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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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connu du début à la fin. La mélodie est parsemée d’éléments identifiab<strong>le</strong>s, d’un motif <strong>et</strong>de ses transformations, plaçant l’oreil<strong>le</strong> en situation de reconnaissance plus que dedécouverte ou de <strong>sur</strong>prise.<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> consacre l’ensemb<strong>le</strong> du conduit au thème de la pauvr<strong>et</strong>é.Il est parfois question de l’abus des richesses, de l’avidité dans d’autres conduits, maisaucun n’est entièrement voué à la louange de la pauvr<strong>et</strong>é. Le prédicateur par<strong>le</strong> d’abord àla première per<strong>son</strong>ne du pluriel. Il s’inclut per<strong>son</strong>nel<strong>le</strong>ment dans la communauté despécheurs (nostra malignitas). La deuxième partie de la première strophe dénoncel’opu<strong>le</strong>nce des puissants en montrant l’âpr<strong>et</strong>é de la sanction qui <strong>le</strong>s gu<strong>et</strong>te.L’énonciation passe ensuite à la deuxième per<strong>son</strong>ne du singulier (nescis, vide, disce,sp<strong>et</strong>a). L’orateur reprend donc un usage courant qui est de s’adresser directement à <strong>son</strong>auditoire au moyen de verbes à l’impératif. L’objectif est de perm<strong>et</strong>tre une prise deconscience, une réf<strong>le</strong>xion immédiate <strong>et</strong> à plus long terme <strong>sur</strong> l’état du monde. Ladeuxième strophe présente la vanité de la richesse <strong>et</strong> <strong>le</strong>s tourments qu’el<strong>le</strong> cause. Latroisième strophe est un éloge du dénuement, dont <strong>le</strong> Christ est <strong>le</strong> modè<strong>le</strong> absolu. Lechoix de la pauvr<strong>et</strong>é dispose l’esprit à la réf<strong>le</strong>xion <strong>et</strong> à des loisirs d’une douceur encoreinconnue de l’Homme vulgaire. L’imitation de la pauvr<strong>et</strong>é du Christ est certes un thèmerécurrent <strong>et</strong> constitutif de la doctrine chrétienne mais il connaît au XIII e sièc<strong>le</strong> un regaind’actualité. Saint François d’Assise en est <strong>le</strong> défenseur <strong>le</strong> plus fervent <strong>et</strong> <strong>le</strong> plus célèbre.La naissance des ordres mendiants <strong>et</strong> <strong>le</strong>ur implantation dans Paris au moment où<strong>Philippe</strong> est chancelier posent des problèmes théologiques tout autant que politiques.<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> a parfois été présenté comme un adversaire des ordres mendiantsmais il a été prouvé qu’il n’en était rien 51 . Au contraire, il est de ceux qui contribuent àl’installation des Dominicains à Paris 52 <strong>et</strong> décerne <strong>le</strong>s premières licences aux maîtresmendiants. Preuve ultime de ses bonnes relations avec <strong>le</strong>s nouveaux ordres, il fut enterréchez <strong>le</strong>s Franciscains. Ce conduit où <strong>le</strong> renoncement <strong>et</strong> <strong>le</strong> vœu de pauvr<strong>et</strong>é <strong>son</strong>t montréscomme l’aboutissement d’un chemin spirituel peut être lu comme un hommage à ceuxqui ont choisi l’abandon des richesses pour se consacrer à la diffusion de la Paro<strong>le</strong>.51 Robert E. LERNER, « Weltk<strong>le</strong>rus und religiöse Bewegung im 13. Jahrhundert, das Beispiel Philipps desKanz<strong>le</strong>rs », Archiv für Kulturgeschichte, LI (1969), p. 94-108 <strong>et</strong> du même auteur, la mise au point plusrécente appuyée <strong>sur</strong> une <strong>le</strong>cture des sermons des Distinctionnes super Psalterium : « Philip theChancellor gre<strong>et</strong>s the Early Dominicans in Paris », Archivum fratrum praedicatorum, LXXVII (2007),p. 5-17.52 Il est invité à prêcher pour l’inauguration du couvent parisien de Vauvert. Voir Damien VORREUX,« Un sermon de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> en faveur des Frères Mineurs de Vauvert (Paris) 1 septembre1228 », Archivum franciscanum historicum, LXVIII (1975), p. 13-22.174

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