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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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M’accomplist ma vo<strong>le</strong>nteit ? 96L’insatisfaction <strong>et</strong> l’attente <strong>son</strong>t des thèmes majeurs de la littérature courtoise. Or <strong>le</strong>début du texte latin évoque avec malice l’insatisfaction perpétuel<strong>le</strong> du désir, enempruntant à Ovide la sentence : « nitimur in v<strong>et</strong>itum semper cupimusque negata » 97 .L’emprunt au répertoire courtois est habi<strong>le</strong>ment poursuivi <strong>et</strong> tourné en dérision par laréférence à Ovide, autorité suprême en matière d’amour. C’est bien pour culpabiliser <strong>le</strong>désir <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tre à mal <strong>le</strong>s va<strong>le</strong>urs courtoises que c<strong>et</strong>te autorité est convoquée. Habi<strong>le</strong>ment,<strong>le</strong> poète latin moralisateur condamne <strong>le</strong>s comportements charnels en faisant appel aumaître à penser de l’amour courtois. Ce contrafactum est donc un moyen de luttercontre l’ennemie (<strong>le</strong> désir) en usant contre lui ses propres armes, c’est-à-dire ses formeslyriques <strong>et</strong> ses références.<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> glisse subrepticement un autre « clin d’œil » à lachan<strong>son</strong> en reprenant <strong>le</strong> motif de l’œil. Développée aux strophes 2 <strong>et</strong> 3 par <strong>le</strong> Châtelainde Coucy 98 , l’image est rappelée au quatrième vers de la strophe 3 du conduit : « cumclauduntur occuli ». Pour <strong>le</strong> poète courtois, l’œil est celui par qui la séduction arrivealors que pour <strong>le</strong> moraliste il est la porte du vice.La mélodie empruntée est, comme souvent dans <strong>le</strong>s chan<strong>son</strong>s de trouvère,structurée selon un cadre de répétition <strong>et</strong> de cadence très lisib<strong>le</strong>. L’analyse mélodique ducontrafactum latin doit donc s’attacher à comprendre comment <strong>le</strong> nouveau texte joue dece sque<strong>le</strong>tte donné comme il a joué de la référence au texte antérieur.La mélodie de la chan<strong>son</strong> est écrite en mode de ré. La phrase mélodique dupremier vers est descendante à partir de l’octave de la fina<strong>le</strong> (ré’) <strong>et</strong> valorise <strong>le</strong>s notesimportantes du mode, cel<strong>le</strong>s de la triade de la fina<strong>le</strong> (fa, la). Le rythme <strong>et</strong> <strong>le</strong> <strong>son</strong> des96 Hans TISCHLER (éd.), op. cit., n°897-7, strophe 5.97 OVIDE, Amores, LIII, Élégie 4.98 Hans TISCHLER (éd.), op. cit., n°897-7, strophe 2 vers 17-20 <strong>et</strong> strophe 3 :[…] Oeill, par vous sui je trahis ;voirs est, mal avez ovré,maiz or en aiez merciz<strong>et</strong> si vous soit pardouné.Oeill, tout c’est mainz que noienz ;je ne vous puis mal valoir,quar quant je me reporpenscom e<strong>le</strong> est be<strong>le</strong> a veoirsouvent me faites doloir,pour ce que trop vous truis <strong>le</strong>nt. […]259

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