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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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hétorique est aussi soulignée par la musique qui concourt à donner sens à ce maillage<strong>son</strong>ore intelligent <strong>et</strong> intelligib<strong>le</strong>. Il faut donc à présent considérer <strong>le</strong> travail du poètecompositeurd’un point de vue plus global, c’est-à-dire la va<strong>le</strong>ur rhétorique de l’œuvreobservée dans sa totalité <strong>et</strong> non plus dans ses parties.Les traités de rhétorique séparent ce qui relève de l’ornementation, l’art desfigures tel que nous l’avons déjà évoqué, <strong>et</strong> ce qui concerne l’organisation du discours.C<strong>et</strong>te partie de la rhétorique est appelée dispositio : « Dispositio est ordo <strong>et</strong> distributiorerum, quae demonstrat quid quibus locis sit collocandum 55 ». La dispositio enseignecomment organiser <strong>le</strong>s arguments obtenus par <strong>le</strong> travail de l’inventio, partie la plusdiffici<strong>le</strong> de la rhétorique. Les parties traditionnel<strong>le</strong>s de la dispositio <strong>son</strong>t l’exorde, lanarration, la division, la confirmation, la réfutation <strong>et</strong> la conclusion. Les arts poétiquesmédiévaux simplifient ce schéma. Il n’est question que des manières de commencer, dedévelopper <strong>et</strong> de finir 56 . Seul Jean de Garlande dans sa Parisiana po<strong>et</strong>ria revient auxsources <strong>et</strong> cite toutes <strong>le</strong>s parties du discours.Les textes antiques traitant de la dispositio insistent <strong>sur</strong> <strong>le</strong> fait que l’exorde doitpréparer l’auditoire de manière à <strong>le</strong> rendre doci<strong>le</strong>, disposé <strong>et</strong> attentif. Dans <strong>le</strong> cadre d’undiscours juridique, l’exorde doit être l’exposé de la cause plaidée. L’auteur de laRh<strong>et</strong>orica ad Herennium conseil<strong>le</strong> à l’orateur l’utilisation de stratagèmes, s’il a affaire àun auditoire déjà las d’écouter. Faire rire <strong>et</strong> séduire <strong>son</strong>t des moyens de capturerl’attention <strong>et</strong> de parvenir à ses fins. Il énumère ainsi différents moyens d’introduire <strong>son</strong>discours : l’anecdote, <strong>le</strong> ca<strong>le</strong>mbour, la comparai<strong>son</strong>, l’apostrophe ou encore la citation.Les arts poétiques médiévaux, quant à eux, décrivent tous à peu près de la mêmemanière l’art de commencer 57 : il est dit « naturel » lorsque l’ordre chronologique estrespecté <strong>et</strong> « artificiel » si <strong>le</strong> cours des événements rapportés est bou<strong>le</strong>versé. De lamanière de commencer dépend la stratégie de l’ensemb<strong>le</strong> du discours. En guised’introduction, <strong>le</strong>s théoriciens conseil<strong>le</strong>nt d’utiliser une figure grammatica<strong>le</strong> ou unproverbe. Matthieu de Vendôme dresse une liste de 26 exemp<strong>le</strong>s qui <strong>son</strong>t des idéesgénéra<strong>le</strong>s (proverbes) ou des citations des poètes antiques. Ses conseils <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s façons de55 Rh<strong>et</strong>orica ad Herennium (éd. Guy ACHARD), I, 2 ; traduction : « La disposition ordonne <strong>et</strong> répartit <strong>le</strong>sarguments : el<strong>le</strong> montre la place qui doit être assignée à chacun d’eux ».56 Geoffroy de Vinsauf dans <strong>le</strong> Documentum de arte versificandi commence ainsi : Tria sunt circacujuslib<strong>et</strong> operis versatur artificium : principium, progressus, consummatio (éd. Edmond FARAL,p. 265). Traduction : « Il y a trois choses <strong>sur</strong> <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s repose l’art de la composition : <strong>le</strong>commencement, <strong>le</strong> développement, l’achèvement. »57 C<strong>et</strong>te théorie est déjà empruntée aux Anciens. Voir Edmond FARAL, op. cit., p. 55-60.356

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