Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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puis d’une descente mélodique de quatre notes. Ce motif est entendu deux fois demanière identique puis transposé à la quinte inférieure. Les deux descentes sont ensuiteredonnées avant que ne commence le procédé de resserrement sur la finale.Les strophes de Fontis in rivulum (n°2) sont munies de plusieurs mélismesmais la cauda finale (strophe VI) est la plus développée de toutes. Elle fait entendre unerépétition en gradatio très systématique dans la première partie du mélisme :Les figures simples de répétition ou les gradationes plus élaborées sont communes àtous ces mélismes conclusifs. Le plaisir d’une certaine virtuosité vocale s’associe à uneorganisation rigoureuse au moyen de figures mélodiques. Ces caudae sont des signauxpuissants qui indiquent à l’oreille le passage d’une articulation à une autre.L’organisation des strophes est en effet un élément primordial de la structure poétique.Les manuscrits signalent méticuleusement les changements de strophes au moyen desmajuscules. Les lettrines et les couleurs marquent la structure pour l’œil, tandis que lescaudae agissent pour l’oreille. Leur élaboration interne renforce l’efficacité du signal :la valeur introductive ou conclusive marque très profondément la mélodie.L’exploitation de la modalité et lele structurant de la finale prennent tout leur senslorsque ces formules auxquelles l’oreille est habituée servent à la construction d’undiscours. Les outils constitutifs de la monodie traditionnelle sont ici utilisés pour servirles fins d’une dispositio rhétorique éminemment orale. Ce sont les réflexes auditifs desHommes pétris de la modalité grégorienne qui sont réinvestis dans une perspectiveoratoire visant à une certaine efficacité de communication. Les codes rhétoriques dudiscours et les figures ornementales classiques sont adaptés à la matière poéticomusicale,pour que l’oreille soit guidée du début à la fin.Les caudae placées en cours de strophes sont plus rares. Leurs proportions sontégalement beaucoup plus réduites et leurs constructions plus lâches que ce que l’on a puobserver dans les mélismes introductifs et conclusifs. Cependant, il faut souligner queleur emplacement dans les strophes et le choix des syllabes sur lesquelles elles sontplacées est lui aussi porteur d’une intention rhétorique au niveau interne de la strophe.Elles ornent généralement la première syllabe d’un vers, à un moment important pour366

l’appréhension de la structure et la compréhension du sens. Le conduit Fontis in rivulum(n°2) s’ouvre par une longue cauda que nous avons redonnée plus haut. Le troisièmevers commence lui aussi par un mélisme qui aide à percevoir l’organisation parallèle etcomplexe de ces quatre vers. Les syllabes marquées en gras indiquent la place de cesmélismes :Fontis in rivulumsapor ut defluitodor ut vasculuminfusus inbuit.Le mélisme du troisième vers, sur les deux syllabes du mot odor, prend pour modèle lepremier tout en repoussant les limites du registre dans lequel il se confinait :Le rappel d’un mélisme par un autre se fait ici à peu de distance et a pour fonction defaire entendre la structure à l’échelle restreinte d’un quatrain. Dans Bonum est confidere(n°12) , un mélisme placé au début du sixième vers de la troisième strophe reprend lecourt mélisme entendu au premier vers. Il marque l’unité de la strophe et rappelle le liengrammatical du pronom relatif qui avec son antécédent éloigné :Strophe 3,vers 1vers 6D’autres exemples pourraient être donnés et ont été remarqués dans les analyses. Cesmélismes à l’intérieur des strophes agissent comme des signaux secondaires. Ils sontsouvent en rapport avec les caudae introductives et forment avec elles un quadrillagemélodique qui balise la structure pour qu’elle soit compréhensible à l’audition.Chaque strophe peut donc être comprise comme un microcosme discursifinclus dans un ensemble rhétorique. La progression de l’argumentation peut êtremarquée par la mélodie qui attire l’attention sur les articulations importantes et utiles àla compréhension de la structure. Les mélismes sont un des moyens possibles, mais367

puis d’une descente mélodique de quatre notes. Ce motif est entendu deux fois demanière identique puis transposé à la quinte inférieure. Les deux descentes <strong>son</strong>t ensuiteredonnées avant que ne commence <strong>le</strong> procédé de resserrement <strong>sur</strong> la fina<strong>le</strong>.Les strophes de Fontis in rivulum (n°2) <strong>son</strong>t munies de plusieurs mélismesmais la cauda fina<strong>le</strong> (strophe VI) est la plus développée de toutes. El<strong>le</strong> fait entendre unerépétition en gradatio très systématique dans la première partie du mélisme :Les figures simp<strong>le</strong>s de répétition ou <strong>le</strong>s gradationes plus élaborées <strong>son</strong>t communes àtous ces mélismes conclusifs. Le plaisir d’une certaine virtuosité voca<strong>le</strong> s’associe à uneorganisation rigoureuse au moyen de figures mélodiques. Ces caudae <strong>son</strong>t des signauxpuissants qui indiquent à l’oreil<strong>le</strong> <strong>le</strong> passage d’une articulation à une autre.L’organisation des strophes est en eff<strong>et</strong> un élément primordial de la structure poétique.Les manuscrits signa<strong>le</strong>nt méticu<strong>le</strong>usement <strong>le</strong>s changements de strophes au moyen desmajuscu<strong>le</strong>s. Les <strong>le</strong>ttrines <strong>et</strong> <strong>le</strong>s cou<strong>le</strong>urs marquent la structure pour l’œil, tandis que <strong>le</strong>scaudae agissent pour l’oreil<strong>le</strong>. Leur élaboration interne renforce l’efficacité du signal :la va<strong>le</strong>ur introductive ou conclusive marque très profondément la mélodie.L’exploitation de la modalité <strong>et</strong> <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> structurant de la fina<strong>le</strong> prennent tout <strong>le</strong>ur senslorsque ces formu<strong>le</strong>s auxquel<strong>le</strong>s l’oreil<strong>le</strong> est habituée servent à la construction d’undiscours. Les outils constitutifs de la monodie traditionnel<strong>le</strong> <strong>son</strong>t ici utilisés pour servir<strong>le</strong>s fins d’une dispositio rhétorique éminemment ora<strong>le</strong>. Ce <strong>son</strong>t <strong>le</strong>s réf<strong>le</strong>xes auditifs desHommes pétris de la modalité grégorienne qui <strong>son</strong>t réinvestis dans une perspectiveoratoire visant à une certaine efficacité de communication. Les codes rhétoriques dudiscours <strong>et</strong> <strong>le</strong>s figures ornementa<strong>le</strong>s classiques <strong>son</strong>t adaptés à la matière poéticomusica<strong>le</strong>,pour que l’oreil<strong>le</strong> soit guidée du début à la fin.Les caudae placées en cours de strophes <strong>son</strong>t plus rares. Leurs proportions <strong>son</strong>téga<strong>le</strong>ment beaucoup plus réduites <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs constructions plus lâches que ce que l’on a puobserver dans <strong>le</strong>s mélismes introductifs <strong>et</strong> conclusifs. Cependant, il faut souligner que<strong>le</strong>ur emplacement dans <strong>le</strong>s strophes <strong>et</strong> <strong>le</strong> choix des syllabes <strong>sur</strong> <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong>s <strong>son</strong>tplacées est lui aussi porteur d’une intention rhétorique au niveau interne de la strophe.El<strong>le</strong>s ornent généra<strong>le</strong>ment la première syllabe d’un vers, à un moment important pour366

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