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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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antiques <strong>son</strong>t rares dans <strong>le</strong>s conduits, mais assez courantes dans <strong>le</strong>s sermons de <strong>Philippe</strong><strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>. Les <strong>son</strong>orités des mots empruntés <strong>son</strong>t reprises pour <strong>le</strong>s rimes fina<strong>le</strong>s <strong>et</strong>internes, déterminant ainsi la cou<strong>le</strong>ur <strong>son</strong>ore de toute la strophe. Le rythme des mots desdeux premiers vers est éga<strong>le</strong>ment repris, comme si l’autorité pouvait servir de mou<strong>le</strong>référent pour former d’autres vers (voir <strong>le</strong> vers 5 de c<strong>et</strong>te strophe, par exemp<strong>le</strong>).La deuxième strophe débute par la référence à une autre autorité intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>,Isidore de Sévil<strong>le</strong>. Dans <strong>le</strong>s Sententiae (LII, 16), Isidore explique ainsi une citationd’Isaïe 99 : Lauatur <strong>et</strong> non est mundus qui plangit quae gessit nec deserit (LII, 16, §4a).Or c<strong>et</strong>te référence suit une autre citation des Écritures 100 (Canis reuersus ad uomitum <strong>et</strong>paenitens ad peccatum 101 ), que <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> cite lui-même dans la premièrestrophe de <strong>son</strong> conduit. Le traj<strong>et</strong> peut être représenté ainsi :Bib<strong>le</strong> Isidore de Sévil<strong>le</strong>, Sententiae <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>, Nitimurin v<strong>et</strong>itumProverbes 26,11: sicut canis quirevertitur ad vomitum suum.LII, 16, §2 : Canis reversus advomitum <strong>et</strong> paenitens adStrophe 1, vers 5-6 :redimus ad vomitumIsaïe 1, 16 : lavamini mundiestote auferte malumcogitationum vestrarum aboculis meis quiescite agereperverse.peccatumLII, 16, §4a : Lavatur <strong>et</strong> nonest mundus qui plangit quaegessit nec deserit.<strong>et</strong> r<strong>et</strong>ro respicimusStrophe 2, vers 1 :Qui plangit nec deserit<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> s’inscrit dans une tradition de commentaire biblique déjàancienne. L’autorité première, cel<strong>le</strong> de la Bib<strong>le</strong>, voyage au travers d’intermédiairesimportants pour la construction de la culture de tous <strong>le</strong>s <strong>le</strong>ttrés du Moyen Âge. Laculture du poète est la même que cel<strong>le</strong> de l’exégète <strong>et</strong> du prédicateur. On peut supposerque c<strong>et</strong>te culture <strong>et</strong> c<strong>et</strong>te aisance à manier <strong>le</strong>s textes <strong>son</strong>t aussi cel<strong>le</strong>s de l’auditoire. Lacitation du premier vers inaugure la structure grammatica<strong>le</strong> de toute la strophe 2 quireprend la construction proposée par Isidore en une succession de comparai<strong>son</strong>s. Larime interne due à la juxtaposition de deux verbes à la troisième per<strong>son</strong>ne (plangit,deserit) est reprise tout au long de la strophe car <strong>le</strong>s as<strong>son</strong>ances <strong>son</strong>t très proches ( –erit<strong>et</strong> –icit) :Qui plangit nec deseritmajori se subjicitut qui quod promiserit,in solvendo deficit99 Isaïe 1, 16 : lavamini mundi estote auferte malum cogitationum vestrarum ab oculis meis quiesciteagere perverse.100 Proverbes 26,11: sicut canis qui revertitur ad vomitum suum.101 ISIDORE de SÉVILLE, Sententiae, LII, 16, §2.263

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