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Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...

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<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> dans <strong>le</strong>s conduits moraux, généra<strong>le</strong>ment à l’intention del’Homme : l’impératif « considera », la lamentation <strong>sur</strong> la destinée <strong>et</strong> <strong>sur</strong> l’état (status)dans <strong>le</strong>quel se trouve l’Homme. On r<strong>et</strong>rouve effectivement la même chose dès l’incipitde c<strong>et</strong> autre conduit :Homo consideraqualis quam misera.sors vite sit mortalis. 32On peut éga<strong>le</strong>ment entendre une référence à la deuxième strophe de Ad cor tuumrevertere :O conditio miseraconsidera quam asperasic hec vita. 33Si c’est bien l’âme qui par<strong>le</strong> du début à la fin des six strophes, c’est l’Homme qui estresponsab<strong>le</strong> de <strong>son</strong> propre malheur. L’âme s’avoue donc dépassée par une puissancesupérieure qui pousse l’Homme dans <strong>le</strong> mauvais chemin. Les réf<strong>le</strong>xions en matière depsychologie, menées tout au long de la Summa de Bono, trouvent ici un écho poétique 34 .<strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> m<strong>et</strong> en évidence <strong>le</strong>s facultés de l’âme humaine qui perm<strong>et</strong>tent dedécider du bon ou d’un mauvais comportement. Si la syndérèse est l’intuition quidifférencie <strong>le</strong> bien du mal, l’Homme reste maître de <strong>son</strong> libre arbitre <strong>et</strong> est capab<strong>le</strong>d’orienter ses actes par lui-même. En cherchant l’explication du Mal, c’est unmécanisme comp<strong>le</strong>xe de l’âme qui est décortiqué. <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> fait de lasyndérèse une affaire de volonté <strong>et</strong> non plus une faculté de l’âme. Ce conduit montrantune âme dépossédée de <strong>son</strong> pouvoir de décision <strong>et</strong> soumise à une puissance malfaisantepeut être <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t de ces réf<strong>le</strong>xions théologico-psychologiques.Selon que l’on attribue à l’âme seu<strong>le</strong> ou au binôme corps-âme la paro<strong>le</strong> de ceconduit, <strong>le</strong> sens se trouve grandement changé. Dans un cas, l’âme est désignée commeune puissance malveillante par <strong>le</strong> corps, dans l’autre, el<strong>le</strong> est impuissante <strong>et</strong> désabusée.C<strong>et</strong>te ambiguïté a peut-être été envisagée par <strong>le</strong> poète lui-même qui, sous l’apparenced’un dialogue de forme classique, offre une tribune à des conceptions psychologiquesnovatrices.32 N°15, LoB, f°22v <strong>et</strong> F, f°438v, voir analyse p. 265.33 N°3, F, f°420v, voir analyse p. 149.34 Une première approche de l’apport de la pensée de <strong>Philippe</strong> <strong>le</strong> <strong>Chancelier</strong> en matière de psychologiepeut se faire en consultant Odon D. LOTTIN, « Le Créateur du traité De Synderesis », Revue néoscolastiquede philosophie, XXIX (1927), p. 197-222 ou Psychologie <strong>et</strong> mora<strong>le</strong> aux XII è <strong>et</strong> XIII è sièc<strong>le</strong>s,4 vol., Louvain-Gembloux, 1942.131

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