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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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peut être comparé à l’ajout des exempla dans la pratique des sermons, comme unélément mobi<strong>le</strong> <strong>et</strong> facultatif.L’une des nombreuses sources poétiques, <strong>le</strong> manuscrit de Char<strong>le</strong>vil<strong>le</strong> BM 190,intègre <strong>le</strong> conduit Quid ultra tibi facere à une col<strong>le</strong>ction de textes du poète Gautier deChâtillon. La source a été étudiée par André Wilmart qui rej<strong>et</strong>te l’attribution au poètelillois. Ses arguments s’appuient <strong>sur</strong> des éléments poétiques techniques ainsi que <strong>sur</strong> unjugement très per<strong>son</strong>nel. Le texte n’est pas, selon lui, à la hauteur du sty<strong>le</strong> des autrespoèmes de Gautier de Châtillon. Il reconnaît d’ail<strong>le</strong>urs ne pas être à l’abri d’un certainparti pris 47 . En revanche, il accorde ses faveurs prudentes pour l’attribution à <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong><strong>Chancelier</strong> dont <strong>le</strong> corpus est encore mal connu au moment de la publication de <strong>son</strong>étude. Le manuscrit de Char<strong>le</strong>vil<strong>le</strong> est daté par André Wilmart de la fin du XII e sièc<strong>le</strong>, cequi nous indiquerait que ce texte est une œuvre de jeunesse du <strong>Chancelier</strong> <strong>Philippe</strong>. Laplupart des autres sources textuel<strong>le</strong>s <strong>son</strong>t beaucoup plus tardives.La version qui sera étudiée ici est cel<strong>le</strong> du manuscrit F. Nous lais<strong>son</strong>s donc decôté <strong>le</strong>s deux strophes poétiques fina<strong>le</strong>s. La forme du conduit est régulière <strong>et</strong> strophique.Les strophes poétiques de dix vers octosyllabiques <strong>son</strong>t couplées deux à deux par <strong>le</strong>sterminai<strong>son</strong>s des rimes. Les coup<strong>le</strong>s ainsi déterminés par <strong>le</strong>s <strong>son</strong>orités formentéga<strong>le</strong>ment des binômes du point de vue de sens.Strophes 1 <strong>et</strong> 2Strophes 3 <strong>et</strong> 4Strophes 5 <strong>et</strong> 6a : –ereb : –uia : –iob : –iaa : –iumb : –ibusLe schéma des rimes est identique pour toutes <strong>le</strong>s strophes : abab ba abab. La rupturedes rimes suivies aux vers 5 <strong>et</strong> 6 en inversant <strong>le</strong>s <strong>son</strong>orités (ba) perm<strong>et</strong> de faire entendredeux coup<strong>le</strong>s de rimes suivies (bb aa), de façon à perturber la régularité de l’alternance47 André WILMART, « Poèmes de Gautier de Châtillon dans un manuscrit de Char<strong>le</strong>vil<strong>le</strong> », Revuebénédictine, XLIX (1937), p. 166-167 : « Mais il est aisé de constater que jamais ail<strong>le</strong>urs Gautiern’emploie la laisse de dix vers. En outre, la facture est très lâche. […] De c<strong>et</strong>te différence, on a <strong>le</strong> droitde conclure que l’auteur a fabriqué <strong>son</strong> morceau d’une main rapide. C<strong>et</strong>te négligence se manifestedavantage encore dans l’emploi de l’hiatus ; on ne rencontre pas moins de sept fois <strong>le</strong> choc desvoyel<strong>le</strong>s. C’est <strong>sur</strong>tout à cause de ces hiatus réitérés que l’attribution à Gautier, postuléematériel<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> contexte, perd sa vraisemblance. À quoi s’ajoute une certaine mol<strong>le</strong>sse du sty<strong>le</strong>,découlant si l’on peut dire, d’une certaine banalité faci<strong>le</strong> des pensées <strong>et</strong> des images. Sur ce point, il estdélicat d’insister beaucoup ; on craint d’être victime du parti pris. Gautier aurait pu être en unemauvaise veine, ou bien chargé de trop de travaux d’écriture. Néanmoins, je dois avouer marépugnance à faire intervenir sa per<strong>son</strong>ne <strong>et</strong> <strong>son</strong> ta<strong>le</strong>nt à propos d’une pièce, si mal venue au total. »162

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