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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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ajoutées pour recréer l’atmosphère de la performance ora<strong>le</strong>, sans que l’on soit certain del’exactitude des expressions utilisées 93 .Il arrive pourtant que l’on en rencontre. Pour Alain de Lil<strong>le</strong>, l’exclamation Ohomo semb<strong>le</strong> être une garantie pour s’accorder l’écoute attentive d’un public concernépar <strong>le</strong>s vices à combattre. Dans la Summa de arte praedicatoria, <strong>le</strong>s différents thèmesmoralisateurs <strong>sur</strong> <strong>le</strong>squels doivent porter <strong>le</strong>s sermons <strong>son</strong>t évoqués <strong>le</strong>s uns après <strong>le</strong>sautres. Alain de Lil<strong>le</strong> déploie une ferveur rhétorique qui use abondammentd’exclamations, d’apostrophes <strong>et</strong> de questions. Un exemp<strong>le</strong> parmi tant d’autres, extraitdu chapitre IV de la Summa, intitulé Contra gulam :« O homo, quae cura unde conficiantur stercora, <strong>et</strong> unde augmententur sterquilinia ?Considera tui naturam, intuere stomachi men<strong>sur</strong>am. Scis unde proveniant corporis infirmitates,mentis alienationes ? 94 »Au chapitre contre l’avarice (chapitre VI), Alain de Lil<strong>le</strong> laisse successivement la paro<strong>le</strong>à la Nature, à la Charité (« Audi quid dicat contra te charitas ! O homo, cur ditas te hisquibus indig<strong>et</strong> proximus ? Cur tibi approprias quae communicanda suntpauperibus ? »), puis au voisin (proximus), aux éléments <strong>et</strong> à la terre, à la mer <strong>et</strong> enfin àDieu. Ce procédé <strong>et</strong> <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> oratoire presque théâtral avec <strong>le</strong>quel ces allégoriess’expriment ne <strong>son</strong>t pas sans rappe<strong>le</strong>r certains conduits moraux dans <strong>le</strong>squels <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong> donne la paro<strong>le</strong> au Christ ou à l’âme.Plus proche de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>, Guillaume d’Auvergne, alors évêque deParis, adresse <strong>son</strong> sermon aux c<strong>le</strong>rcs (probab<strong>le</strong>ment ceux de l’Université de Paris). C<strong>et</strong>extrait montre que <strong>le</strong> vocabulaire <strong>et</strong> la manière de « harangue » du public peuvent êtreidentiques à cel<strong>le</strong>s des conduits, comme nous <strong>le</strong> soulignons par <strong>le</strong>s termes marqués engras :« Vide c<strong>le</strong>ricos nostri temporis, quomodo diluuio peccati operti sunt, <strong>et</strong> considera eos aplanta pedis usque ad uerticem, <strong>et</strong> uidebis quia in motibus pedum <strong>et</strong> calciamentis autem nonappar<strong>et</strong> nis lasciuia effrenata aut ystrionica impudencia. 95 »Les mêmes reproches à l’égard des c<strong>le</strong>rcs <strong>son</strong>t énoncés par <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong> qui s’adresse lui aussi directement à ceux qu’il accuse :93 Nico<strong>le</strong> BÉRIOU, L’avènement des maîtres de la Paro<strong>le</strong>, la prédication à Paris au XIIIè sièc<strong>le</strong>, Paris,1998, vol. 1, p. 93 : « Il faut toujours considérer avec la plus grande prudence <strong>le</strong>s eff<strong>et</strong>s oratoires, quipeuvent seu<strong>le</strong>ment chercher à donner l’illusion de la prestation ora<strong>le</strong>. »94 PL 210, col. 120.95 Sermon Ubi habundauit delictum superhabundauit <strong>et</strong> gratia, V ad Rom. (Rm 5, 20), édité par Nico<strong>le</strong>BÉRIOU, « La Made<strong>le</strong>ine dans <strong>le</strong>s sermons parisiens du XIII e sièc<strong>le</strong> », Mélanges de l’Éco<strong>le</strong> française deRome Moyen Age, CIV/1 (1992), p. 327.389

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