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Chez Maupassant (1) - CNDP

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teledocle petit guide télé pour la classe20062007<strong>Chez</strong> <strong>Maupassant</strong> (1)Histoire d’une fille de fermeUn téléfilm de Denis Malleval(2006), scénario DominiqueGarnier, avec Olivier Marchal (lemaître) et Marie Kremer (Rose).1 hLa ParureUn téléfilm de Claude Chabrol(2006), scénario GérardJourd’hui et Jacques Santamaria,avec Cécile de France (MathildeLoisel) et Thomas Chabrol(Charles Loisel).31 minReprenant le principe qui avait fait le succès de L’Ami<strong>Maupassant</strong> il y a vingt ans, de courtes fictions sur France2adaptent quelques-uns des contes et nouvelles de l’écrivain etsont diffusées deux par deux. Ouvrant la série, Histoire d’une fillede ferme, réalisé par Denis Malleval, met en scène la relationentre une paysanne qui cache son fils naturel et son patronqui, l’ayant forcée à l’épouser, lui reproche de ne pas lui donnerd’enfant. Puis, La Parure, signé Claude Chabrol, dans laquelle unefemme emprunte, pour une soirée, une parure de diamants…et la perd.FRANCE 2DU LUNDI AU SAMEDI, 20 h05


Secrets et mensongesFrançais, quatrième et troisièmeLa nouvelle : Histoired’une fille de fermeRose, une jeune paysanne,s’est éprise d’un valet deferme qui l’abandonne dèsqu’il apprend sa grossesse.Honteuse, la jeune fillecache son fils naturel à sonmaître qui la demande enmariage. Elle ne révèle sonsecret que sous lacontrainte de la violence.Le conte : La ParureRêvant de faste et de luxe,la femme d’un employé deministère emprunte à uneamie une rivière dediamants pour une soirée.Au retour, elle la perd. Lecouple se ruine alors pouracheter une parureidentique.> Les films à venirL’Héritage et Deux amis,mardi 13 mars, 20 h50Rédaction Agnès Lefillastre, professeur delettres modernesCrédits photo France 2 / Jean PimentelÉdition Émilie Nicot et Anne PeetersMaquette Annik GuéryCe dossier est en ligne sur le sitede Télédoc.www.cndp.fr/tice/teledoc/Histoire d’une fille de ferme: le thèmedu secret> Relever dans le téléfilm tous les échecs de lacommunication. Observer les dialogues entreRose et son maître et comment sont entretenusles quiproquos.Le récit repose sur un secret honteux qu’il fautà tout prix dissimuler et décline sous toutes sesformes les échecs de la parole.• Rose, en dépit de la rudesse dont elle peut parfoisfaire preuve pour se défendre, est celle qui neparvient pas à s’exprimer. Même quand elle estrésolue à parler, elle change de sujet: elle répètesa requête concernant ses gages dans sa chambreet ne parvient qu’à formuler une demande decongé. À l’église, elle tente de confesser sa fautequi semble à ses yeux être la trahison du maîtreet parle de son enfant comme s’il s’agissait d’unchapeau acheté avec l’argent volé de son maître.À la demande en mariage de ce dernier, elleavance un refus obstiné sans explication et quandil insiste pour savoir si elle a un homme dans savie, elle lui donne une réponse de Normand :«P’t-être bien.» Elle sombre avec effroi dans sonsilence et la scène de la noyade est alors révélatrice:sous la violence de son geste, elle pousseun cri filmé au ralenti. C’est que la vérité ne peutse dire que sous la contrainte de la violence: ellemenace de planter une fourche dans la gorge deJacques puis une fourchette dans celle de sonmari avant de dire sa vérité.• De son côté, le mari est aussi maladroit : envrai paysan taiseux, il diffère lâchement sademande en mariage puis la formule en tournantle dos à Rose. Il exprime sa tendresse essentiellementpar des gestes de galanterie : la chaisequ’il tend à la jeune femme, le panier qu’il portedans les champs, la danse. Le désir de paternitéest confié au prêtre qui sert d’intermédiaire, maiscela conduit à un quiproquo qui augmente la tensionentre les deux époux: les paroles sont tropallusives pour que Rose comprenne. L’entremiseéchoue également quand la jeune femme croitavoir reçu une lettre de Jacques. La communicationest particulièrement complexe puisque deuxintermédiaires sont nécessaires pour que la mèrepuisse appeler sa fille à son chevet. L’aveu queRose aurait pu faire à sa mère ne peut avoir lieupuisque celle-ci décède avant son arrivée.• Les amours avec le valet de ferme Jacques montrentles dangers de la parole mensongère. Auxpromesses volubiles de mariage s’oppose sonsilence quand il apprend la grossesse de Rose.Seule la jeune femme rayonnante qui adopte l’enfantsemble avoir une parole limpide: «Sois heureuse!»Après la révélation du secret, les épouxsont libérés: le mari se plaît à répéter tendrementle nom de l’enfant qui fut pourtant la causedu malheur et déclare être «le plus heureux deshommes».La Parure : des infléchissements dansl’adaptation> Le téléfilm de Chabrol reprend fidèlement lastructure de la nouvelle de <strong>Maupassant</strong>.Cependant, certains choix du réalisateurinfléchissent le sens du récit. Analyser lesmodifications dans les relations entre lespersonnages.• La rivalité entre les deux femmes. Le film accordeune grande importance à Jeanne Forestier. Il s’ouvreet s’achève sur la rencontre des deux femmes,soulignant ainsi la place qu’occupe cetteamie dans l’esprit de Mathilde. La fée marrainede la nouvelle devient une rivale sur qui se cristallisetoute la frustration de la petite bourgeoise.L’inventaire des biens de Jeanne au retour de savisite, le refus véhément de lui emprunter saparure traduisent la jalousie de Mathilde àl’égard de Jeanne. Le réalisateur s’attache à opposerles deux femmes: M me Forestier apparaît toujoursdans un cadre lumineux (son vaste salon, lejardin des Tuileries filmé sous un soleil très vif);Mathilde habite, elle, un appartement sombre quel’on découvre avec une vue en plongée sur latable de cuisine où trônent les navets du pot-aufeu.Après dix années de labeur, la triste coiffeornée de plumes marque un léger regain de viemais elle s’oppose à la tenue élégante de JeanneForestier. Enfin, à l’absence d’enfant chez lesLoisel répond la maternité épanouie de Jeanne.• Une société du paraître. Cette insistance sur larivalité montre l’importance du jugement d’autruidans ce monde petit-bourgeois. L’héroïne duconte était certes une femme frustrée mais sesrêves d’un luxe sensuel faisaient d’elle une sœurd’Emma Bovary. Monsieur Loisel, en dissimulant laperte de la parure, obéissait à un code de l’honneur.Dans le film, tous les comportements sontrégis par la vanité et le goût du paraître. Jeanneest une bourgeoise snob qui n’invite son amieque pour étaler ses richesses et ses relations.Mathilde est une coquette qui pleure en faisantdes caprices et se pavane comme une petite filleau bal. Honteuse de son mari, elle cède à la propositiond’aller elle-même emprunter la parure à


Jeanne quand son mari décide de faire cettedémarche à sa place. Le souci de la réputationsemble unir les deux époux. Le mari au retour duMinistère prend immédiatement la décision de nepas se «couvrir de honte en allant dire la vérité».Les Loisel n’ont pas déménagé et se sont fait unpoint d’honneur à cacher leur misère à tout levoisinage en allant travailler plus loin. La suggestiondu mari de porter un bijou factice au balmontre de manière très ironique que Mathilde estbien une victime de l’apparence. Elle jure quetout le monde verrait qu’il s’agit d’un faux bijouet qu’elle en éprouverait la plus grande honte. Lemalheur de ce couple ne provient donc pas d’unefatalité cruelle voulue par <strong>Maupassant</strong> mais s’expliquepar le péché d’orgueil.La Parure : La distance ironique> Étudier les procédés par lesquels le film restituel’ironie du narrateur de <strong>Maupassant</strong>. Montreren quoi cette adaptation est une satire de lapetite bourgeoisie.• La valse qui enchaîne la plupart des scènes correspond,grâce à un procédé de décalage, à lavoix ironique du narrateur. Si la même musique estreprise, thème lancinant du bal, elle est jouéesur des rythmes plus lents et mélancoliques dansles moments où Mathilde devient pathétique.Ainsi elle exprime l’usure du travail et du tempsdans la scène des allées et venues de Mathildesous les arcades.• L’autre procédé employé pour marquer la distanceironique d’un narrateur omniscient consisteà s’éloigner de Mathilde. La caméra tient la jeunefemme à distance dans les scènes de vanité etde coquetterie et se rapproche d’elle dans lesmoments où elle devient attendrissante ou pathétique.Les trois plans où Mathilde regarde lacaméra suivent sa progression. Le premier apparaîtlors du bal, où la caméra saisit un courtinstant de bonheur. Dix ans plus tard, Mathilde,fatiguée, se regarde dans son miroir; elle y voit levisage de la jeune femme heureuse au bal. L’imagefinale montre Mathilde pleine d’effroi devant larévélation de Jeanne. Si la valse s’amuse de lachute finale, le gros plan sur le visage hagardinspire la compassion.• D’autres détails ironiques seront relevés commeles traces laissées sur les murs par les tableauxvendus, trahissant éloquemment la misère. Le bal,unique soirée de triomphe, se révèle être fréquentépar des hommes âgés. Cette ironie estencore plus cruelle avec l’anecdote des épluchuresde carottes, dérobées devant un vagabonddégoûté, et qui viennent compléter l’éternel potau-feudes Loisel. Plus subtile est l’ironie deChabrol qui, supposant la chute de la nouvelleconnue du spectateur, attribue au mari l’idéed’acheter un bijou factice avant d’aller emprunterun vrai bijou.• Le récit du bal et de la perte de la parure estl’occasion pour Chabrol de se livrer à une satire enproposant toute une galerie de personnages caricaturaux.Dans de courtes scènes, nous découvronsdifférents hommes d’argent qui exercenttous un pouvoir humiliant sur les Loisel. Le souschefMaronsin, entre menace et flagornerie, tyranniseson employé zélé, usant d’une rhétoriquecreuse mais efficace. La servilité de Loisel,toujours courbé, est accentuée par un travellinglatéral très rapide qui suit l’employé courant audevantde son chef. Maronsin est caricaturé ensous-chef paresseux, dormant sur sa chaise maissurveillant sur son gousset le temps des autres. Iltire avantage de la soumission de son employéen laissant planer au-dessus d’eux des instancesd’autorité qu’il sait amadouer. Le bijoutier est uncommerçant faussement déférent qui, mains dansle dos, laisse croire que le client est roi quand ilest à sa merci. Sûr de son pouvoir, il rappelle lesterribles lois du commerce en appelant ironiquementsa cliente « petite Madame ». Quant àl’usurier, il ressemble au Monsieur Loyal du Tartuffede Molière : il affecte la même bonhomie pourannoncer des taux d’intérêt exorbitants et passeses nerfs sur les mouches.■Pour en savoir plus• Histoire d’une fille de ferme, in La Maison Tellier,Nathan, coll. «Carrés classiques », 2006.• La Parure, in Contes du jour et de la nuit, LGF,coll. « Le livre de poche», 1988.• POYET Thierry, <strong>Maupassant</strong>, le métier d’écrivain,CRDP de l’académie de Grenoble, 2005.http://www.cndp.fr/Produits/DetailSimp.asp?ID=71405• POUZARGUES Franck, Contes et nouvelles de<strong>Maupassant</strong> adaptés par Battaglia, CRDP de Poitou-Charente, 2003. Des fiches élèves et pistes pédagogiquesinvitant les enseignants à une lecture partielledu travail du dessinateur Battaglia.http://www.cndp.fr/Produits/DetailSimp.asp?ID=38931• L’association des amis de Guy <strong>Maupassant</strong> met enligne ses œuvres complètes numérisées.http://maupassant.free.fr/Costumes de contesAgnès Nègre, créatrice descostumes sur la série, parlede son travail sur les films.Histoire d’une fille de ferme :«Denis Malleval voulait dela couleur. Il m’a donnécomme référence lespeintures de Millet. Audébut, le personnage deRose se situe dans descouleurs un peu sourdes(des vieux roses et desbruns). Et, à partir dumoment où elle accouche,des petites touches de bleusont insérées par-ci, par-là,de manière à ce qu’une foismariée, Rose apparaissedans des dominantes froidesde bleu. Les costumesaccompagnent sonévolution, passant d’ununivers chaud à des couleursfroides.»La Parure : « Pour MathildeLoisel, nous avons utilisétrois costumes identiques,mais avec des dégradations.Il fallait surenchérir lespatines et lesvieillissements des robesafin que sa déchéancesociale soit visible àl’image. […] J’ai proposé àClaude Chabrol – avec quij’avais déjà travaillé surLa Danse de mort – de nousinspirer des peintures deJames Tissot. Les femmesapparaissent dans des tonspastel (jaune de Naples,crème, rose pêche), paréede fleurs, d’éventails et derubans. Les hommes sont enhabits, c’est-à-dire en noiret blanc.»Dossier de pressede la série.

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