Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...
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12 Bonum est Bonum est confidere inPsaume 117, 8confidere dominorum Domino13 Homo vide que Videte si est dolor sicut dolor Lamentations 1, 12pro te patiormeus14 Nitimur in nitimur in vetitum semper Ovide, Amores, LIII, Élégie 4vetitum cupimusque negata17 Veritas equitas quia corruit in plata veritas etIsaïe 59, 14aequitas18 Cum sit omnis Omnis caro foenum et omnisIsaïe 40, 6caro fenum gloria eius quasi flos agri20 Homo natus adlaborem / et avisHomo ad laborem nascitur Job 5, 7Remarquons qu’aucun des exemples cités par Matthieu de Vendôme dans son Arsversificatoria n’est emprunté au texte de la Bible. Tous sont extraits des auteursclassiques latins. L’inspiration sacrée des conduits moraux se manifeste donc aussi parle choix des citationsLes conduits ne portent cependant pas tous une citation en incipit. Parmi lesvingt conduits analysés, sept commencent sans citation identifiée. Malgré cela, onconstate pour l’ensemble des textes que les premiers vers constituent une entité forte,clairement séparée du reste de la strophe et du conduit, ayant pour fonction d’introduirele conduit. Par exemple, les premiers vers de Quo vadis quo progrederis (n°10) sont uneentrée en matière directe et efficace, bien qu’il ne s’agisse pas d’une citation :Quo vadis quo progrederisusque quo progressura.quo fugis cui me deserisquo usque deserturaLa fonction introductive qui est de capturer l’attention semble ici pleinement assurée :les questions s’accumulent et la structure alternée des rimes et de la mélodie (abab)solidifie l’unité de ce quatrain. Les figures rhétoriques sont concentrées dans ces quatrevers : l’anaphore quo vadis / quo fugis entre les vers 1 et 3, le parallélisme quoprogrederis et quo progressura entre les vers 1 et 2, le chiasme entre les vers 2 et 4(usque quo / quo usque), l’annominatio entre deseris et desertura. Ces quatre figuresconstituent une entrée en matière fulgurante, séductrice et impressionnante qui appuie lequestionnement adressé à l’auditoire. Charmé par les figures et bousculé parl’interrogatoire, l’esprit est capté et le poète parvient à ses fins.358
Le rôle conclusif du texte en lui-même est parfois plus difficile à appréhender.Il arrive pourtant que sa fonction soit clairement indiquée. La dernière strophe de Ad cortuum revertere (n°3) commence par l’adverbe ergo et prévient l’auditeur del’achèvement du conduit :Ergo vide ne dormiasAppel à la vigilance, ce vers et toute la strophe signalent à l’auditeur ce qu’il doit retenirdu conduit pour modifier son comportement. La même chose se reproduit à la dernièrestrophe de Cum sit omnis caro fenum (n°18), dans la version du manuscrit 39 de laBibliothèque municipale d’Évreux :Ergo si scis qualitatemtue sortis. voluptatemcarnis. quare sequerismemento te moriturum.et post mortem id messurumquod hic seminaveris.En plus d’expliciter le caractère conclusif de cette strophe, le poète indique à l’auditeurce dont il va devoir se souvenir (memento…) et lui donne la « morale » qu’il devragarder en mémoire. L’allitération en « m » (memento, moriturum, mortem et messurum)permet certainement de faciliter cette mémorisation. La conclusion du conduit se doteainsi d’une dimension utilitaire et fonctionnelle dans une démarche moralisatriceefficace.Même lorsque ni adverbe ni locution n’informent sur la structure, il arrive queles vers finaux forment un groupe cohérent par la forme et le sens, à tel point que l’onpeut les comprendre comme une conclusion. La dernière strophe de O labilis sortis (n°9)se termine par cette exclamation qui tient lieu d’exorde :Ha miserum te nunc excipietet debitis penis te puniet.Le conduit s’achève sur l’évocation du Jugement dernier avec ce distique clairementarticulé par rapport à ce qui précède. Les quatre autres strophes n’avaient nullement misde côté les vers qui les terminaient. Dans le conduit Quo vadis quo progrederis (n°10),déjà cité pour l’efficacité de ses vers introductifs, ce sont les deux strophes qui serépondent dans leurs deux derniers vers :359
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12 Bonum est Bonum est confidere inPsaume 117, 8confidere dominorum Domino13 Homo vide que Vid<strong>et</strong>e si est dolor sicut dolor Lamentations 1, 12pro te patiormeus14 Nitimur in nitimur in v<strong>et</strong>itum semper Ovide, Amores, LIII, Élégie 4v<strong>et</strong>itum cupimusque negata17 Veritas equitas quia corruit in plata veritas <strong>et</strong>Isaïe 59, 14aequitas18 Cum sit omnis Omnis caro foenum <strong>et</strong> omnisIsaïe 40, 6caro fenum gloria eius quasi flos agri20 Homo natus adlaborem / <strong>et</strong> avisHomo ad laborem nascitur Job 5, 7Remarquons qu’aucun des exemp<strong>le</strong>s cités par Matthieu de Vendôme dans <strong>son</strong> Arsversificatoria n’est emprunté au texte de la Bib<strong>le</strong>. Tous <strong>son</strong>t extraits des auteursclassiques latins. L’inspiration sacrée des conduits moraux se manifeste donc aussi par<strong>le</strong> choix des citationsLes conduits ne portent cependant pas tous une citation en incipit. Parmi <strong>le</strong>svingt conduits analysés, sept commencent sans citation identifiée. Malgré cela, onconstate pour l’ensemb<strong>le</strong> des textes que <strong>le</strong>s premiers vers constituent une entité forte,clairement séparée du reste de la strophe <strong>et</strong> du conduit, ayant pour fonction d’introduire<strong>le</strong> conduit. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s premiers vers de Quo vadis quo progrederis (n°10) <strong>son</strong>t uneentrée en matière directe <strong>et</strong> efficace, bien qu’il ne s’agisse pas d’une citation :Quo vadis quo progrederisusque quo progres<strong>sur</strong>a.quo fugis cui me deserisquo usque deserturaLa fonction introductive qui est de capturer l’attention semb<strong>le</strong> ici p<strong>le</strong>inement as<strong>sur</strong>ée :<strong>le</strong>s questions s’accumu<strong>le</strong>nt <strong>et</strong> la structure alternée des rimes <strong>et</strong> de la mélodie (abab)solidifie l’unité de ce quatrain. Les figures rhétoriques <strong>son</strong>t concentrées dans ces quatrevers : l’anaphore quo vadis / quo fugis entre <strong>le</strong>s vers 1 <strong>et</strong> 3, <strong>le</strong> parallélisme quoprogrederis <strong>et</strong> quo progres<strong>sur</strong>a entre <strong>le</strong>s vers 1 <strong>et</strong> 2, <strong>le</strong> chiasme entre <strong>le</strong>s vers 2 <strong>et</strong> 4(usque quo / quo usque), l’annominatio entre deseris <strong>et</strong> desertura. Ces quatre figuresconstituent une entrée en matière fulgurante, séductrice <strong>et</strong> impressionnante qui appuie <strong>le</strong>questionnement adressé à l’auditoire. Charmé par <strong>le</strong>s figures <strong>et</strong> bousculé parl’interrogatoire, l’esprit est capté <strong>et</strong> <strong>le</strong> poète parvient à ses fins.358