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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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quel que soit <strong>le</strong> niveau auquel el<strong>le</strong> s’applique : <strong>le</strong>s strophes simp<strong>le</strong>s, doub<strong>le</strong>s ou trip<strong>le</strong>s,<strong>le</strong>s phrases, <strong>le</strong>s motifs. El<strong>le</strong> est un moyen de quadril<strong>le</strong>r l’espace <strong>son</strong>ore à différenteséchel<strong>le</strong>s, selon une hiérarchie claire. Il arrive que ces différents niveaux de la trame secombinent : O mens cogita (n°16) se compose de doub<strong>le</strong>s strophes qui <strong>son</strong>t el<strong>le</strong>s-mêmesrépétitives. À l’inverse, il est possib<strong>le</strong> que <strong>le</strong> procédé répétitif structurant soit presqu<strong>et</strong>ota<strong>le</strong>ment laissé de côté. Dans Bonum est confidere (n°12), <strong>le</strong>s trois strophesmélodiques <strong>son</strong>t différentes. Seul <strong>le</strong> premier quatrain est répétitif (phrases ABAB),tandis que <strong>le</strong> reste du conduit se compose d’une mélodie continue. Faudrait-il considérerce conduit comme moins efficace que ceux dont la trame est très serrée ? Il n’est paspour autant désorganisé. Chacune de ses strophes est clairement délimitée au moyen decaudae, <strong>et</strong> il se construit comme une progression d’un point à un autre. L’intentionrhétorique est différente mais bien présente. El<strong>le</strong> valorise la diversité <strong>et</strong> la nouveauté.Les traités de rhétorique m<strong>et</strong>tent en garde contre la lassitude de la répétition <strong>et</strong> incitent<strong>le</strong>s orateurs à sans cesse se renouve<strong>le</strong>r, de manière à <strong>sur</strong>prendre l’auditeur. Les conduitspeuvent donc aussi être construits <strong>sur</strong> ce principe, comme un al<strong>le</strong>r-r<strong>et</strong>our constant entredeux démarches rhétoriques opposées : l’unité <strong>et</strong> la diversité, deux fac<strong>et</strong>tes del’appréhension de la composition conçue comme un tout 65 . À ce titre, <strong>le</strong> conduit Olabilis sortis (n°9) est une synthèse intéressante : ses strophes <strong>son</strong>t toutes troismélodiquement différentes mais el<strong>le</strong>s <strong>son</strong>t séparées par un refrain invariant.Souhaitant faire œuvre moralisatrice, <strong>le</strong> compositeur a tout intérêt à capturerl’attention de <strong>son</strong> auditoire, mais aussi à la conserver. La disposition des <strong>son</strong>s musicauxdoit être claire, fournir des repères, mais aussi donner l’impression d’avancer sans fail<strong>le</strong>d’un point à un autre. La progression <strong>et</strong> la direction des événements <strong>son</strong>ores donnentsens à l’audition. Le compositeur conçoit donc <strong>son</strong> œuvre en terme de dynamique.Comme l’explique F. Reckow, un conduit est la mise en œuvre d’un processus, uneprogression dynamique dans <strong>le</strong> temps de l’audition qui se conforme aux techniquesreconnues de la rhétorique 66 . La mélodie, <strong>et</strong> en particulier cel<strong>le</strong> des conduits, se65 Fritz RECKOW, « Processus und Structura. Über Gattungstradition und Formverständnis im Mittelalter »,Musiktheorie, I/1 (1986), p. 5-29 : « Die B<strong>et</strong>onung von diversitas ist aber nicht nur mit des Ausrichtungauf den Hörer, <strong>son</strong>dern auch mit spezifischen gestal<strong>le</strong>rischen Implikationen eines dynamischenFormkonzepts zu erklären », p. 9 ; traduction : « L’accentuation de la diversitas ne s’explique passeu<strong>le</strong>ment par l’orientation de l’auditeur, mais aussi par <strong>le</strong>s implications créatrices spécifiques d’unepensée de la forme dynamique. »66 Fritz RECKOW, op. cit.371

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