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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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in rivulum. Il se compose de 38 notes, ce qui fait de lui <strong>le</strong> mélisme <strong>le</strong> plus long duconduit. La vocalise s’organise méticu<strong>le</strong>usement à l’intérieur de la quinte qui sépare lafina<strong>le</strong> de la teneur (sol-ré) au moyen d’une gradatio descendante en trois étapes. La findu mélisme explore la partie la plus grave du mode, jusqu’à l’étonnante cadence quipasse par la quarte inférieure avant de rejoindre la fina<strong>le</strong> :Fontis in rivulum est donc un conduit long, comp<strong>le</strong>xe <strong>et</strong> inégal dans sadifficulté. Les dernières strophes semb<strong>le</strong>nt en eff<strong>et</strong> plus accessib<strong>le</strong>s <strong>et</strong> fournissentdavantage de repères ras<strong>sur</strong>ants que <strong>le</strong>s premières. La longueur de ces dix strophesexige, tant de la part de l’auditeur que de cel<strong>le</strong> du chanteur, une capacité d’attentionassez soutenue. L’interprétation de l’œuvre dans sa totalité peut être estimée à sixminutes environ, ce qui pose des questions quant aux circonstances de l’interprétation, àla mémorisation de l’œuvre par l’interprète <strong>et</strong> à la qualité de sa réception. La mélodie nerend pas <strong>le</strong> texte plus faci<strong>le</strong> à comprendre, même s’il arrive qu’el<strong>le</strong> contribue à laclarification grammatica<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> n’a pas pour fonction de soulager la mémoire ou degarantir l’attention en proposant des formu<strong>le</strong>s <strong>et</strong> des phrases récurrentes. L’analyse amontré qu’en plusieurs occasions <strong>et</strong> <strong>sur</strong> l’ensemb<strong>le</strong> du conduit, la mélodie s’attache àm<strong>et</strong>tre en va<strong>le</strong>ur certains eff<strong>et</strong>s <strong>son</strong>ores du texte, comme <strong>le</strong>s allitérations ou <strong>le</strong>s jeux deparallélisme rythmique d’un vers à l’autre. Cela se produit cependant de manière nonsystématique <strong>sur</strong> toutes <strong>le</strong>s figures qu’offre <strong>le</strong> texte. La musique assume cependant unrô<strong>le</strong> structurel puisqu’el<strong>le</strong> délimite <strong>le</strong>s entités strophiques ou <strong>le</strong>s groupements internesau moyen des mélismes <strong>et</strong> des cadences qui <strong>son</strong>t de véritab<strong>le</strong>s signaux pour l’oreil<strong>le</strong>. Enplus de cela, la mélodie peut m<strong>et</strong>tre en place certaines figures d’une rhétoriqueparfaitement indépendante du texte. En eff<strong>et</strong>, l’usage de la gradatio comme figure derépétition mélodique a été signalé à plusieurs. Ici, c<strong>et</strong>te figure est à comprendre commeun procédé d’invention <strong>et</strong> de développement mélodique purement musical, sans rapportprécis avec <strong>le</strong> texte. L’apport du compositeur est donc subtil car la mélodie agit pourdifférents intérêts : orner <strong>et</strong> embellir, souligner, structurer l’audition du texte, tout enexistant pour el<strong>le</strong>-même. La mélodie éclaire <strong>le</strong> texte, <strong>le</strong> soutient sans pour autantchercher la simplification ou la communication de masse. Tout comme <strong>le</strong>s mots tendent144

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