Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...
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partie plagale. La cauda de Fontis in rivulum se cantonne d’abord à la quinte du mode(sol-ré) et l’élargit dans un deuxième temps au tétracorde supérieur. Seule la versionauthente du mode est présentée. Le dernier est d’un ambitus encore plus restreintpuisqu’il ne donne que la quinte au-dessus de la finale. Bien que différents par leurampleur, ces trois mélismes ont un squelette identique. Ils font entendre les extrémitésde l’échelle choisie ainsi que diverses possibilités d’ornement. La fonction de telsmélismes est plurielle : il s’agit d’introduire le discours donc d’exposer le mode avecsimplicité. On peut également imaginer que ces passages aident le chanteur à « entrer »dans l’univers modal de la pièce, à la manière d’une vocalise préparatoire. Enfin, lafonction purement ornementale des mélismes qui enchantent et capturent l’auditoire nedoit pas être oubliée.Les mélismes conclusifs ont eux aussi leurs procédés. Leur valeur jubilatoire etornementale est importante, en raison de leur place terminale. Certains de ces mélismesont dû laisser les auditeurs dans l’éblouissement de la péroraison. La fonctiondécorative et conclusive de la mélodie du dernier vers de Bonum est confidere (n°12)(strophe 3) est évidente :Les motifs descendants et répétitifs sur les syllabes de secularibus amènent étape parétape vers la finale, guidant l’oreille par des signaux forts : la répétition des motifsmélismatiques, le resserrement progressif de la finale. Le procédé est identique audernier vers de la strophe de Vanitas vanitatum (n°15). Les notes répétées sont assezrarement utilisées dans la monodie des conduits analysés, ce qui rend d’autant plusmarquant ce passage :Le procédé de répétition d’une même note est appelé florificatio vocis. Il est donnécomme exemple de color ou figure de rhétorique proprement musicale par le théoricien364
de la musique Jean de Garlande 63 . Ici, l’ornement est répété en gradatio descendantpour approcher la finale.Le resserrement progressif et dégressif des motifs pour aboutir à la finale est unprocédé utilisé à trois reprises dans les mélismes conclusifs des strophes de Homo natusad laborem / tui status (n°1) :- À la fin de la strophe I, les intervalles se réduisent étape par étape (quinte,quarte, tierce…) et les descentes mélodiques se raccourcissent pour que la dernièreapparition de la finale soit entendue comme l’aboutissement d’un mouvement engagédepuis le début du mélisme :réduites :- Le procédé se reproduit à la fin de la strophe II, dans des proportions plus- Enfin, le conduit se termine par un mélisme long et virtuose :Cette dernière cauda commence par un motif composé de notes répétées (un des raresexemples de florificatio vocis, identique à la figure de Vanitas vanitatum citée plus haut)63 JEAN de GARLANDE, De musica mensurabilis, éd. Erich REIMER, Wiesbaden, 1972, vol.1, p. 95 : Inflorificatione vocis fit color, ut commixtio in conductis simplicibus. Et fit semper ista commixtio insonis et non disiunctis. (Traduction : La color se fait par floraison du son, quand il y a jonction dans unconduit simple. Et cette jonction se fait toujours dans des sons conjoints et non disjoints.) Cettedéfinition prend place dans la description des figures ornementales de l’organum donc de lapolyphonie (Voir Guillaume GROSS, Chanter en polyphonie à Notre-Dame de Paris aux 12 e et 13 esiècles, Turnhout, 2007, p. 115-116). Il est intéressant de constater que le théoricien fait allusion auconduit monodique pour décrire un procédé mélodique qui ne se rencontre que rarement dans lescompositions de Philippe le Chancelier.365
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partie plaga<strong>le</strong>. La cauda de Fontis in rivulum se cantonne d’abord à la quinte du mode(sol-ré) <strong>et</strong> l’élargit dans un deuxième temps au tétracorde supérieur. Seu<strong>le</strong> la versionauthente du mode est présentée. Le dernier est d’un ambitus encore plus restreintpuisqu’il ne donne que la quinte au-dessus de la fina<strong>le</strong>. Bien que différents par <strong>le</strong>uramp<strong>le</strong>ur, ces trois mélismes ont un sque<strong>le</strong>tte identique. Ils font entendre <strong>le</strong>s extrémitésde l’échel<strong>le</strong> choisie ainsi que diverses possibilités d’ornement. La fonction de telsmélismes est pluriel<strong>le</strong> : il s’agit d’introduire <strong>le</strong> discours donc d’exposer <strong>le</strong> mode avecsimplicité. On peut éga<strong>le</strong>ment imaginer que ces passages aident <strong>le</strong> chanteur à « entrer »dans l’univers modal de la pièce, à la manière d’une vocalise préparatoire. Enfin, lafonction purement ornementa<strong>le</strong> des mélismes qui enchantent <strong>et</strong> capturent l’auditoire nedoit pas être oubliée.Les mélismes conclusifs ont eux aussi <strong>le</strong>urs procédés. Leur va<strong>le</strong>ur jubilatoire <strong>et</strong>ornementa<strong>le</strong> est importante, en rai<strong>son</strong> de <strong>le</strong>ur place termina<strong>le</strong>. Certains de ces mélisme<strong>son</strong>t dû laisser <strong>le</strong>s auditeurs dans l’éblouissement de la pérorai<strong>son</strong>. La fonctiondécorative <strong>et</strong> conclusive de la mélodie du dernier vers de Bonum est confidere (n°12)(strophe 3) est évidente :Les motifs descendants <strong>et</strong> répétitifs <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s syllabes de secularibus amènent étape parétape vers la fina<strong>le</strong>, guidant l’oreil<strong>le</strong> par des signaux forts : la répétition des motifsmélismatiques, <strong>le</strong> resserrement progressif de la fina<strong>le</strong>. Le procédé est identique audernier vers de la strophe de Vanitas vanitatum (n°15). Les notes répétées <strong>son</strong>t assezrarement utilisées dans la monodie des conduits analysés, ce qui rend d’autant plusmarquant ce passage :Le procédé de répétition d’une même note est appelé florificatio vocis. Il est donnécomme exemp<strong>le</strong> de color ou figure de rhétorique proprement musica<strong>le</strong> par <strong>le</strong> théoricien364