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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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marc<strong>et</strong> occio, strophe 3, vers 5 <strong>et</strong> 6) puis du pluriel (u<strong>sur</strong>pant sacerdotium, strophe 5vers 6). La strophe 6 rem<strong>et</strong> au premier plan la per<strong>son</strong>ne du Christ par la répétition despossessifs meum <strong>et</strong> meis (vers 1-4). Le pape y est montré du doigt (Meum vicarium)même si <strong>le</strong>s reproches formulés dans <strong>le</strong>s strophes antérieures lui étaient aussiindirectement adressés.Le conduit s’ouvre <strong>sur</strong> une citation d’Isaïe qui condamne <strong>le</strong>s dérèg<strong>le</strong>ments <strong>et</strong><strong>le</strong>s fautes de Jérusa<strong>le</strong>m dans un poème dit « Chant de la vigne » : Qui est quod debuiultra facere vineae meae <strong>et</strong> non feci (Is. 5, 4). C<strong>et</strong>te image de la vigne porteuse demalédictions qui détourne <strong>le</strong>s Hommes de Dieu est transposée par <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong> <strong>et</strong> devient l’image de l’Église infidè<strong>le</strong> dont <strong>le</strong> Christ ne peut récolter <strong>le</strong>sfruits ni de <strong>son</strong> exemp<strong>le</strong> ni de la Paro<strong>le</strong> qu’il a prodiguée. À la citation de l’AncienTestament succède immédiatement l’évocation de la Passion <strong>et</strong> des supplices enduréspar <strong>le</strong> Christ. Son sacrifice n’est pas présenté comme un don gratuit mais comme unéchange qui instaure entre lui <strong>et</strong> <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rgé, une relation d’ordre commercia<strong>le</strong> 48 : Quidpotes michi reddere (strophe 1 vers 3), vice mutui (strophe 1 vers 7), facitque mutatoriade meo patrimonio (strophe 3 vers 7 <strong>et</strong> 8), creditum (strophe 5 vers 2), lane pr<strong>et</strong>ium(strophe 5 vers 6). L’Homme a une d<strong>et</strong>te envers <strong>le</strong> Christ. Celui-ci m<strong>et</strong> à disposition <strong>son</strong>patrimoine <strong>et</strong> <strong>son</strong> exemp<strong>le</strong> en échange du sacerdoce. Ce commerce spirituel est rompupar l’Église <strong>et</strong> ses serviteurs qui dilapident <strong>le</strong> patrimoine du Christ (strophe 6 vers 3-5)<strong>et</strong> s’adonnent à des commerces terrestres au lieu de faire l’aumône de ces richessesspirituel<strong>le</strong>s. Au marché juste proposé par <strong>le</strong> Christ, l’Église <strong>et</strong> ses serviteurs répondentpar la corruption <strong>et</strong> la force (vel vi vel muneribus, strophe 6 vers 8) <strong>et</strong> préfèrent <strong>le</strong>pouvoir <strong>et</strong> la luxure. La représentation du devoir moral des prêtres sous la forme d’unéchange est éga<strong>le</strong>ment exprimée au moyen des pronoms per<strong>son</strong>nels <strong>et</strong> possessifs. Dès<strong>le</strong>s premiers vers, <strong>le</strong> Christ <strong>et</strong> ceux à qui il s’adresse <strong>son</strong>t présentés comme <strong>le</strong>s deuxpartenaires d’une relation commercia<strong>le</strong>. Le chiasme entre <strong>le</strong>s pronoms à la première <strong>et</strong>la deuxième per<strong>son</strong>ne est clairement souligné <strong>et</strong> la répétition mélodique perm<strong>et</strong> de larendre immédiatement perceptib<strong>le</strong> à l’audition. Par la suite, <strong>le</strong>s pronoms <strong>son</strong>t souventplacés à des moments importants de la structure du texte <strong>et</strong> de la mélodie.48 Le développement des échanges commerciaux, contemporain de l’essor de la prédication, estprobab<strong>le</strong>ment la cause de l’émergence de la figure du bon <strong>et</strong> du mauvais commerçant <strong>et</strong> du Christmarchandcomme métaphores socia<strong>le</strong>s <strong>et</strong> mora<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s sermons. Voir David D’AVRAY, ThePreaching of the Friars: Sermons diffused from Paris before 1300, Oxford, 1985, p. 207 sq.167

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