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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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Dans Quo vadis quo progrederis, la paro<strong>le</strong> est distribuée entre <strong>le</strong>s deux locuteursallégoriques avec une grande équité. Le parallélisme frappant entre <strong>le</strong>s deux strophestémoigne du partage égalitaire alors que dans <strong>le</strong>s autres conduits <strong>sur</strong> <strong>le</strong> même suj<strong>et</strong>, c’estl’âme qui détient la paro<strong>le</strong> <strong>et</strong> qui accab<strong>le</strong> <strong>le</strong> corps de reproches 74 .L’intervention du corps commence par une suite de questions dont la premièrereprend l’interrogation des apôtres au Christ : Dicit ei Simon P<strong>et</strong>rus Domine quo vadisrespondit Iesus quo ego vado non potes me modo sequi sequeris autem postea (Jn 13,36). Tous <strong>le</strong>s verbes expriment <strong>le</strong> déplacement <strong>et</strong> la fuite vécue comme un abandon par<strong>le</strong> corps. L’accumulation des questions <strong>et</strong> l’eff<strong>et</strong> d’accroissement dirigent <strong>le</strong> discoursjusqu’au vers 5 où <strong>le</strong> mens est présenté comme la principa<strong>le</strong> puissance de l’âme. Dansun autre conduit, <strong>le</strong> mens est aussi présenté comme <strong>le</strong> siège des actes qui se détournentde la voie juste 75 . L’invitation au r<strong>et</strong>our <strong>sur</strong> soi qui apparaît dans <strong>le</strong>s deux strophes (vers6 <strong>et</strong> 7 : tecum delibera / considera) est, el<strong>le</strong> aussi, une formulation familière à plusieursconduits du <strong>Chancelier</strong>. La forme verba<strong>le</strong> impérative considera se r<strong>et</strong>rouve dans Ad cortuum revertere (n°3, début de la strophe 2) ou encore dans l’incipit de Homo considera(n°15).La réponse de l’âme (strophe 2) se place dans un rapport d’oppositiondia<strong>le</strong>ctique dès <strong>le</strong> début de la strophe :Sed tu quis es qui musitas.qui contra me gannire.qui contra [me] non hesitasLe ton <strong>et</strong> <strong>le</strong>s formes de la dispute <strong>son</strong>t ainsi clairement exprimés <strong>et</strong> l’auditeur sait, parces marques d’opposition, que <strong>le</strong> locuteur a changé. L’âme reproche au corps <strong>son</strong>orgueil. Alors qu’il n’est qu’un réceptac<strong>le</strong> (vas), <strong>le</strong> corps outrepasse <strong>son</strong> état en agissantsans considération. L’âme se voit obligée de dominer <strong>le</strong> corps par la contrainte. C<strong>et</strong>tedomination contrainte se trouve déjà formulée dans Homo natus ad laborem, où l’âmese plaint de ne pouvoir agir selon <strong>le</strong>s principes du Bien. La force du conduit Quo vadisquo progrederis est de présenter une forme synthétique <strong>et</strong> très organisée de l’oppositiondia<strong>le</strong>ctique traditionnel<strong>le</strong> entre <strong>le</strong> corps <strong>et</strong> l’âme.74 Voir analyse de Homo natus ad laborem/ tui status, n°1, p. 130.75 Voir <strong>le</strong> conduit O mens cogita, n°16, p. 273.224

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