Philippe le Chancelier et son oeuvre : étude sur l'élaboration d'une ...
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Une autre figure de répétition sonore se superpose à la gradatio qui enjambe les deuxvers. Les rimes de ces deux quadrisyllabes sont en effet placées sur un motif identique(en pointillés dans l’exemple qui précède). Ainsi, la mélodie se constitue d’unemboîtement de figures à deux niveaux, l’une marquant les vers et l’autre les englobant.Les cadences mélodiques sur la finale ponctuent le texte aux momentsimportants pour la compréhension du sens. La mélodie obéit à une syntaxe identique àcelle du texte. Les derniers vers de la strophe 1 montrent l’organisation grammaticale etfonctionnelle de la mélodie. Les vers 9 à 11 forment deux propositions introduites parquod :quod misere commiserisquod paterismiser impropera.La mélodie marque clairement la fin de chaque proposition par une cadence conclusiveaux formules identiques. Les deux propositions (quod…) commencent sur la même note,si :La répétition de la structure grammaticale a pour objectif d’accabler de reproches ledestinataire du conduit. À cette construction redondante, s’ajoutent les effets derépétitions de mots dérivés de miser (trois fois dans ces deux vers) ainsi que lesmouvements mélismatiques descendants rapides et impressionnants.Le mélisme final de cette strophe assume remarquablement bien le rôle deconclusion. Les motifs se resserrent étape par étape sur la finale en diminuant l’ambitus.L’ornementation se simplifie progressivement :126
Le premier motif ascendant (encerclé) est identique à celui qui ouvre les deux parties dela cauda introductive, reliant le début et la fin et assurant l’unité sonore de l’ensemble.La valeur rhétorique de cette cauda est identique à celle d’une péroraison :l’ornementation rappelle celle de l’introduction et se raréfie peu à peu pour mettre envaleur la cadence finale. Les mélismes introductifs et conclusifs de cette strophe sontdonc particulièrement efficaces d’un point de vue rhétorique. Le premier présentel’univers sonore et habitue l’oreille au mode du conduit tandis que le dernier part dumême motif et le resserre sur la finale. L’unité motivique de ces deux caudae fournit àl’auditeur des indices pour se repérer dans la structure en signalant les passagesmélismatiques par les mêmes formules.La strophe II est plus courte que la strophe I et commence sans mélisme. Lemélisme conclusif de la strophe précédente a amplement suffi à poser les repèresstructurels nécessaires à l’auditeur. Le début de la strophe insiste sur la responsabilité del’Homme dans le péché. Le sens est appuyé au moyen de jeux sonores : la rime interne(in abysum et commissum) ainsi que l’identité de la rime finale (ducis). Les deux verscommencent de manières différentes, l’un sur la finale et l’autre dans l’aigu, mais fontentendre une même descente mélodique au moment de la rime interne, aboutissant sur lafinale. Deux mots sont ainsi mis en valeur : la faute (culpe) et l’action (opus) sont ainsimises en valeur.ouvertvers 1 vers 2closLes deux vers se terminent successivement sur une cadence ouverte puis close, sur unerime identique (ducis). Il est très rare que la rime utilise la répétition exacte d’un mêmemot. Il y a donc ici une intention forte, celle de mettre en valeur le sens du verbe choisi.À la deuxième personne du singulier, il pointe du doigt l’auditoire qui conduit (ducere)son propre destin. La mélodie souligne donc le texte avec un grand naturel pour quel’oreille soit guidée dans sa perception. Les mots importants ressortent grâce auxcontours de la mélodie qui les épouse.Comme dans les strophes précédentes, les vers courts de quatre syllabesbénéficient d’un traitement spécial qui insiste sur la répétition sonore rapprochée. Laparonomase entre perimis et oprimis à la strophe 3 puis entre sensibus et assensibus à la127
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Le premier motif ascendant (encerclé) est identique à celui qui ouvre <strong>le</strong>s deux parties dela cauda introductive, reliant <strong>le</strong> début <strong>et</strong> la fin <strong>et</strong> as<strong>sur</strong>ant l’unité <strong>son</strong>ore de l’ensemb<strong>le</strong>.La va<strong>le</strong>ur rhétorique de c<strong>et</strong>te cauda est identique à cel<strong>le</strong> d’une pérorai<strong>son</strong> :l’ornementation rappel<strong>le</strong> cel<strong>le</strong> de l’introduction <strong>et</strong> se raréfie peu à peu pour m<strong>et</strong>tre enva<strong>le</strong>ur la cadence fina<strong>le</strong>. Les mélismes introductifs <strong>et</strong> conclusifs de c<strong>et</strong>te strophe <strong>son</strong>tdonc particulièrement efficaces d’un point de vue rhétorique. Le premier présentel’univers <strong>son</strong>ore <strong>et</strong> habitue l’oreil<strong>le</strong> au mode du conduit tandis que <strong>le</strong> dernier part dumême motif <strong>et</strong> <strong>le</strong> resserre <strong>sur</strong> la fina<strong>le</strong>. L’unité motivique de ces deux caudae fournit àl’auditeur des indices pour se repérer dans la structure en signalant <strong>le</strong>s passagesmélismatiques par <strong>le</strong>s mêmes formu<strong>le</strong>s.La strophe II est plus courte que la strophe I <strong>et</strong> commence sans mélisme. Lemélisme conclusif de la strophe précédente a amp<strong>le</strong>ment suffi à poser <strong>le</strong>s repèresstructurels nécessaires à l’auditeur. Le début de la strophe insiste <strong>sur</strong> la responsabilité del’Homme dans <strong>le</strong> péché. Le sens est appuyé au moyen de jeux <strong>son</strong>ores : la rime interne(in abysum <strong>et</strong> commissum) ainsi que l’identité de la rime fina<strong>le</strong> (ducis). Les deux verscommencent de manières différentes, l’un <strong>sur</strong> la fina<strong>le</strong> <strong>et</strong> l’autre dans l’aigu, mais fontentendre une même descente mélodique au moment de la rime interne, aboutissant <strong>sur</strong> lafina<strong>le</strong>. Deux mots <strong>son</strong>t ainsi mis en va<strong>le</strong>ur : la faute (culpe) <strong>et</strong> l’action (opus) <strong>son</strong>t ainsimises en va<strong>le</strong>ur.ouvertvers 1 vers 2closLes deux vers se terminent successivement <strong>sur</strong> une cadence ouverte puis close, <strong>sur</strong> unerime identique (ducis). Il est très rare que la rime utilise la répétition exacte d’un mêmemot. Il y a donc ici une intention forte, cel<strong>le</strong> de m<strong>et</strong>tre en va<strong>le</strong>ur <strong>le</strong> sens du verbe choisi.À la deuxième per<strong>son</strong>ne du singulier, il pointe du doigt l’auditoire qui conduit (ducere)<strong>son</strong> propre destin. La mélodie souligne donc <strong>le</strong> texte avec un grand naturel pour quel’oreil<strong>le</strong> soit guidée dans sa perception. Les mots importants ressortent grâce auxcontours de la mélodie qui <strong>le</strong>s épouse.Comme dans <strong>le</strong>s strophes précédentes, <strong>le</strong>s vers courts de quatre syllabesbénéficient d’un traitement spécial qui insiste <strong>sur</strong> la répétition <strong>son</strong>ore rapprochée. Laparonomase entre perimis <strong>et</strong> oprimis à la strophe 3 puis entre sensibus <strong>et</strong> assensibus à la127