10.07.2015 Views

Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

conduits. La dynamique structurel<strong>le</strong> apportée par la réorganisation musica<strong>le</strong> n’apparaîtque lorsque <strong>le</strong> texte est chanté. Il s’agit donc d’une stratégie oratoire qui intervient <strong>sur</strong> laperception.D’autres moyens musicaux perm<strong>et</strong>tent de ménager l’attention. Les analyses desconduits moraux ont souvent signalé l'aménagement d’un climax d’intensité. Laprogression dynamique vers ce somm<strong>et</strong> se traduit généra<strong>le</strong>ment par une <strong>sur</strong>enchère de lahauteur des <strong>son</strong>s. Quel<strong>le</strong> que soit l’unité que ce passage dynamique a pour fonction devaloriser, il se situe toujours dans sa deuxième partie, au moment où l’attention del’auditoire risque <strong>le</strong> plus de se relâcher. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> climax de la strophe de Quovadis quo progrederis (n°10) <strong>sur</strong>vient au début du dixième vers <strong>sur</strong> un total de seize. Ilse compose d’un motif qui atteint <strong>le</strong> si’ bémol, distant d’un interval<strong>le</strong> de dixième audessus de la fina<strong>le</strong> sol. Il arrive éga<strong>le</strong>ment que tout <strong>le</strong> conduit soit organisé de façon àménager un climax de hauteur à la fin. Des trois doub<strong>le</strong>s strophes de Homo natus adlaborem / tui status (n°1), la troisième évolue dans un registre globa<strong>le</strong>ment plus aigu, nerevenant que rarement à la fina<strong>le</strong>. Rappelons éga<strong>le</strong>ment que c<strong>et</strong>te strophe est la pluscourte des trois, comme il vient d’être signalé. La conduite dynamique de c<strong>et</strong>te œuvreassocie donc plusieurs outils : la forme décroissante <strong>et</strong> <strong>le</strong> mouvement ascensionnel deshauteurs. Une progression dynamique des hauteurs qui mène à la dernière partie de lacomposition peut éga<strong>le</strong>ment être observée dans Ad cor tuum revertere (n°3), Ve mundoa scandalis (n°7) ou encore O labilis sortis (n°9). Il semb<strong>le</strong> donc que ce procédémélodique soit récurrent dans <strong>le</strong>s formes non strophiques pour la progressiondynamique de l’ensemb<strong>le</strong> <strong>et</strong> qu’il soit aussi utilisé dans <strong>le</strong>s plus p<strong>et</strong>ites unités desconduits strophiques.Dans ce chapitre, nous avons tenté de montrer <strong>le</strong>s différents niveaux <strong>et</strong> aspectsdu savoir-faire rhétorique de l’auteur des conduits moraux. Sa familiarité avec <strong>le</strong>stechniques du discours est un indice de sa maîtrise des arts du trivium. L’importance deces préoccupations dans l’élaboration mélodique de tel<strong>le</strong>s compositions montrecomment l’enseignement rhétorique dispensé dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s a pu être assimilé par unintel<strong>le</strong>ctuel tel que <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>. Si l’on connaît mal <strong>le</strong>s conditions del’enseignement de ces arts du langage, on peut, grâce aux conduits, voir à quel point cesconnaissances <strong>et</strong> ces manières de construire <strong>le</strong> discours se <strong>son</strong>t infiltrées dans <strong>le</strong>sdiverses pratiques poétiques <strong>et</strong> musica<strong>le</strong>s. Plus qu’une application de la rhétorique, la373

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!