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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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cadences, l’exploitation progressive des hauteurs). El<strong>le</strong> sert <strong>le</strong> texte dans <strong>son</strong> ensemb<strong>le</strong>en ménageant une dynamique qui parcourt <strong>le</strong>s six strophes. C<strong>et</strong>te progression s’attacheplus à révé<strong>le</strong>r <strong>le</strong> sens global du texte qu’à jouer <strong>sur</strong> <strong>le</strong>s figures poétiques ponctuel<strong>le</strong>s.L’accroissement mis en place par la mélodie reflète en eff<strong>et</strong> l’apparition progressive duthème du Jugement dernier, menace ultime <strong>et</strong> effrayante.C<strong>et</strong>te évocation grandiloquente du Jugement dernier entremê<strong>le</strong> plusieursréseaux d’images <strong>et</strong> de citations. Il s’adresse à un public connaisseur du texte bibliquedans une langue souvent comp<strong>le</strong>xe <strong>et</strong> empruntant des métaphores plutôt obscures. Ceconduit est plus certainement un texte à méditer longuement pour en extraire <strong>le</strong> sensqu’un appel direct <strong>et</strong> impulsif adressé à tout un chacun. Les menaces <strong>son</strong>t lourdes deconséquences <strong>et</strong> <strong>le</strong>s attaques touchent au plus haut rang de la hiérarchie clérica<strong>le</strong>. Lamétaphore de la société comme un corps dont l’Église est la tête est utilisée de manièreviru<strong>le</strong>nte. Ce corps acépha<strong>le</strong> est symbolique à différents niveaux. Il est <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> amoralcar <strong>le</strong>s c<strong>le</strong>rcs lui donnent un mauvais exemp<strong>le</strong>. Il peut aussi figurer <strong>le</strong>s prélats dont latête, c’est-à-dire Rome, ne dirige plus <strong>le</strong>s membres. L’image du corps harmonieux quine peut souffrir la défection de l’un de ses membres suit la citation de l’Évangi<strong>le</strong> deMatthieu utilisée en incipit 57 . Mieux vaut renoncer à une main, un pied ou un œil que desubir <strong>le</strong>ur désordre. Chaque membre est donc, à <strong>son</strong> échel<strong>le</strong>, responsab<strong>le</strong> de l’harmoniedu corps. Ces vers<strong>et</strong>s <strong>son</strong>t à l’origine de c<strong>et</strong>te métaphore corporel<strong>le</strong> souvent utilisée dansla littérature chrétienne 58 .Le Christ prédicateur enseigne à ses discip<strong>le</strong>s au moyen d’images. Ce <strong>son</strong>t cesmétaphores que <strong>le</strong> poète utilise pour dénoncer <strong>le</strong> comportement des prélats avides <strong>et</strong>indisciplinés. Le troupeau, <strong>le</strong> loup chassé, la vigne ou encore la parabo<strong>le</strong> des vignerons<strong>son</strong>t autant de métaphores qui expliquent <strong>le</strong> lien qui unit <strong>le</strong> Christ à <strong>son</strong> Père de la mêmemanière que l’Église est liée au Christ ou <strong>le</strong>s prélats à Rome <strong>et</strong> <strong>le</strong>s c<strong>le</strong>rcs aux fidè<strong>le</strong>s.Les différents niveaux de soumission qui fondent <strong>le</strong> rapport de l’Église à la société desHommes <strong>son</strong>t sans cesse rappelés dans ce conduit. La paro<strong>le</strong> du Christ est citée ouévoquée pour que sa prédication soit réactualisée <strong>et</strong> prenne place dans <strong>le</strong> contexte57 Mt 18, 8-9 : Si autem manus tua vel pes tuus scandalizat te abscide eum, <strong>et</strong> proice abs te bonum tibi estad vitam ingredi debi<strong>le</strong>m vel clodum quam duas manus vel duos pedes habentem mitti in ignemæternum <strong>et</strong> si oculus tuus scandalizat te erue eum <strong>et</strong> proice abs te bonum tibi est cum unoculum invitam intrare quam duos oculos habentem mitti in gehennam ignis.58 On la trouve éga<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>s sermons de <strong>Philippe</strong>, par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong> sermon 208 des Distinctiones.Voir aussi l’analyse du conduit Fontis in rivulum (n°2), p. 145.189

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