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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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manifeste dans <strong>son</strong> travail <strong>et</strong> ses écrits. Pérotin est présenté comme <strong>le</strong> premier« compositeur » digne de s’inscrire dans la lignée des grands noms de la musiqueoccidenta<strong>le</strong>, dont Pa<strong>le</strong>strina constitue un somm<strong>et</strong>. Son travail rigoureux de découverte,de description <strong>et</strong> d’analyse des sources a permis <strong>le</strong> démarrage des recherches <strong>sur</strong> lapériode <strong>sur</strong> des bases solides. C’est la rai<strong>son</strong> pour laquel<strong>le</strong> <strong>son</strong> répertoire est toujours sisouvent consulté <strong>et</strong> cité <strong>et</strong> <strong>son</strong> interprétation historique a fortement imprégné lamusicologie médiéva<strong>le</strong> du XX e sièc<strong>le</strong>.Tous <strong>le</strong>s musicologues ne se <strong>son</strong>t pas encore suffisamment détachés desconceptions léguées par c<strong>et</strong>te musicologie al<strong>le</strong>mande 74 . Anna Maria Busse Berger, enintroduction à <strong>son</strong> ouvrage <strong>sur</strong> la musique <strong>et</strong> la mémoire au Moyen Âge, montrecomment la conception de Friedrich Ludwig s’est construite, en fonction de <strong>son</strong>éducation <strong>et</strong> sa formation, mais aussi de <strong>son</strong> héritage culturel al<strong>le</strong>mand 75 . John Hainesdéveloppe c<strong>et</strong>te critique <strong>et</strong> montre comment la situation culturel<strong>le</strong> <strong>et</strong> administrative del’université al<strong>le</strong>mande du début du XX e sièc<strong>le</strong> fournit un cadre idéal à Friedrich Ludwigpour l’élaboration de ses théories, ainsi que pour « faire éco<strong>le</strong> » 76 . La suprématie dec<strong>et</strong>te pensée se trouve renforcée par la faib<strong>le</strong>sse des administrations concurrentes,notamment cel<strong>le</strong> de l’université française. Les conséquences de c<strong>et</strong>te « hégémonie »al<strong>le</strong>mande en matière de musicologie <strong>son</strong>t nombreuses <strong>et</strong> persistantes, <strong>et</strong> l’importanceaccordée à la figure centra<strong>le</strong> de Pérotin <strong>et</strong> aux sources qui transm<strong>et</strong>tent ses compositionsn’en est que l’un des aspects.Quel<strong>le</strong>s <strong>son</strong>t <strong>le</strong>s conséquences de l’influence de Friedrich Ludwig <strong>et</strong> sesélèves 77 <strong>sur</strong> l’appréhension du per<strong>son</strong>nage de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> ? Il n’a certes pasété ignoré dans <strong>le</strong> Repertorium, mais <strong>son</strong> rô<strong>le</strong> est réduit à celui d’auteur des textes misen musique par d’autres compositeurs de Notre-Dame. Sa contribution poétique n’est,dès lors, plus du domaine de la musicologie. De plus, dans la pensée de FriedrichLudwig la polyphonie apparaît comme un stade plus avancé que la monodie, héritage duHaut Moyen Âge <strong>et</strong> du chant grégorien. Les compositions du corpus de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong>74 Par exemp<strong>le</strong>, l’ouvrage consacré à Pérotin, Perotinus Magnus (éd. Jürg STENZL, Munich, 2000)s’inscrit directement dans c<strong>et</strong>te tradition. Hommage est rendu à Friedrich Ludwig en publiant enintroduction un texte écrit en 1921 pour la revue Archiv für Musikwissenschaft (« Perotinus Magnus »,III (1921), p. 361-370).75 Anna Maria BUSSE BERGER, Medieval Music and the Art of Memory, Berkekey-Los Ange<strong>le</strong>s-Londres,2005. Ces critiques avaient déjà été formulées dans <strong>le</strong> commentaire de l’ouvrage Perotinus Magnus (éd.Jürg STENZL, op. cit.) dans la revue Plain<strong>son</strong>g and Medieval Music, XI (2002), p. 44-54.76 John HAINES, « Friedrich Ludwig’s ’Musicology of the Future’ : a Commentary and Translation »,Plain<strong>son</strong>g and Medieval Music, XII/2 (2003), p. 129-164.77 Friedrich GENNRICH, auteur de nombreux travaux <strong>sur</strong> la monodie, figure parmi ses élèves.43

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