>et</strong> s’impliquer dans une dynamique pédagogique entreprenante ? Pourquoi<strong>et</strong> à quelles conditions noueraient-ils <strong>de</strong>s partenariats avec le milieu entrepreneurial ? Qu’enest-il <strong>de</strong>s pratiques actuelles d’acculturation du milieu enseignant au milieu entrepreneurial<strong>et</strong> vice-versa ?Enseignants <strong>et</strong> entrepreneurs : <strong>de</strong>ux cultures professionnelles qui peuventcoopérer ?En ce qui concerne l’enseignement supérieur, l’enquête NIRAS indique que les universitésqui forment actuellement le mieux à l’entrepreneuriat savent recruter <strong>de</strong>s enseignants quiont à la fois un savoir-faire pédagogique <strong>et</strong> une expérience <strong>de</strong> l’entreprise privée (Verzat,2009). En eff<strong>et</strong>, pour inciter <strong>et</strong> ai<strong>de</strong>r les étudiants à prendre <strong>de</strong>s risques, innover, s’exposeraux aléas <strong>de</strong> l’offre <strong>et</strong> <strong>de</strong> la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, construire <strong>de</strong>s réseaux… il faut donner l’exemple.Plusieurs manières <strong>de</strong> faire coopérer les <strong>de</strong>ux cultures professionnelles existent à l’heureactuelle.Plusieurs approches organisationnelles possibles.Une première solution consiste à recruter d’anciens entrepreneurs ou cadres d’entreprisesdans les institutions éducatives. Mais c<strong>et</strong>te pratique est rare en France car elle se heurte à <strong>de</strong>nombreux blocages institutionnels. Les différentiels <strong>de</strong> salaires <strong>et</strong> les barrières à l’entrée dansles carrières <strong>de</strong> l’enseignement <strong>et</strong> la recherche (diplômes du CAPES ou <strong>de</strong> l’agrégation pour lesecondaire en France, doctorat <strong>et</strong> publications pour l’enseignement supérieur) sont tels quele nombre <strong>de</strong> personnes intéressées est limité. A l’université, les postes temporairesd’enseignement <strong>et</strong> <strong>de</strong> recherche n’offrent qu’une réponse insatisfaisante car les salaires sontpeu attractifs <strong>et</strong> la pérennité <strong>de</strong>s postes n’est pas assurée. Les professionnels que nous avonsrencontrés dans ces positions à l’Ecole Centrale <strong>de</strong> Lille avaient rarement longtemps unevision positive <strong>de</strong> leur statut. De notre expérience, c’est beaucoup moins le cas dans lesécoles <strong>de</strong> commerce où il existe une autonomie <strong>de</strong> gestion <strong>de</strong>s salaires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s carrières.Aucune solution ne peut donc être trouvée tant que l’autonomie vis-à-vis <strong>de</strong>s instruments <strong>de</strong>gestion du personnel <strong>de</strong>s écoles (grilles salariales <strong>et</strong> systèmes <strong>de</strong> promotion <strong>et</strong> d’incitation)ne sera pas décentralisée au niveau <strong>de</strong>s établissements, avec tous les conflits que cela ne
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