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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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Ces traités <strong>son</strong>t inspirés des textes antiques consacrés à l’art du discours, bienque toutes <strong>le</strong>s parties de la rhétorique ne soient pas reprises <strong>et</strong> développées. Tous n’ontd’ail<strong>le</strong>urs pas <strong>le</strong>s mêmes priorités. L’inventio <strong>et</strong> la dispositio y <strong>son</strong>t relativement peuabordées, tandis que l’elocutio y est amp<strong>le</strong>ment détaillée. La connaissance des tropes,schèmes <strong>et</strong> figures qui ornent <strong>et</strong> organisent la langue apparaît donc comme un pointcrucial de l’apprentissage du jeune poète.La poésie mora<strong>le</strong> de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> s’inscrit p<strong>le</strong>inement dans cecontexte théorique. <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> est probab<strong>le</strong>ment né une vingtaine d’annéesavant Jean de Garlande. La Parisiana po<strong>et</strong>ria consacre une partie entière à l’étude de lapoésie rythmique. C<strong>et</strong> Ars rithmica, probab<strong>le</strong>ment un traité à part entière intégré à laParisiana po<strong>et</strong>ria, marque un pas important dans la reconnaissance de c<strong>et</strong>te pratiquepoétique, moins savante que la poésie métrique. Jusqu’alors souvent méprisée 20 , lapoésie rythmique accède ainsi à un rang comparab<strong>le</strong> à celui de la poésie métrique,puisqu’el<strong>le</strong> est désormais digne d’être enseignée dans <strong>le</strong>s éco<strong>le</strong>s. Dans <strong>le</strong> prologue de laParisiana po<strong>et</strong>ria, <strong>le</strong> rithmus est présenté comme l’une des espèces de la prose dont laparticularité est d’être lié à la musique 21 . Il ne s’agit plus là d’une forme mineure ouvulgaire. On peut imaginer que <strong>le</strong> statut des productions poétiques gagne par la mêmeoccasion en prestige <strong>et</strong> en reconnaissance. Le corpus de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> estenraciné dans <strong>le</strong> même milieu que celui des artes po<strong>et</strong>icae. Jean de Garlande cited’ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> texte d’un conduit de <strong>Philippe</strong> comme exemp<strong>le</strong> de poésie rythmiqueiambique (Ve mundo a scandalis 22 ), ce qui témoigne bien de l’identité de milieu <strong>et</strong> lacommunauté culturel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong> grammairien <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> de Notre-Dame.L’usage que fait <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> des figures <strong>et</strong> colores rh<strong>et</strong>orici décritesdans <strong>le</strong>s artes po<strong>et</strong>icae est irrégulier selon <strong>le</strong>s conduits. Certains textes <strong>son</strong>t plus ornésque d’autres, mais <strong>le</strong> poète ne va jamais jusqu’à la saturation que <strong>le</strong>s théoriciens euxmêmesrecommandent d’éviter à tout prix. Parmi la grande famil<strong>le</strong> des figures de mot,20 Depuis <strong>le</strong> haut Moyen Âge, seu<strong>le</strong> la poésie métrique a droit au nom de carmen. C<strong>et</strong>te désaffection de lapoésie rythmique est probab<strong>le</strong>ment la cause du peu de sources qui nous parviennent des époques <strong>le</strong>splus anciennes <strong>et</strong> de <strong>le</strong>ur état fragmentaire. Voir, Dag NORBERG, Introduction à l’étude de laversification médiéva<strong>le</strong>, Stockholm, 1958, p. 92. Voir aussi Christopher PAGE, op. cit., p. 28-31.21 « Alia rithmus, quo utimur in prosis ecc<strong>le</strong>siasticis. Sed notandum quod rithmica species est musica, utait Boece in Arte Musica », éd. Traugott LAWLER, p. 6 ; traduction : « Il y a aussi <strong>le</strong> rythme que nousutili<strong>son</strong>s dans <strong>le</strong>s proses liturgiques. Mais notez que la rythmique est une partie de la musique, comme<strong>le</strong> dit Boèce dans <strong>son</strong> Art de musique. »22 vers 563-564 (éd. Traugott LAWLER); conduit analysé p. 183.331

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