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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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à toucher une élite, la mélodie est un moyen d’élévation du discours, un moyen derendre l’ensemb<strong>le</strong> encore plus savant.Le poète dresse une accusation de tous ceux qui devraient, par <strong>le</strong>urs actes,assumer un rô<strong>le</strong> d’exemp<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> : ce <strong>son</strong>t d’abord <strong>le</strong>s dirigeants <strong>et</strong> hommes depouvoirs (regentis, strophe 1 vers 6) puis <strong>le</strong>s savants détenteurs de la doctrine (doctor,strophe 2, Vers 1), ensuite ceux qui <strong>son</strong>t à la tête de l’Église <strong>et</strong> qui la dirigent (romanecurie, strophe 3, vers 4), enfin la masse des prélats <strong>et</strong> des c<strong>le</strong>rcs (prelati, strophe 4, vers1, in c<strong>le</strong>ricis, strophe 7, vers 2). La métaphore de l’Église comme un corps dont <strong>le</strong>smaux de tête se diffusent dans <strong>le</strong>s membres (strophe 2 : dum caput patitur <strong>et</strong> menbrasingula) a déjà été largement exploitée par <strong>Philippe</strong> dans un autre de ses conduits, Intermembra singula 36 . Dans ce texte, <strong>le</strong>s membres <strong>et</strong> organes se rebel<strong>le</strong>nt contre l’estomac,mais <strong>le</strong> cœur intervient pour faire comprendre aux plaignants l’utilité de tous pour <strong>le</strong>fonctionnement du corps 37 . C<strong>et</strong>te longue séquence se termine par l’explication de lamétaphore : comme un corps, l’Église doit as<strong>sur</strong>er la cohésion de tous ses membres. Lessermons <strong>et</strong> en premier lieu ceux de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> reprennent volontiers l’imagedu corps avec des variations possib<strong>le</strong>s. La tête est généra<strong>le</strong>ment une figure du Christ quirègne <strong>sur</strong> <strong>le</strong> corps, l’Église. Selon l’échel<strong>le</strong> de la métaphore <strong>et</strong> la nature du discours, ilpeut aussi être question de Rome ou des prélats conformément à la fonction incarnée par<strong>le</strong> corps symbolique. Quel qu’il soit, <strong>le</strong> corps est souvent souffrant <strong>et</strong> c’est précisément<strong>le</strong> cas dans Fontis in rivulum. L’image de la diffusion du Mal comme une maladieinfectieuse est omniprésente dans toute la première partie du texte, comme en témoignel’usage de verbes tels que defluere, inbuere, inficere, manere. El<strong>le</strong> s’expose clairement àla fin de la strophe 3 où la fil<strong>le</strong> (<strong>le</strong>s prélats) est infectée par la mère (la Curie).La culture de l’auditoire autorise <strong>le</strong> poète à faire de nombreuses référencesbibliques. Cependant, cel<strong>le</strong>s-ci restent ponctuel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong> cours du texte. Les deuxdernières strophes qui utilisent la menace du Jugement dernier <strong>son</strong>t, pour <strong>le</strong>ur part, bienplus proches du texte des Évangi<strong>le</strong>s. D’autres conduits de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong>reprennent <strong>le</strong>s termes <strong>et</strong> formulations des Évangi<strong>le</strong>s. Comparons la strophe 9 avec la fin36 LoB, f°12.37 La même métaphore est utilisée par Tite Live, Ab urbe condita, II, §32, 8-12. La dispute des organes ducorps est aussi présente dans I Co 12, 12-31.145

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