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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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performances chantées 85 . Son hypothèse va donc plus loin puisqu’il va jusqu’à imaginerdes circonstances d’utilisation pour ces compositions dont nous ne connais<strong>son</strong>s rien dela performance. Enfin, on r<strong>et</strong>rouve des traces de c<strong>et</strong>te hypothèse dans l’édition de HansTisch<strong>le</strong>r, Conductus and Contrafacta 86 , dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> terme de « sermon » est utilisépour désigner <strong>le</strong>s conduits de suj<strong>et</strong>s moralisateurs. Il n’explique ni n’exploite c<strong>et</strong>amalgame pourtant si prom<strong>et</strong>teur.2.2.2 Oralité <strong>et</strong> vocalitéConduits <strong>et</strong> sermons <strong>son</strong>t deux types de discours que l’on peut opposer : l’unest en vers, l’autre en prose ; l’un est chanté, l’autre parlé. Ils <strong>son</strong>t éga<strong>le</strong>ment deproportions très différentes. La durée du sermon dépasse largement cel<strong>le</strong> d’un conduit,même s’il est long comme Veritas equitas (n°17) 87 . Ce <strong>son</strong>t cependant deux types dediscours composés pour être prononcés ou chantés <strong>et</strong> donc pour être entendus. Leurdestination essentiel<strong>le</strong>ment ora<strong>le</strong> marque profondément <strong>le</strong>ur forme <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur sty<strong>le</strong>. Lafonction didactique du sermon implique que <strong>le</strong> prédicateur soit soucieux de se fairecomprendre, de manière à instruire l’auditoire de la paro<strong>le</strong> divine <strong>et</strong> influencer <strong>son</strong>comportement. Les dispositifs rhétoriques mis en place dans <strong>le</strong>s conduits moraux de<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> nous indiquent que <strong>le</strong>s impératifs de communication <strong>et</strong>d’efficacité <strong>son</strong>t sensib<strong>le</strong>ment identiques dans la plupart de ces compositions <strong>et</strong> agissentà différents niveaux de la création.La dimension ora<strong>le</strong> <strong>et</strong> oratoire des conduits est perceptib<strong>le</strong> à bien des niveaux.Texte <strong>et</strong> mélodie m<strong>et</strong>tent en place une stratégie <strong>son</strong>ore qui agit <strong>sur</strong> l’audition. D’autresmarques de l’oralité n’ont pas encore été évoquées. El<strong>le</strong>s <strong>son</strong>t pourtant plus évidentes <strong>et</strong>directement liées à l’interprétation du conduit comme paro<strong>le</strong>. En eff<strong>et</strong>, certaines figures85 Heinrich HUSSMAN, op. cit., p. 19 : « Man kann sich vorstel<strong>le</strong>n, daß sie genau so gut einige Verse oderein Gedicht des Kanz<strong>le</strong>rs in einer Predigt rezitierten und, um wieder auf die Musik zu kommen, wie einbe<strong>son</strong>ders musikkundiger Prediger ein Gedicht des Kanz<strong>le</strong>rs nicht nur aufsagte, <strong>son</strong>dern vorsang. Beieinem solchen Zweck hätte die Eintragung der Kanz<strong>le</strong>rstücke in die Gebrauchshandschrift einesReisepredigers, die sich, wie wir sahen, auf ein Minimum von Gesängen beschränkt, einen wirklichenSinn. »86 Hans TISCHLER, Conductus and Contrafacta, Ottawa, 2001.87 La <strong>le</strong>cture à haute voix d’un grand sermon tel celui qui fut prononcé devant <strong>le</strong>s étudiants à Orléans (éd.Marie-Made<strong>le</strong>ine DAVY, Les sermons universitaires parisiens de 1230-1231, Paris, 1931, p. 167-176)dure plus d’une demi-heure, alors que l’enregistrement du plus long des conduits de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong>, <strong>le</strong>s trente-six strophes de Veritas equitas indique une peu plus de quatorze minutes (disqueenregistré par l’ensemb<strong>le</strong> Sequentia, <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>. Eco<strong>le</strong> de Notre Dame, Harmonia Mundi,1991).385

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