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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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aff<strong>le</strong>urement ponctuel montre la perméabilité des types de discours, <strong>sur</strong>tout lorsqu’ilsévoluent dans <strong>le</strong> même registre : même thème, même public, même objectif.Dans <strong>le</strong>s sermons, l’organisation claire des arguments est un élémentprimordial de l’entreprise de conviction. La prononciation ora<strong>le</strong> nécessite que <strong>le</strong>discours soit régulièrement balisé pour que l’auditeur puisse se repérer dans la structurequi lui a été annoncée. Le prédicateur veil<strong>le</strong> donc à ce que <strong>le</strong>s parties soient clairementperceptib<strong>le</strong>s à l’oreil<strong>le</strong> <strong>et</strong> insiste rigoureusement <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s signaux qui guideront <strong>son</strong>auditoire. Il dénombre méticu<strong>le</strong>usement ses parties, prend soin de ménager destransitions entre chacune d’entre el<strong>le</strong>s, signa<strong>le</strong> <strong>le</strong> passage à un autre terme du thème ou àun autre argument. Le temps de l’audition est donc partagé en étapes claires quel’auditeur reconnaît <strong>et</strong> <strong>sur</strong> <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s s’organise la pensée. La préoccupation d’unearchitecture rhétorique ferme est donc commune aux deux types de discours que <strong>son</strong>t <strong>le</strong>sconduits <strong>et</strong> <strong>le</strong>s sermons. L’organisation du conduit en strophes correspond aussi parfoisà une progression argumentative. Le texte <strong>et</strong> <strong>sur</strong>tout la mélodie (caudae <strong>et</strong> cadences)concourent à m<strong>et</strong>tre en place un nombre important de repères pour que l’auditeuridentifie <strong>et</strong> suive au fur <strong>et</strong> à me<strong>sur</strong>e la structure <strong>et</strong> la succession des strophes, que cel<strong>le</strong>scisoient répétitives ou non. Or la progression des parties, quel que soit <strong>le</strong> discours, vasouvent de pair avec la hiérarchisation des arguments. Les étapes se succèdent <strong>et</strong>empruntent un chemin qui doit mener du plus simp<strong>le</strong> ou évident, vers l’exploitation laplus profonde du suj<strong>et</strong>. Les méthodes de l’exégèse biblique qui <strong>son</strong>t à l’usage dans <strong>le</strong>scommentaires <strong>et</strong> <strong>le</strong>s gloses imposent <strong>le</strong>ur démarche aux sermons dans la manièred’extraire du texte (<strong>le</strong> thème) des arguments <strong>et</strong> de <strong>le</strong>s ordonner. Le sens littéral, prochedu texte <strong>et</strong> des mots, doit être suivi <strong>et</strong> complété du sens spirituel qui tend à révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong>saspects <strong>le</strong>s plus profonds du mystère chrétien 114 . Dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s du XII e <strong>et</strong> du XIII e sièc<strong>le</strong>,ces méthodes <strong>son</strong>t appliquées de manière plus systématique <strong>et</strong> la formalisation des« quatre sens de l’écriture » (littéral, allégorique, tropologique, anagogique) devient unedémarche commune 115 . Les conduits moraux semb<strong>le</strong>nt avoir hérité de certains aspectsde ces manières de construire la pensée. L’exploitation du sens littéral n’est pasdéveloppé, bien que l’on trouve une allusion à l’interprétation étymologique trèscourante du mot homo à la strophe 3 de Cum sit omnis caro fenum (Homo dictus es ab114 Gilbert DAHAN, L’exégèse chrétienne de la Bib<strong>le</strong> en Occident médiéval, Paris, 1999.115 Henri de LUBAC, Exégèse médiéva<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s quatre sens de l’écriture, 4 vol., Paris, 1959.399

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