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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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La situation d’énonciation du conduit change à plusieurs reprises. La premièrestrophe est à la première per<strong>son</strong>ne, énonciation plus rarement utilisée par <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong> dans ses œuvres lyriques. Il impose, dès l’incipit, <strong>son</strong> regard per<strong>son</strong>nel, <strong>son</strong>propre jugement (stricto iudicio) <strong>sur</strong> ce qui l’entoure (circumfero). Le vocabulairechoisi montre qu’il se situe comme <strong>le</strong> centre d’un cerc<strong>le</strong> composé par <strong>le</strong>s prélats :vertam, circumfero. L’expérience du <strong>Chancelier</strong> réapparaît lorsqu’il est question deRome <strong>et</strong> de la Curie. Ses charges d’archidiacre de Noyon puis de <strong>Chancelier</strong> de lacathédra<strong>le</strong> Notre-Dame de Paris l’amènent à faire au moins quatre fois <strong>le</strong> voyage pourRome. À notre connaissance, il y est appelé en 1216, en 1219, en 1221 puis en 1231,principa<strong>le</strong>ment pour défendre <strong>son</strong> autorité <strong>et</strong> justifier ses actes dans <strong>le</strong>s querel<strong>le</strong>s où ilprend part 63 . Le regard qu’il porte <strong>sur</strong> la Curie est empli de la plus grande sévérité. Ilfait part d’observations de même nature dans un autre texte poétique célèbre, Bullafulminante 64 . Rome y est dépeinte comme <strong>le</strong> règne du men<strong>son</strong>ge, de l’agitation vaine <strong>et</strong>de la trahi<strong>son</strong> :Bulla fulminantesub judice tonante,reo appelante,sententia gravante,veritas supprimitur,distrahitur<strong>et</strong> venditurjusticia prostante,itur <strong>et</strong> recurriturad curiam, nec antequid consequiturquam exuitur quadrante. 65Dans ce même texte, <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> insiste <strong>sur</strong> la corruption (auro nil potentiusnil gratius) <strong>et</strong> l’impossibilité d’y faire entendre ses arguments (frustra vitam pr<strong>et</strong>endas /mores non commendas / ne judicem offendas / frustra tuis litteris / inniteris). PaulMeyer interprète <strong>le</strong> vers 9 (itur <strong>et</strong> recurritur) comme l’expression de l’exaspération de<strong>Philippe</strong> qui, au cœur de la crise universitaire, se voit appelé à Rome deux fois63 Biographie développée dans l’introduction à la Summa de Bono, Niklaus WICKI (éd). PhilippiCancellarii Parisiensis Summa de bono, 2 vol., Berne, 1985, p. 11-28.64 Il s’agit d’une prosu<strong>le</strong> qui se chante <strong>sur</strong> la cauda fina<strong>le</strong> d’un conduit polyphonique attribué à <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong>, Dic Christi veritas (F, f°203-204v).65 LoB, f°38v, CB, f°54, Stutt, f°33v, F, f°204, Prague, f°37v. Traduction : « Sous <strong>le</strong>s bul<strong>le</strong>s fulminantes,<strong>le</strong> juge tonnant, l’accusé implorant, la sentence s’alourdissant, la vérité est supprimée, dépecée <strong>et</strong>ach<strong>et</strong>ée, la justice prostituée ; on va, on revient en courant à la Curie, on ne reçoit rien de ce que l’oncherche avant d’abandonner sa part. »199

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