Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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évalué selon des règles doctrinales avec l’objectif d’amener l’auditeur vers le Bien. Lecontenu moral des conduits entraîne certains caractères du discours que l’on retrouvedans la grande majorité d’entre eux. En effet, le discours n’est pas simplement unexposé moral, il est moralisateur, au sens où il a pour ambition d’agir, de transformer,d’améliorer les mœurs de ceux qui sont visés par les attaques du poète. Le fait quePhilippe le Chancelier soit un grand prédicateur ajoute de l’intérêt à cette catégoriethématique, par les perspectives de croisements qu’elle permet d’imaginer.Les critères qui nous permettent de considérer un conduit comme moralisateursont les suivants :- le sujet doit soit, déplorer l’inclinaison des Hommes vers le mal, soitvaloriser certains aspects du bon comportement ;- la mise en avant de bons exemples dont le premier est celui du Christ ;- la référence fréquente au texte biblique, autorité suprême de la morale,par l’évocation, la citation, la paraphrase ;- le ton oral et vindicatif qui doit convaincre pour susciter la modificationdu comportement.Le dernier point fait référence à la nature éminemment orale de cescompositions, inventées pour être chantées et entendues. Leur langue est modelée defaçon à déclencher l’adhésion et entraîner une démarche de conversion. La lecture destextes de ces conduits permet de relever ces procédés de langue récurrents dans lespoèmes moralisateurs dont l’efficacité n’est mesurable que si l’on envisage leurdimension orale :- prise à partie du public par une apostrophe en début de strophe ou de versdésignant clairement ceux que le texte vise parmi les auditeurs ;- conjugaison des verbes à la deuxième personne du singulier ou du plurielpour s’adresser au public ;- utilisation de l’impératif pour faire réagir ;- utilisation de formules et de figures typiques de l’oralité que l’onretrouve aussi dans la prière, dans les plaintes (planctus) ou autres contextesoù l’exclamation témoigne d’un contexte oral ;- accumulation des incises interrogatives pour accabler l’auditoire.96

De tels procédés sont décrits dans les traités de rhétorique et sont autant demoyens à destination de l’auditeur, utilisés dans différentes catégories de discours, àcommencer par le plaidoyer juridique 201 . Ils sont communs à un groupe de conduitsrelativement homogène du point de vue des intentions et des manières de les formuler.L’application des critères énumérés ci-dessus à l’ensemble du corpus des conduitsmonodiques de Philippe le Chancelier permet d’isoler un sous-ensemble de vingt textesqui constituent le corpus de cette étude 202 :Les conduits moraux de Philippe le Chancelier1- Homo natus ad laborem / tui status2- Fontis in rivulum3- Ad cor tuum revertere4- Quid ultra tibi facere5- Vanitas vanitatum6- Excutere de pulvere7- Ve mundo a scandalis8- Quo me vertam nescio9- O labilis sortis10- Quo vadis quo progrederis11- Homo qui semper moreris12- Bonum est confidere13- Homo vide que pro te patior14- Nitimur in vetitum15- Homo considera16- O mens cogita17- Veritas equitas18- Cum sit omnis caro fenum19- Suspirat spiritus20- Homo natus ad laborem / et avisCe groupe exclut des conduits monodiques dont les textes peuvent aborder dessujets moraux mais dont la finalité n’est pas l’édification ou la persuasion de l’auditoire.Ainsi, des conduits tels que Quomodo cantabimus qui évoque la croisade ou Veritasveritatem qui est sur le ton de la prière, peuvent-ils, par certains aspects, s’avérersemblables aux conduits moraux sélectionnés, mais aussi fondamentalement différents201 Leonid ARBUSOW, Colores rhetorici, eine Auswahl rhetorischer Figuren und Gemeinplätze alsHilfsmittel für akademische Übungen an mittelalterlichen Texten, Göttingen, 1948.202 Ils sont classés selon l’ordre indiqué par F, notre source de référence. C’est aussi l’organisation quisera adoptée pour les analyses de la partie II.97

De tels procédés <strong>son</strong>t décrits dans <strong>le</strong>s traités de rhétorique <strong>et</strong> <strong>son</strong>t autant demoyens à destination de l’auditeur, utilisés dans différentes catégories de discours, àcommencer par <strong>le</strong> plaidoyer juridique 201 . Ils <strong>son</strong>t communs à un groupe de conduitsrelativement homogène du point de vue des intentions <strong>et</strong> des manières de <strong>le</strong>s formu<strong>le</strong>r.L’application des critères énumérés ci-dessus à l’ensemb<strong>le</strong> du corpus des conduitsmonodiques de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> perm<strong>et</strong> d’iso<strong>le</strong>r un sous-ensemb<strong>le</strong> de vingt textesqui constituent <strong>le</strong> corpus de c<strong>et</strong>te étude 202 :Les conduits moraux de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>1- Homo natus ad laborem / tui status2- Fontis in rivulum3- Ad cor tuum revertere4- Quid ultra tibi facere5- Vanitas vanitatum6- Excutere de pulvere7- Ve mundo a scandalis8- Quo me vertam nescio9- O labilis sortis10- Quo vadis quo progrederis11- Homo qui semper moreris12- Bonum est confidere13- Homo vide que pro te patior14- Nitimur in v<strong>et</strong>itum15- Homo considera16- O mens cogita17- Veritas equitas18- Cum sit omnis caro fenum19- Suspirat spiritus20- Homo natus ad laborem / <strong>et</strong> avisCe groupe exclut des conduits monodiques dont <strong>le</strong>s textes peuvent aborder dessuj<strong>et</strong>s moraux mais dont la finalité n’est pas l’édification ou la persuasion de l’auditoire.Ainsi, des conduits tels que Quomodo cantabimus qui évoque la croisade ou Veritasveritatem qui est <strong>sur</strong> <strong>le</strong> ton de la prière, peuvent-ils, par certains aspects, s’avérersemblab<strong>le</strong>s aux conduits moraux sé<strong>le</strong>ctionnés, mais aussi fondamenta<strong>le</strong>ment différents201 Leonid ARBUSOW, Colores rh<strong>et</strong>orici, eine Auswahl rh<strong>et</strong>orischer Figuren und Gemeinplätze alsHilfsmittel für akademische Übungen an mittelalterlichen Texten, Göttingen, 1948.202 Ils <strong>son</strong>t classés selon l’ordre indiqué par F, notre source de référence. C’est aussi l’organisation quisera adoptée pour <strong>le</strong>s analyses de la partie II.97

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