Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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La répétition mélodique peut prendre une forme moins rigoureuse que celled’une gradatio. L’effet marqué n’en est pas moins efficace quand il se superpose à unefigure proposée par le texte. C’est assez souvent ainsi que le compositeur souligne uneannominatio. La fin de la deuxième strophe de Ad cor tuum revertere se termine ainsi(n°3, vers 11-13) :caritas que non proficit.prorsus aret et deficit.nec efficit beatum.Trois verbes sont composés à partir d’un élément commun (fecit) et sont précédés d’uneconjonction monosyllabique (non, et ou nec). La mélodie fait entendre les deuxpremiers sur un motif proche, partant de do puis descendant. Le troisième (nec efficit),qui n’est pas mis en valeur par la rime, est placé sur un mouvement identique maiscommençant sur le degré supérieur, amorçant une gradatio en complément de larépétition verbale et mélodique mise en place par les deux verbes des vers précédents :De la même manière les deux verbes aggere et exaggeras dans Bonum estconfidere (n°12, vers 11 et 12) ont leurs syllabes communes placées sur des notesidentiques (la sol fa) :Le refrain de Cum sit omnis caro fenum (n°18)donne un exemple plus étendu puisque larépétition concerne plus de membres :338

La mélodie revient au fa sur chaque syllabe ter de l’annominatio, puis varie le motif surla seconde syllabe. Seul le mot terram du deuxième vers (en pointillés) n’est pas soumisau retour sur le fa. Cette phrase ouverte – la cadence est en la – est une préparation de laphrase conclusive suivante.Moins évidentes sont les figures d’annominatio pour lesquelles la mélodie nefait que suggérer la répétition sans la marquer clairement. Les deux exemples quisuivent présentent un vers avec une figure entre le premier et le dernier mot, soit que lemot est employé à un cas différent (opes non opera 43 ) ou que les deux aient une racinecommune (viam querent in invio 44 ). La répartition de part et d'autre du vers de ces motsaux sonorités approchantes forme une complexio dans laquelle la répétition n’est pasexacte. Dans les deux cas, la mélodie concrétise la correspondance entre les deux termesen les plaçant sur des motifs complémentaires, sur les mêmes notes mais inversés :Dans cet exemple, les mots opes et opera commencent tous deux sur un si, maisl’ornement se fait aux notes supérieures pour le premier et à la note inférieure pour lesecond. C’est la même chose que l’on observe dans cet autre exemple, sur les mots viamet invio. La mélodie commence et termine sur deux mots dont la racine est commune etsur la même note, sol :Nous espérons que ces exemples auront suffi à montrer combien lecompositeur de la mélodie des conduits est attentif aux figures du texte 45 . Les moyensmusicaux employés sont inspirés des moyens de la rhétorique littéraire mais sontadaptés à la spécificité du matériau musical. Le principe de la répétition est unélément fondateur de beaucoup de figures rhétoriques, qu’elles soient structurelles ouaccumulatives. La récurrence sonore permet de jalonner le discours de repères et designaux qui font appel à la reconnaissance de l’oreille. La mélodie peut facilement43 Fontis in rivulum, n°2, strophe 4 (II), vers 3.44 Excutere de pulvere, n°6, strophe 1, vers 7.45 Les figures proprement oratoires seront évoquées dans un chapitre ultérieur.339

La répétition mélodique peut prendre une forme moins rigoureuse que cel<strong>le</strong>d’une gradatio. L’eff<strong>et</strong> marqué n’en est pas moins efficace quand il se superpose à unefigure proposée par <strong>le</strong> texte. C’est assez souvent ainsi que <strong>le</strong> compositeur souligne uneannominatio. La fin de la deuxième strophe de Ad cor tuum revertere se termine ainsi(n°3, vers 11-13) :caritas que non proficit.prorsus ar<strong>et</strong> <strong>et</strong> deficit.nec efficit beatum.Trois verbes <strong>son</strong>t composés à partir d’un élément commun (fecit) <strong>et</strong> <strong>son</strong>t précédés d’uneconjonction monosyllabique (non, <strong>et</strong> ou nec). La mélodie fait entendre <strong>le</strong>s deuxpremiers <strong>sur</strong> un motif proche, partant de do puis descendant. Le troisième (nec efficit),qui n’est pas mis en va<strong>le</strong>ur par la rime, est placé <strong>sur</strong> un mouvement identique maiscommençant <strong>sur</strong> <strong>le</strong> degré supérieur, amorçant une gradatio en complément de larépétition verba<strong>le</strong> <strong>et</strong> mélodique mise en place par <strong>le</strong>s deux verbes des vers précédents :De la même manière <strong>le</strong>s deux verbes aggere <strong>et</strong> exaggeras dans Bonum estconfidere (n°12, vers 11 <strong>et</strong> 12) ont <strong>le</strong>urs syllabes communes placées <strong>sur</strong> des notesidentiques (la sol fa) :Le refrain de Cum sit omnis caro fenum (n°18)donne un exemp<strong>le</strong> plus étendu puisque larépétition concerne plus de membres :338

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