106d’un large public <strong>de</strong> parties prenantes extérieures (parents, autorités locales, entrepreneurs,employeurs, médias locaux, <strong>et</strong>c.). Ils notent que le rôle incitatif du directeur est égalementtrès important lorsque, par exemple, il s’agit d’attribuer <strong>de</strong>s micro-crédits utilisables par lesapprenants, <strong>de</strong> valoriser publiquement les réalisations <strong>et</strong> leurs auteurs ou d’œuvrer à lapromotion <strong>de</strong>s enseignants impliqués. Les auteurs sont aussi très conscients qu’il existe <strong>de</strong>sfreins <strong>et</strong> <strong>de</strong>s résistances au sein du mon<strong>de</strong> éducatif. Sur ce point, ils conseillent d’adopterune vision large <strong>de</strong> l’entrepreneuriat (être entreprenant plutôt que <strong>de</strong> créer une entreprise),<strong>de</strong> contourner les préjugés négatifs vis-à-vis <strong>de</strong> l’entreprise <strong>et</strong> l’entrepreneuriat en général(m<strong>et</strong>tre en avant les activités entrepreneuriales non commerciales comme l’entrepreneuriatsocial <strong>et</strong> solidaire, être vigilant sur la terminologie utilisée (parler plus <strong>de</strong> « proj<strong>et</strong> » ou« d’organisation » que « d’entreprise » ou « d’affaires »).Au fond, Surlemont <strong>et</strong> Kearney (2009) préconisent donc dans un premier temps, unedémarche <strong>de</strong> changement afin <strong>de</strong> légitimer <strong>de</strong>s espaces pédagogiques ouverts à la pédagogieentreprenante au sein <strong>de</strong>s classes. Ensuite pourrait se m<strong>et</strong>tre en place une stratégie <strong>et</strong> <strong>de</strong>sprocessus véritablement entrepreneuriaux. Mais l’autonomie <strong>de</strong> gestion qui perm<strong>et</strong>trait à untel proj<strong>et</strong> pédagogique dans l’ensemble d’un établissement est-elle réaliste ? Les enseignants<strong>et</strong> les chefs d’établissements sont-ils prêts à rentrer dans c<strong>et</strong>te évolution <strong>de</strong> leur métier <strong>et</strong> <strong>de</strong>leur fonctionnement ? Des auteurs en éducation explorant le management <strong>et</strong> lefonctionnement <strong>de</strong>s écoles nous perm<strong>et</strong>tent <strong>de</strong> préciser plus avant les implications <strong>et</strong> lesconditions <strong>de</strong> faisabilité d’une école entreprenante.L’école autonome, cadre réaliste ou utopique d’une pédagogie entreprenante ?Perrenoud (2001b) rappelle que par opposition au mon<strong>de</strong> anglo-saxon, le cadreorganisationnel <strong>de</strong>s écoles primaires <strong>et</strong> secondaires en Europe est majoritairement centralisé<strong>et</strong> laisse peu d’autonomie aux établissements. Dans c<strong>et</strong>te logique <strong>de</strong> mandat, le chefd’établissement n’a guère la possibilité <strong>de</strong> négocier les finalités <strong>et</strong> les moyensd’enseignement. En mobilisant une vaste littérature en éducation <strong>et</strong> en sociologie <strong>de</strong>sorganisations, Perrenoud explique qu’il y a <strong>de</strong>s risques <strong>et</strong> <strong>de</strong> nombreuses conditions pourqu’un proj<strong>et</strong> d’établissement, tel que le suggèrent Surlemont <strong>et</strong> Kearney, puisse se m<strong>et</strong>tre enplace. Il est inévitable qu’un tel proj<strong>et</strong> augmente les débats, les conflits, les désordres <strong>et</strong>l’incertitu<strong>de</strong> au sein <strong>de</strong> chaque établissement : « Si l’établissement peut <strong>et</strong> doit définir sapolitique, il <strong>de</strong>vient un champ politique, parfois au sens le plus politicien <strong>et</strong> partisan <strong>de</strong>l’expression, un champ où s’affrontent <strong>de</strong>s visions divergentes, <strong>de</strong>s priorités à respecter <strong>et</strong> <strong>de</strong>sstratégies à mener » (Perrenoud, 2001b :9).On peut estimer qu’il suffirait que les chefs d’établissements possè<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>s compétencestactiques <strong>et</strong> stratégiques importantes pour jongler avec les attentes <strong>de</strong>s enseignants <strong>et</strong> <strong>de</strong>sdifférentes parties prenantes locales (parents, lobbies divers, collectivités locales,entreprises… influant sur le recrutement <strong>de</strong>s élèves, les priorités <strong>de</strong>s programmes, les locaux<strong>et</strong> moyens à disposition…). Mais si l’on ne souhaite pas accroître les inégalités d’éducationentre les écoles disposant <strong>de</strong>s chefs d’établissement plus habiles <strong>et</strong> <strong>de</strong> forces locales plus
107importantes que d’autres, il est préférable que le proj<strong>et</strong> puisse être élaboré collectivement.Alors, comme le souligne Perrenoud en s’appuyant sur <strong>de</strong> nombreux auteurs, « L’enjeu est d<strong>et</strong>aille : si ce sont les établissement qui <strong>de</strong>viennent plus autonomes, <strong>et</strong> non leurs directeursseulement, il faut s’attendre à la mise en place <strong>de</strong> nouveaux fonctionnements, parmilesquels : le développement <strong>de</strong> proj<strong>et</strong>s d’établissements, <strong>de</strong> nouveaux mo<strong>de</strong>s <strong>de</strong> régulationentre les établissements <strong>et</strong> le réseau ou l’organisation dont ils dépen<strong>de</strong>nt, <strong>de</strong>s formesnouvelles <strong>de</strong> coopération professionnelle <strong>et</strong> <strong>de</strong> décision démocratique à l’intérieur d’unétablissement entier » (Perrenoud, 2001b :11).Très concrètement, cela exige un certain nombre <strong>de</strong> transformations par rapport aux mo<strong>de</strong>s<strong>de</strong> travail actuel à l’école, à commencer par celui <strong>de</strong>s enseignants : Citant Derou<strong>et</strong> <strong>et</strong> Duterq(1997 :187) « Pour que la notion <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> d’établissement vive, il faut qu’elle rentre plusprofondément dans ce qui constitue le cœur <strong>de</strong> l’activité <strong>de</strong> l’établissement, c'est-à-direl’enseignement. [ ] Cela signifie maîtriser collectivement les choix <strong>et</strong> les interprétations quisont faits par les enseignants à partir <strong>de</strong>s programmes nationaux ». Autant dire, <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rdavantage <strong>de</strong> transparence <strong>et</strong> <strong>de</strong> cohérence aux enseignants <strong>et</strong> surtout empiéter sur leurpart <strong>de</strong> liberté individuelle. Aujourd’hui, ils sont les maîtres du choix <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>spédagogiques dans leur classe. Il y a fort à parier que la plupart <strong>de</strong>s enseignants interprètentce marché comme un jeu <strong>de</strong> dupes… Une piste <strong>de</strong> négociation évoquée par Perrenoud, à lalumière <strong>de</strong> ce qui est réalisé dans le cadre <strong>de</strong> la réforme québécoise <strong>de</strong> 1997-98, est <strong>de</strong>dégager <strong>de</strong>s heures réservées à <strong>de</strong>s démarches <strong>de</strong> proj<strong>et</strong> libre (un quart du temps scolaire auQuébec), le reste du temps étant consacré au programme.Mais même dans ce cas, les proj<strong>et</strong>s nécessitent <strong>de</strong>s volontaires <strong>et</strong> <strong>de</strong>s coopérations avecd’autres acteurs, pour obtenir <strong>de</strong>s ressources, <strong>de</strong>s savoirs, <strong>de</strong> l’expérience, <strong>de</strong>s relations pourfranchir les obstacles… Il faut donc <strong>de</strong>s initiateurs qui en amènent d’autres à vouloir changer<strong>et</strong> à dépenser <strong>de</strong> l’énergie pour mener <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s. C'est-à-dire <strong>de</strong>s pionniers qui prennent<strong>de</strong>s risques, ont envie <strong>de</strong> promouvoir <strong>de</strong>s changements <strong>et</strong> qui sont capables <strong>de</strong> négocier <strong>de</strong>scompromis avec d’autres. Il faut que ces pionniers <strong>et</strong> leurs suiveurs y trouvent leur compte :une utopie à promouvoir, <strong>de</strong>s visées à réaliser, <strong>de</strong>s intérêts à défendre, une influence àprendre ou à gar<strong>de</strong>r… Nous sommes très proches <strong>de</strong>s innovateurs bien étudiés par Alter(1990, 1993) <strong>et</strong> <strong>de</strong>s intrapreneurs. Nous avons fait la même analyse au suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> la mise enœuvre <strong>de</strong>s pédagogies actives dans les établissements d’enseignement supérieur :l’innovation pédagogique peu valorisée dans les carrières actuelles est essentiellement le faitd’équipes d’innovateurs très engagés <strong>et</strong> militants, qui pour se faire entendre <strong>et</strong> convaincre àleur tour leurs collègues, construisent <strong>de</strong>s stratégies <strong>de</strong> conviction <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tent en place <strong>de</strong>sactions <strong>de</strong> traduction. (Verzat <strong>et</strong> Garant, 2010 :530).Toutefois, les initiatives ne peuvent émerger que si le cadre l’y autorise, il faut donc que ladynamique <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s soit encouragée, tout en restant non obligatoire. Sinon les proj<strong>et</strong>ssont commandés <strong>et</strong> aucun acteur n’y trouve un sens, sauf les bons soldats. Encourager lesproj<strong>et</strong>s ne suffit pas. Car si l’on souhaite que le proj<strong>et</strong> d’établissement poursuive une visée <strong>de</strong>bien commun au-<strong>de</strong>là d’une minorité active, il importe qu’une gran<strong>de</strong> partie <strong>de</strong>s apprenants<strong>et</strong> <strong>de</strong>s enseignants puisse y participer. Cela <strong>de</strong>vient délicat, car la plupart <strong>de</strong>s proj<strong>et</strong>s élaborés<strong>de</strong> manière démocratique tournent souvent au consensus mou ou à un ensemble peu
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