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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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comprend en terme de dynamique. El<strong>le</strong> est la réalisation <strong>son</strong>ore d’un mouvement 67 . Enrhétorique, « <strong>le</strong> ductus représente la manière dont une composition donnée guidequelqu’un jusqu’aux buts qu’el<strong>le</strong> assigne 68 ». Comment cela se traduit-il dans <strong>le</strong>sconduits moraux de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> ?On constate que <strong>le</strong>s formes irrégulières <strong>son</strong>t plus volontiers dégressives, c’està-direque chaque partie ou strophe est plus courte que la précédente. Le rétrécissementou <strong>le</strong> raccourcissement des parties de la forme peut être interprété comme une stratégiepour donner l’impression dynamique de rapidité. Deux des conduits moraux présententune forme différente une fois mise en musique. En eff<strong>et</strong>, <strong>le</strong>s formes poétiques de Homonatus ad laborem / tui status (n°1) <strong>et</strong> de Ad cor tuum revertere (n°3) <strong>son</strong>t régulières sil’on ne considère que <strong>le</strong>urs textes : deux strophes de 11 pour <strong>le</strong> premier <strong>et</strong> trois strophesde 13 vers dans <strong>le</strong> second. La musique qui dans <strong>le</strong>s deux cas est nouvel<strong>le</strong> pour chaquestrophe partage de manière irrégulière <strong>le</strong> dernier groupement de vers en deux strophesinéga<strong>le</strong>s de proportions décroissantes :Homo natus ad laborem / tui statusAd cor tuum revertereStrophe I Strophe II Strophe III Strophe 1 Strophe 2 Strophe 3 Strophe 411 vers 6 vers 5 vers 13 vers 13 vers 8 vers 5 versL’eff<strong>et</strong> est clairement marqué pour l’auditeur par la présence de mélismes de part <strong>et</strong>d’autre des strophes scindées. Le copiste de F indique éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> début d’unenouvel<strong>le</strong> partie par une majuscu<strong>le</strong>. Comment comprendre l’intervention du compositeur<strong>sur</strong> la forme poétique <strong>et</strong> l’intention d’en faire un obj<strong>et</strong> plus comp<strong>le</strong>xe ? Dans <strong>le</strong>s deuxcas, il s’agit d’œuvres exigeantes, au langage mélodique élaboré <strong>et</strong> dont la langue latineest loin d’être évidente. On peut supposer que la transformation de la structure régulièreen une structure décroissante a pour eff<strong>et</strong> d’accélérer <strong>le</strong> rythme de la perception de lastructure <strong>et</strong> par là même, compenser la difficulté particulièrement é<strong>le</strong>vée de ces deux67 Nancy van DEUSEN rappel<strong>le</strong> la fortune de la notion aristotélicienne du mouvement chez <strong>le</strong>s théologiens<strong>et</strong> en particulier chez <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>. L’auteur fait la liai<strong>son</strong> avec l’étymologie du motconductus <strong>et</strong> du verbe conducere, deux termes utilisés pour exprimer <strong>le</strong> mouvement. (« On theUsefulness of Music: Motion, Music, and the Thirteenth-Century Reception of Aristot<strong>le</strong>’s Physic »,Viator, XXIX (1998), p. 167-187).68 Mary CARRUTHERS, The Craft of Thought, Meditation, Rh<strong>et</strong>oric, and the Making of Images, Cambridge,1998, trad. française : Paris, 2002, p. 105. « Le ductus est ce à quoi nous autres donnons parfois <strong>le</strong> nomde « mouvement » d’une composition. Aspect de la « disposition » rhétorique, <strong>le</strong> ductus est <strong>le</strong>mouvement qui s’opère à l’intérieur des différentes parties d’une œuvre <strong>et</strong> entre el<strong>le</strong>s. L’idée dedynamique est essentiel<strong>le</strong> au ductus : il s’agit de ce qui conduit l’esprit <strong>sur</strong> sa voie dans lacomposition. » p. 104 (édition française).372

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