Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...
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La rime interne sur interior au début du vers 7 se chante sur un dessin mélodiqueidentique à celui de la cadence du vers suivant (déjà entendu au vers 3 sur ad te clamo),tout en faisant écho à la fin du vers précédent (exterior). De plus, le début des vers 6 et8 est mélodiquement proche : ils commencent tous deux sur le do’ et amorcent unedescente en passant par les tierces la et fa. La cadence originale sur gravior à la fin duvers 7 suspend la ligne mélodique dans l’aigu du mode et crée une rupture entre lesdeux derniers vers. Cette suspension dramatique correspond bien au sens exprimé par lecomparatif gravior. Le vers 8 est écarté de ceux qui le précèdent ; il en est la synthèsemélodique et la conclusion. Dans les deux strophes suivantes, le texte ne ménage pas uneffet d’oppositions tel qu’on le rencontre dans cette première strophe. Cependant, lacésure au début du vers 7, matérialisée par la cadence, est toujours marquée au moyend’une rime interne forte (strophe 2 : pauperis, strophe 3 : aspera).Le texte est donc servi par la dynamique de la mélodie et pour la strophe 1, pardes mouvements qui soulignent ses figures et déterminent des regroupements de versselon les phrases. La strophe est savamment construite pour paraître cohérente d’unbout à l’autre. On peut représenter cette construction de la manière suivante :ProximitéVers 1-2Mouvement ouvert- closvers 3Vers 4-5Anaphore deVidevers 6 vers 7 vers 8Proximité mélodiqueDans ce conduit, le Christ prend la parole et sermonne l’Homme. Ce texte n’estpas l’unique admonition empruntant la voix du Christ inventée par Philippe leChancelier. Le conduit Quid ultra tibi facere (n°4) 90 use du même procédé pour faireentendre la voix du chancelier prédicateur et accroître la profondeur et la solennité dudiscours. Alors que dans ce dernier conduit le Christ formule des reproches destinés àses serviteurs, les pasteurs et au premier d’entre eux, le pape, dans Homo vide que pro tepatior, il s’adresse à l’ensemble des Hommes.Son discours se caractérise par une évidente simplicité et le souci d’êtreaccessible à tous. Cet objectif se décline sur différents plans :90 Voir l’analyse de ce conduit, p. 183.254
- La langue qu’il emploie est simple, construite selon des phrases courteset efficaces.- Le discours est direct. Le Christ apostrophe son auditoire à la deuxièmepersonne du singulier et lui intime ses ordres à l’impératif.- Les images sont accessibles et souvent connues : l’opposition de ladouleur extérieure et intérieure, la fragilité de la fleur, le corps désigné comme un vaseimpur. Ce sont des lieux communs que Philippe utilise souvent.- La rareté des citations bibliques. Contrairement à d’autres conduits, lesubstrat de culture biblique nécessaire est minimum. Il ne s’adresse pas à un auditoirecultivé. La seule citation importante se trouve au vers 2 et est empruntée auxLamentations (1, 12) : videte si est dolor sicut dolor meus. Elle contient plusieurs destermes qui constituent des repères auditifs pour la première strophe : l’anaphore de vide,la répétition du mot dolor de part et d’autre de la strophe et son assonance avec la rimefinale. La strophe est donc un développement de la citation. Quiconque connaît ce versetdes Lamentations trouve tout naturellement ses repères dans le poème.- Les conseils prodigués sont au cœur de la pastorale à destination desfidèles : respecter les commandements divins, vivre dans l’espérance du Salut, exercer lacharité, se prémunir des séductions du monde.- La mélodie entraîne l’auditeur d’un bout à l’autre de la strophe et soutientson attention sans le lasser.La construction d’ensemble du conduit, tel qu’il nous est parvenu dans Sab,respecte également une progression logique et pédagogique. La première strophe estcentrée sur le souvenir de la Passion et se termine sur l’ingratitude des Hommes àl’égard de la souffrance endurée par le Christ. Ce thème a déjà été exploité dans d’autresconduits (Quid ultra tibi facere, Clavus clavo retunditur 91 ). La deuxième strophedéplore la fragilité de la vie humaine et exhorte à choisir la voie du Salut et du méprisdu monde. La troisième strophe résume le propos de la deuxième et se termine surl’évocation des blessures du Christ par lesquelles le conduit commence à la strophe 1.Le vers 5 de cette strophe, que sum passus pro te considera est équivalent à l’incipitHomo vide que pro te patior.91 F, f°437v, attribution probable à Philippe le Chancelier.255
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La rime interne <strong>sur</strong> interior au début du vers 7 se chante <strong>sur</strong> un dessin mélodiqueidentique à celui de la cadence du vers suivant (déjà entendu au vers 3 <strong>sur</strong> ad te clamo),tout en faisant écho à la fin du vers précédent (exterior). De plus, <strong>le</strong> début des vers 6 <strong>et</strong>8 est mélodiquement proche : ils commencent tous deux <strong>sur</strong> <strong>le</strong> do’ <strong>et</strong> amorcent unedescente en passant par <strong>le</strong>s tierces la <strong>et</strong> fa. La cadence origina<strong>le</strong> <strong>sur</strong> gravior à la fin duvers 7 suspend la ligne mélodique dans l’aigu du mode <strong>et</strong> crée une rupture entre <strong>le</strong>sdeux derniers vers. C<strong>et</strong>te suspension dramatique correspond bien au sens exprimé par <strong>le</strong>comparatif gravior. Le vers 8 est écarté de ceux qui <strong>le</strong> précèdent ; il en est la synthèsemélodique <strong>et</strong> la conclusion. Dans <strong>le</strong>s deux strophes suivantes, <strong>le</strong> texte ne ménage pas uneff<strong>et</strong> d’oppositions tel qu’on <strong>le</strong> rencontre dans c<strong>et</strong>te première strophe. Cependant, lacé<strong>sur</strong>e au début du vers 7, matérialisée par la cadence, est toujours marquée au moyend’une rime interne forte (strophe 2 : pauperis, strophe 3 : aspera).Le texte est donc servi par la dynamique de la mélodie <strong>et</strong> pour la strophe 1, pardes mouvements qui soulignent ses figures <strong>et</strong> déterminent des regroupements de versselon <strong>le</strong>s phrases. La strophe est savamment construite pour paraître cohérente d’unbout à l’autre. On peut représenter c<strong>et</strong>te construction de la manière suivante :ProximitéVers 1-2Mouvement ouvert- closvers 3Vers 4-5Anaphore deVidevers 6 vers 7 vers 8Proximité mélodiqueDans ce conduit, <strong>le</strong> Christ prend la paro<strong>le</strong> <strong>et</strong> sermonne l’Homme. Ce texte n’estpas l’unique admonition empruntant la voix du Christ inventée par <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong>. Le conduit Quid ultra tibi facere (n°4) 90 use du même procédé pour faireentendre la voix du chancelier prédicateur <strong>et</strong> accroître la profondeur <strong>et</strong> la so<strong>le</strong>nnité dudiscours. Alors que dans ce dernier conduit <strong>le</strong> Christ formu<strong>le</strong> des reproches destinés àses serviteurs, <strong>le</strong>s pasteurs <strong>et</strong> au premier d’entre eux, <strong>le</strong> pape, dans Homo vide que pro tepatior, il s’adresse à l’ensemb<strong>le</strong> des Hommes.Son discours se caractérise par une évidente simplicité <strong>et</strong> <strong>le</strong> souci d’êtreaccessib<strong>le</strong> à tous. C<strong>et</strong> objectif se décline <strong>sur</strong> différents plans :90 Voir l’analyse de ce conduit, p. 183.254