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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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de Paris. Des sources tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s Carmina Burana <strong>et</strong>, plus tardivement, <strong>le</strong> Roman deFauvel élargissent encore davantage <strong>le</strong> rayonnement géographique <strong>et</strong> temporel desconduits. Rappelons aussi que <strong>le</strong>s textes ont circulé dans <strong>le</strong> milieu franciscain, commeen témoigne l’admiration que <strong>le</strong>ur voue <strong>le</strong> frère Salimbene dans ses Cronica. Les textesde <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> <strong>son</strong>t encore transmis dans des sources tardives de col<strong>le</strong>ctionsde poésies pieuses, jusqu’à être mis en polyphonie par Roland de Lassus 125 . Ce largerayonnement semb<strong>le</strong> impliquer un très vif succès dès la création <strong>et</strong> une intense diffusion.Toutes ces sources nous ramènent pourtant à un milieu proche de l’Église. Il ne s’agitpas néanmoins d’un milieu strictement clérical comme <strong>le</strong> montre <strong>le</strong> peu d’incidencesdes compositions du <strong>Chancelier</strong> avec la liturgie au sens strict. Il s’agit des intel<strong>le</strong>ctuelsformés dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s, qui, s’ils <strong>son</strong>t c<strong>le</strong>rcs <strong>et</strong> souvent dotés d’une charge ecclésiastique,n’en <strong>son</strong>t pas moins des hommes <strong>et</strong> parfois de pécheurs. N’oublions pas que Paris estpeuplé d’étudiants qui, s’ils ne <strong>son</strong>t pas encore de grands intel<strong>le</strong>ctuels <strong>et</strong> mènent une viedissolue pour certains, connaissent <strong>le</strong> latin <strong>et</strong> ont reçu l’éducation biblique qu’exige lacompréhension des références <strong>et</strong> citations dont <strong>son</strong>t tissés <strong>le</strong>s conduits. Ils ont éga<strong>le</strong>mentune très grande pratique de la liturgie. Les formu<strong>le</strong>s mélodiques <strong>et</strong> <strong>le</strong>s clichés dulangage monodique <strong>son</strong>t profondément ancrés dans <strong>le</strong>ur mémoire musica<strong>le</strong>.Que nous disent <strong>le</strong>s textes des conduits moraux de <strong>le</strong>urs propres auditeurs ? Onpeut clairement y distinguer deux catégories : d’une part <strong>le</strong>s prélats <strong>et</strong> d’autre part unpublic plus large désigné par <strong>le</strong> terme général <strong>et</strong> universel de Homo. Les textes adressésaux prélats protestent contre <strong>le</strong>ur comportement <strong>et</strong> dénoncent la somme de <strong>le</strong>urs péchés,alors qu’ils devraient prêcher par l’exemp<strong>le</strong>. Ce <strong>son</strong>t généra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s hautes sphères dupouvoir qui <strong>son</strong>t dénigrées, parfois même <strong>le</strong> pape. L’ambition misérab<strong>le</strong> des plus p<strong>et</strong>itsest aussi souvent dénoncée. <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> décrit ici ce qu’il observe dans <strong>le</strong>milieu ecclésiastique parisien qui est <strong>le</strong> sien, ce à quoi il assiste <strong>et</strong> dont il souffre. Pourla seconde catégorie, c’est à l’humanité entière que <strong>le</strong> poète s’adresse, l’Homme dans sacondition de pécheur. Les fou<strong>le</strong>s parisiennes estudiantines peuvent probab<strong>le</strong>mentreconnaître <strong>le</strong>urs fautes <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur comportement insouciant de l’avenir dans ce que blâment<strong>le</strong>s textes des conduits. La plupart de ces textes empruntent à la tradition déjà longue du125 Il s’agit du texte de Homo vide que pro te patior (n°13), dernière pièce des Lagrime di San Pi<strong>et</strong>ro.405

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