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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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niveau culturel. Pourtant, parmi <strong>le</strong> corpus de la poésie goliardique, on rencontre desc<strong>le</strong>rcs qui n’ont rien de commun avec c<strong>et</strong>te image : ils fréquentent <strong>le</strong>s cours princières <strong>et</strong><strong>le</strong>s hautes sphères ecclésiastiques <strong>et</strong> universitaires comme c’est <strong>le</strong> cas pour <strong>Philippe</strong>.Néanmoins, il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong> milieu d’origine commun à tous ces poètes soit celui deséco<strong>le</strong>s citadines quels que soient <strong>le</strong>ur parcours <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur érudition. L’utilisation généraliséedu latin est en eff<strong>et</strong> la marque de la proximité de la culture ecclésiastique <strong>et</strong> scolaire. Lapoésie de <strong>Philippe</strong> s’identifie à la poésie goliardique par <strong>son</strong> côté extrêmementmoralisateur <strong>et</strong> dénonciateur mais ne s’accorde en aucun cas aux aspects frivo<strong>le</strong>s <strong>et</strong>festifs qui ont fait la fortune critique des Carmina Burana. Si une partie de sa poésiepeut être considérée comme goliardique, dans une acception large du terme, il ne fautpas exclure <strong>le</strong>s compositions qui relèvent de la poésie religieuse 196 , soit parce qu’el<strong>le</strong>s<strong>son</strong>t liées de manière plus ou moins étroite à la liturgie, soit parce que <strong>le</strong> texte biblique<strong>et</strong> <strong>son</strong> exégèse en marquent profondément l’écriture. La véritab<strong>le</strong> identité de la poésiegoliardique <strong>et</strong> la pertinence de c<strong>et</strong>te terminologie pour désigner une grande partie de lapoésie latine profane <strong>son</strong>t remises en question par Bryan Gillingham 197 . Après avoirr<strong>et</strong>racé l’évolution de ce terme <strong>et</strong> <strong>le</strong>s recherches <strong>sur</strong> <strong>son</strong> origine chez <strong>le</strong>s philologues duXX e sièc<strong>le</strong>, il démontre que c<strong>et</strong>te notion de poésie goliardique ne serait qu’un mytheinventé par <strong>le</strong>s modernes pour expliquer l’existence gênante d’une poésie subversivedans un milieu clérical. La situation socia<strong>le</strong> margina<strong>le</strong> des goliards expliquerait <strong>et</strong>justifierait la satire <strong>et</strong> l’immoralité des textes. En faisant appel à des arguments d’ordreétymologique, Bryan Gillingham montre que <strong>le</strong>s goliards ont plus à voir avec <strong>le</strong>sjong<strong>le</strong>urs qu’avec <strong>le</strong>s compositeurs ecclésiastiques. Ces jong<strong>le</strong>urs n’auraient en aucuncas pris part à la création de ces pièces qui reste <strong>le</strong> fait de c<strong>le</strong>rcs parfaitement intégrés à<strong>le</strong>ur milieu comme a pu l’être <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>. C<strong>et</strong>te hypothèse <strong>sur</strong> l’identité desgoliards nous aide à mieux comprendre comment des textes peuvent se r<strong>et</strong>rouverintégrés presque à contre-emploi dans une col<strong>le</strong>ction qui fait par ail<strong>le</strong>urs l’éloge d’uncomportement dissolu que <strong>Philippe</strong> déplore. Les mœurs dénoncées dans <strong>le</strong>s conduitschoisis dans ces deux sources présentent la société en général, <strong>et</strong> parfois <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rgé enparticulier, en état de déperdition mora<strong>le</strong>. C<strong>et</strong>te critique adressée de l’intérieur du c<strong>le</strong>rgéde la part d’un de ses membres <strong>le</strong>s plus éminents <strong>et</strong> <strong>le</strong>s plus introduits (même avant qu’il196 Olga DOBIACHE-ROJDESVENSKY, op. cit., p. 50 : « Celui-ci est encore moins un « goliard» au sensvulgaire du terme [...] la mentalité communément attribuée aux « goliards» y transparaît jusqu’à uncertain point. »197 Bryan GILLINGHAM, The Social Background to Secular Medieval Latin Song, Ottawa, 1998,chapitre 1 : « The Goliardic Myth ».90

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