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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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<strong>son</strong>t <strong>le</strong> procédé <strong>le</strong> plus utilisé. La forme qui sunt… nisi ou qui est … nisi est une manièrede formu<strong>le</strong>r l’explication d’un terme tout en suscitant la curiosité de l’auditeur :« Qui sunt animalia deserri nisi simplices populi? Qui sunt speciosa deserti nisiprædicatorum ordo? Sicut ergo speciosa deserti cedunt ad animalium nutrimentum : ita eorumdoctrina <strong>et</strong> vita ad pascendum dei populum. […] 100 »On ne sait pas beaucoup de choses <strong>sur</strong> la manière dont <strong>le</strong>s sermons étaientprononcés. Les traces de la performance s’effacent au moment de <strong>le</strong>ur passage à l’écrit,si bien que des incursions du discours direct, tel<strong>le</strong>s qu’el<strong>le</strong>s viennent d’être citées, <strong>son</strong>tdes éléments précieux pour se faire une idée de ce qu’était la réalité pratique <strong>et</strong>quotidienne de la prédication. Tout comme <strong>le</strong> chant, la mélodie <strong>et</strong> <strong>le</strong> timbre de la voixdonnent au conduit une présence <strong>son</strong>ore unique <strong>et</strong> pour nous insaisissab<strong>le</strong>, il nous estimpossib<strong>le</strong> de connaître la voix des prédicateurs. On imagine qu’il <strong>le</strong>ur fallait unecertaine énergie pour captiver <strong>le</strong>ur public. Les formu<strong>le</strong>s ora<strong>le</strong>s ne <strong>son</strong>t que de lointainestraces de c<strong>et</strong>te incarnation voca<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong>s conduits, el<strong>le</strong>s nous parviennent puisqu’el<strong>le</strong>s<strong>son</strong>t moulées dans la forme poétique <strong>et</strong> figées par la notation musica<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong>ssermons, el<strong>le</strong>s <strong>son</strong>t plus volati<strong>le</strong>s.2.2.3. Rhétorique <strong>et</strong> prédication au début du XIII e sièc<strong>le</strong> : unecollaboration nécessaire mais ambiguëD’une manière généra<strong>le</strong>, l’utilisation des figures <strong>et</strong> des ornements estdéconseillée par <strong>le</strong>s théoriciens de la prédication 101 . Cela n’est certes pas spécifique à larhétorique du discours chrétien. La réticence est la même dans tous <strong>le</strong>s manuelsoratoires depuis l’Antiquité. La mise en garde contre l’excès est un lieu commun quereprennent tous <strong>le</strong>s auteurs au moment d’aborder la description des figures. Dans <strong>le</strong>contexte de la prédication <strong>et</strong> du discours chrétien, c<strong>et</strong>te réserve est plus grande encore,100 Distinctiones super Psalterium (éd. Josse BADE), Sermon 130. Explication du vers<strong>et</strong> de Joël 22, 2 ;traduction : « Qui <strong>son</strong>t <strong>le</strong>s animaux abandonnés sinon <strong>le</strong>s simp<strong>le</strong>s du peup<strong>le</strong> ? Que <strong>son</strong>t <strong>le</strong>s pâturagesdu désert sinon l’ordre des prédicateurs ? Ainsi, comme <strong>le</strong>s pâturages des landes s’abandonnent pournourrir <strong>le</strong>s animaux, ils laissent <strong>le</strong>ur vie <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur doctrine pour faire paître <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> de Dieu. »101 Marianne G. BRISCOE, Artes praedicandi, Typologie des sources du Moyen-Âge occidental, Turnhout,1992 ; Thomas M. CHARLAND, Artes praedicandi, contribution à l’histoire de la rhétorique au MoyenÂge, Paris, 1936, Phyllis B. ROBERTS, « The Ars Praedicandi and the Medieval Sermon », Preacher,Sermon and Audience in the Midd<strong>le</strong> Ages, éd. Carolin MUESSIG, Leiden, 2002, p. 41-62 ; FrancoMORENZONI, « La littérature de artes praedicandi de la fin du XII e au début du XV e », Geschichte derSprachtheorie, vol.III, éd. Sten EBBENSEN, Tübingen, 1995, p. 339-259.391

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