Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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le début de ces quatre phrases varie. Ce motif se retrouve de manière incomplète audébut de la strophe XIV puis clairement et complètement dans la deuxième partie de lastrophe XIV et au début de la strophe XV, toujours sur les mots rimant en –ia. Auxstrophes XIV et XV, il est suivi d’une formule cadentielle strictement identique, sur lamême rime en –eri. Les répétitions signalées dans ces trois strophes sont indiquées dansl’exemple ci-dessous où les motifs caractéristiques des cadences –ia sont encadrés etceux des rimes –eri sont encerclés :La dernière strophe (XVI) est une reprise approximative de la première tant parle texte que par la mélodie.Strophe 1 Strophe 36Veritas equitaslargitas corruit.falsitas pravitasparcitas viguit.urbanitas evanuit.Dic ergo veritasubi nunc habitas.equitas largitasubi nunc latitasquid profuit que prefuitmalignitas.Les terminaisons des rimes se font écho de part et d’autre du conduit (–itas, –uit),comme pour encadrer ce grand ensemble. Cependant, la dernière strophe est allongéed’un vers de quatre syllabes et le schéma des rimes change :Strophe 1 6a 6b 6a 6b 8bStrophe 36 6a 6a 6a 6a 8b 4a290

Les invocations allégoriques de la Vérité, de l’Égalité et de la Générosité font trèsclairement le lien entre le début et la fin de ce long conduit. La mélodie est identique,mises à part les notes ajoutées pour soutenir le dernier vers (malignitas) :mélodie ajoutéeStr. XVI-36,finCette dernière phrase est sensiblement plus mélismatique que l’ensemble du conduit,sans pour autant égaler les caudae conclusives qui terminent bien d’autres compositions.Les descentes successives resserrent par étapes la mélodie sur la finale.L’analyse montre que ce conduit s’organise par blocs et groupes de strophesqui ordonnent un ensemble apparemment très décousu et volontairement diversifié. Lesstrophes peuvent être liées entre elles par des ressemblances d’ordre poétique,mélodique ou les deux. La totalité du conduit peut être représentée de la manièresuivante pour faire apparaître les regroupements de strophes et les proportions :I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVIL’apport de la mélodie à ce texte long et incessamment variable est d’une part depermettre une certaine organisation de l’ensemble, et d’autre part de mettre en valeur lavirtuosité de la langue dont le poète fait preuve à chaque vers. Les multiples jeuxsonores, les figures et les parallélismes rythmiques qui constamment fleurissent lalangue du poète sont parfaitement valorisés par la mise en musique. La mise en sonsaccentue l’efficacité de ces effets rhétoriques tant sur le plan de l’émotion et de laséduction de l’oreille, que celui de l’intellect et de la clarification des idées.Le message porté par ce conduit ne laisse pas de place à l’ambiguïté. Il s’agitd’une mise en accusation sans concession ni ménagement des prêtres. Accablé de tousles vices et injuriant toutes les valeurs morales, le clergé est la proie des pires maux. Lesénumérations fournies dont abonde ce conduit sont un moyen littéraire d’accabler sansrelâche en accentuant le poids des mots par le nombre. La littérature sur les vices et lesvertus prend diverses formes dont les plus courantes sont le débat ou le traité. Dans ce291

Les invocations allégoriques de la Vérité, de l’Égalité <strong>et</strong> de la Générosité font trèsclairement <strong>le</strong> lien entre <strong>le</strong> début <strong>et</strong> la fin de ce long conduit. La mélodie est identique,mises à part <strong>le</strong>s notes ajoutées pour soutenir <strong>le</strong> dernier vers (malignitas) :mélodie ajoutéeStr. XVI-36,finC<strong>et</strong>te dernière phrase est sensib<strong>le</strong>ment plus mélismatique que l’ensemb<strong>le</strong> du conduit,sans pour autant éga<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s caudae conclusives qui terminent bien d’autres compositions.Les descentes successives resserrent par étapes la mélodie <strong>sur</strong> la fina<strong>le</strong>.L’analyse montre que ce conduit s’organise par blocs <strong>et</strong> groupes de strophesqui ordonnent un ensemb<strong>le</strong> apparemment très décousu <strong>et</strong> volontairement diversifié. Lesstrophes peuvent être liées entre el<strong>le</strong>s par des ressemblances d’ordre poétique,mélodique ou <strong>le</strong>s deux. La totalité du conduit peut être représentée de la manièresuivante pour faire apparaître <strong>le</strong>s regroupements de strophes <strong>et</strong> <strong>le</strong>s proportions :I II III IV V VI VII VIII IX X XI XII XIII XIV XV XVIL’apport de la mélodie à ce texte long <strong>et</strong> incessamment variab<strong>le</strong> est d’une part deperm<strong>et</strong>tre une certaine organisation de l’ensemb<strong>le</strong>, <strong>et</strong> d’autre part de m<strong>et</strong>tre en va<strong>le</strong>ur lavirtuosité de la langue dont <strong>le</strong> poète fait preuve à chaque vers. Les multip<strong>le</strong>s jeux<strong>son</strong>ores, <strong>le</strong>s figures <strong>et</strong> <strong>le</strong>s parallélismes rythmiques qui constamment f<strong>le</strong>urissent lalangue du poète <strong>son</strong>t parfaitement valorisés par la mise en musique. La mise en <strong>son</strong>saccentue l’efficacité de ces eff<strong>et</strong>s rhétoriques tant <strong>sur</strong> <strong>le</strong> plan de l’émotion <strong>et</strong> de laséduction de l’oreil<strong>le</strong>, que celui de l’intel<strong>le</strong>ct <strong>et</strong> de la clarification des idées.Le message porté par ce conduit ne laisse pas de place à l’ambiguïté. Il s’agitd’une mise en accusation sans concession ni ménagement des prêtres. Accablé de tous<strong>le</strong>s vices <strong>et</strong> injuriant toutes <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs mora<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rgé est la proie des pires maux. Lesénumérations fournies dont abonde ce conduit <strong>son</strong>t un moyen littéraire d’accab<strong>le</strong>r sansrelâche en accentuant <strong>le</strong> poids des mots par <strong>le</strong> nombre. La littérature <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s vices <strong>et</strong> <strong>le</strong>svertus prend diverses formes dont <strong>le</strong>s plus courantes <strong>son</strong>t <strong>le</strong> débat ou <strong>le</strong> traité. Dans ce291

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