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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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encore de synthétiser <strong>le</strong>s notions importantes, tous ces efforts concourent à as<strong>sur</strong>er latransmission du message, à construire pour lui un réceptac<strong>le</strong> efficace <strong>et</strong> élégant oùchaque auditeur puise des éléments à méditer. La première strophe fait un usageinsistant de la voie passive : egreditur, conteritur, labitur, oritur, dissolvitur, quatitur,extinguitur. L’Homme est ainsi déresponsabilisé de toute capacité <strong>et</strong> volonté d’agir.C’est bien là ce que <strong>le</strong> poète lui reproche, lui qui ne cherche pas à extraire <strong>son</strong> existencedu cours faci<strong>le</strong>, mais fragi<strong>le</strong> où il se laisse glisser. Dès la deuxième strophe, la situationd’énonciation change. Les verbes <strong>son</strong>t actifs <strong>et</strong> interrogatifs. Le poète s’adresse à <strong>son</strong>auditoire à la seconde per<strong>son</strong>ne du singulier : popularis, labaris, tendis, laberis,congeris ou encore immoreris. Ces variations verba<strong>le</strong>s entre la strophe 1 <strong>et</strong> <strong>le</strong>s autres<strong>son</strong>t d’autant plus mises en va<strong>le</strong>ur que <strong>le</strong>s désinences <strong>son</strong>t souvent utilisées commerimes <strong>et</strong> jouent un rô<strong>le</strong> structurel <strong>et</strong> <strong>son</strong>ore de première importance.À la strophe 5, la conclusion <strong>sur</strong> une vision eschatologique fait écho auxméthodes du commentaire biblique. Après avoir exposé <strong>le</strong> sens moral d’un passage del’écriture, l’exégète se doit de <strong>le</strong> m<strong>et</strong>tre en perspective avec <strong>le</strong> Jugement dernier pourrendre <strong>son</strong> enseignement parfaitement édifiant 71 . L’exploitation du sens moral <strong>et</strong>anagogique constitue <strong>le</strong>s deux derniers niveaux de la technique du commentairebiblique couramment utilisée depuis <strong>le</strong> début du XIII e sièc<strong>le</strong>. C’est, semb<strong>le</strong>-t-il, ce qui sepasse dans <strong>le</strong> texte du conduit avec l’intervention de c<strong>et</strong>te dernière strophe. De plus, larépartition des citations ou des allusions au texte biblique perm<strong>et</strong> de saisir <strong>le</strong>cheminement spirituel que <strong>le</strong> poète organise au long des strophes. La première strophedu texte présente un réseau assez dense de citations. Certaines <strong>son</strong>t très familières de<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>, d’autres plus rares. L’imbrication des citations entre el<strong>le</strong>s formeun réseau comparab<strong>le</strong> au système des concordances utilisé pour la construction dessermons. La mise en évidence du réseau intertextuel scripturaire perm<strong>et</strong> de constater lacontinuité de celui-ci tout au long du conduit. En eff<strong>et</strong>, l’image du feu qui ne s’éteintpas que l’on voit apparaître dans <strong>le</strong>s citations se rapportant à la première strophe, ser<strong>et</strong>rouve à la dernière strophe de manière implicite par l’évocation de la pail<strong>le</strong>. Lescitations, <strong>le</strong>s images <strong>et</strong> <strong>le</strong> vocabulaire empruntés à la Bib<strong>le</strong> <strong>son</strong>t localisés au début <strong>et</strong> à lafin du conduit. C<strong>et</strong>te répartition n’est certainement pas anodine <strong>et</strong> se comprend71 Henri de LUBAC, Exégèse médiéva<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s quatre sens de l’écriture, Paris, 1959 ; Gilbert DAHAN,L’exégèse chrétienne de la Bib<strong>le</strong> en Occident médiéval, Paris, 1999.213

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