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N<strong>atagora</strong> - <strong>Jeunes</strong>Belgique - BelgïeP.P.-P.B.4099 Liège X6/9348Périodique bimestriel. Éditeur responsable : Antoine Derouaux, rue du Snapeux 57 4000 Liège.Bureau de dépot : 4099 Liège X. Agréation P401010L’As’ Veyou


ÉditorialPar AdrienÉditorial p.2Calendrier p.3Remerciements, p.4Compte-rendu, Une forêtdans une remorque,il y a Moyen !, p.5Découverte, La gruebientôt chez nous ?, p.8Sciences, Darwin l’Évolutionet la sélectionnaturelle, p.10Voyage et découverte,Sur le Cocha Salvador,Pérou, p.13Couverture : montage réalisé avecdes photos Wikipédia2 • N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>Salut à toi, lecteur de l’As’Veyou!Dans ce nouveau numéro de tagazette préférée, qui, je m’enexcuse, arrive avec pas mal de retard,j’ai quelques nouvelles du monde àt’annoncer. Certaines bonnes, d’autresmoins bonnes...Ainsi tu apprendras que Paul Géroudet,un ornithologue Suisse mondialement connu et reconnuest mort le 2 novembre dans sa 89 ème année. Ilétait l’auteur d’ouvrages remarquables sur les oiseauxd’Europe mêlant poésie et rigueur scientifique d’une façonjamais égalée. Il était aussi l’un des fondateurs duFIR, le Fond d’Intervention pour les Rapaces qui a jouéun rôle prépondérant dans les années 70 en faveur dela protection des oiseaux de proies. Bref, un grand monsieurde l’ornithologie.Tu apprendras aussi qu’Élodie et Antoine, membrestellement anciens de notre section que tu n’étais peutêtre pas encore né quand ils rou(cou)laient dans la côtede Lompret, se sont mariés le 30 septembre dernier àCouthuin ! Une joyeuse troupe d’Aves-<strong>Jeunes</strong>-Liège,Aves-<strong>Jeunes</strong>, N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong> était présente aux nocesqui se sont terminés aux petites heures du jour... Laissonsle mot de la fin, ou plutôt du début de cette bellehistoire à notre ami Fabrice et à son esprit inspiré : «Faitesnous vite des petites jumelles !».Tu jetteras ensuite un coup d’oeil sur notre Calendrierdes activités et tu noteras dans ton agenda les dates clés des prochains mois, parce qu’ilme semble qu’on ne t’a pas vu beaucoup ces derniers temps ! Faute de place, je n’ai paspu mentionner les activités suivantes : le week-end du 17 et 18 février, la Zélande et sonvent glacial et le week-end du 3 et 4 mars la Petite Suisse Luxembourgeoise où tu enprofiteras pour me souhaiter un bon anniversaire. De plus amples renseignements dansle prochain As’Veyou et sur notre site www.n<strong>atagora</strong>.be/jeunes.Ceci fait, tu te jetteras sans plus attendre dans la lecture de cet As’Veyou plus particulièrementdédié à la théorie de l’Évolution de Charles Darwin, ce coup de génie magistralqui a profondément boulversé notre conception du vivant. Tu y apprendras pourquoi lessyrphes se déguisent en guêpes, pourquoi le chevalier combattant dépense une énergiefolle en de guignolesques travestissements, pourquoi nos vaches blanc-bleu sont-elles simusclées ... et bien d’autres choses ! Bonne lecture et au plaisir de te voir !


Calendrier des activitésJLe samedi 9 décembreLes Marais d’HarchiesResponsable : Élise Pire (pire.elise@gmail.com, 0494/69.09.59)Excursion ornithologique sur l’un des sites majeurs de Wallonie pourl’hivernage des oiseaux d’eau.RDV : 9h à l’église de Pommeroeul. Co-voiturage possible, contacterla responsable. Pique-nique.BLe vendredi 5 janvierRéunion N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>Responsable : Élodie Naveau (elodie_naveau@yahoo.fr, 0495/12.52.07après 19h)Bienvenue à tous, pour cette réunion de préparation du calendrier2007… et bien d’autres choses !RDV : 20h à la Maison Liégeoise de l’Environnement, rue Fush àLiège.PLe 3 et 4 févrierWeek-end de gestion à VirellesResponsable : Élodie Naveau (elodie_naveau@yahoo.fr, 0495/12.52.07après 19h)C’est une tradition chez N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>! Nous participerons pendantun week-end aux travaux de fauche de la roselière bordant le lac deVirelles. Outre ces travaux de gestion, nous observerons les oiseauxdans les régions de Virelles et de Roly. Et peut-être aurons-nous letemps recenser l’une ou l’autre grotte occupée par des chauves-souris.RDV : 9h à l’entrée de l’Aquascope. Contacter la responsable pourun co-voiturage ou une arrivée en train à Couvin.L’As Veyou n°65 • Novembre-Décembre 2006 • 3


RemerciementsJe profite de l’espace de quelques lignesdans ma revue favorite pour direun tout grand merci à la fois à N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>,Aves-<strong>Jeunes</strong> et Aves-<strong>Jeunes</strong>-Liège.J’aurais aimé dire ces remerciementsle 30 septembre, hélas l’émotionde ce grand jour de fête a retenu les motsdans ma bouche…La réussite de notre mariage et de notrebonheur quotidien est en effet due en bonnepartie aux anciens et nouveaux ferventsmembres de AJL, AJ et maintenant NJ,plus précisément Zoé, qui m’a fait découvrirle monde passionnant des oiseaux, Cédricdont l’enthousiasme m’a directementfait comprendre que mon premier stageà Virelles ne serait pas le dernier, Marie-Noëlle et Éléonore pour leur indispensablecomplicité, Pierre, qui a fait en sortequ’après chaque activité on attendait déjàavec impatience la suivante (en mémorisantle texte pour passer le temps), Fabricepour un certain 15 août à la foire de Huy,Adrien qui a fêté ses 18 ans un sacré 18mars, Anthony pour son investissementsans limite pour la vie toujours palpitantede notre section, enfin tous ceux qui nousont accompagné lors d’excursions et devoyages plus ou moins lointains…Avec notre boîte anti-croûton, c’est sûr onne vieillira pas !! Et on se réjouit de voleren montgolfière !! ■Élodie et Antoine4 • N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>


Compte-renduMettre une forêt dans une remorque, il y aMoyen !Par AdrienNous sommes en 2006 après J-C.Presque toutes les prairies humidesde Gaume sont occupées parla forêt. Toutes ? Non ! Un petit village d’irréductiblesGaumais résiste encore et toujoursà l’envahisseur à l’aide de la potionmagique que leur préparent les druides del’abbaye d’Orval.C’est donc pour prêter main forte à ces Belgesdu bout du monde qu’une fine équiped’AJ s’est rendue en ce mois de novembreà Moyen, non loin de Jamoigne. Objectif :abattre par tous les moyens les arbres quienvahissent peu à peu une réserve naturelled’intérêt botanique(orchidées, bruyères,…)Les deux machettesrouillées, la tronçonneusesans frein et lescoupe coupe broyeursde phalanges dont nousnous sommes parfoiscontentés font ici placeà des tronçonneusesqui fonctionnent et unbroyeur capable d’avalersans rechigner untronc du diamètre d’unavant bras de Gaumaisou de trois avant-brasd’Ardennaise (selon mesréférences). Les mauvaiseslangues prétendentque c’est cette machine infernale qui estutilisée dans la fabrication du saucissongaumais. Le travail se poursuit dans uneambiance bon enfant jusqu’à midi, l’heurede reprendre une louche de potion magiqueaccompagnée de quelques sandwiches.Quelques heures de travail seront encorenécessaires l’après-midi pour réduire cebout de forêt en copeaux (des mauvaiseslangues prétendent que ce sont ces copeauxqui sont utilisés dans la fabricationdu pâté gaumais).Une bonne touffaye plus tard et il étaitdéjà temps de prendre congé de ce joli coinde pays. Mais c’est sûr, on reviendra ! ■L’As Veyou n°65 • Novembre-Décembre 2006 • 5


DécouverteLa grue bientôt chez nous ?Par Elise, texte et dessinQue ce soit au printemps ou en automne la migrationdes grues est toujours un spectacle fascinant.Qui ne s’est pas senti émerveillé quand, aucoucher du soleil, après avoir bravé le vent et la pluie aulac du Der, les grues arrivent par centaines se mettre ensécurité sur le lac?Cet oiseau énigmatique ne fait-il que passersur le territoire belge? Peut-être avezvouslu l’article de Louis Bronne dans leN<strong>atagora</strong> Magazine n°9 de l’année dernière?En effet l’an dernier, début mai,des ornithologues ont découvert un couplede grues cendrées en Ardenne... Un peutard pour des migrateurs, surtout que l’onvoit que les échassiers paradent... La grueaurait-elle retrouvé notre pays à son goût?Avant 1900 la grue nichait dans toutel’Europe jusqu’au sud de la Grèce et en Espagne.Elle disparaît en 1954 à Gibraltar.Elle a probablement aussi niché jadis enFrance et en Belgique bien qu’aucun chiffren’existe. La cause de cette régressionest bien connue : c’est la disparition deshabitats, tant les lieux de reproductionque ceux d’hivernage. De plus lagrue est très sensible aux dérangementset généralement se maintientà une certaine distance des activitéshumaines.Bien que la grue adulte n’ait aucunprédateur naturel, la migration resteun moment critique. On peut citerles lignes électriques, menace permanentepour les grands migrateurs,et la chasse qui continue à faire chaqueannée des victimes chez une espècepourtant totalement protégée.Quelles sont alors les raisons qui font queles populations de cet oiseau sont depuisquelques années est nette augmentation?Cette augmentation est due à leur statutd’espèce protégée, à la multiplication desréserves sur les zones d’hivernage, à l’accroissementdu nombre d’oiseaux nicheurset au transfert d’une partie de la populationorientale vers l’occident (les grues ontfui les conflits armés).La grue a beaucoup d’atouts pour bienréagir aux mesures de protection. En plusde l’inexistence de prédateurs, elle vit longtemps: quinze à vingt ans. Si un poussinnaît chaque année, la femelle mettra aumonde une dizaine d’héritiers pendant sapériode de fécondité. Si en plus les condi-6 • N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>


tions s’améliorent et que l’espérance devie d’un poussin s’accroît, la démographies’envole. Et de fait, depuis une trentained’années les conditions se sont vraimentaméliorées. En automne 2004, le record aété battu, 156 000 grues cendrées ont étérecensées en France au cours de leur migrationvers le sud.En France et aux Pays-Bas, des cas deréinstallation ont été observés récemment(respectivement 1985 et 2001). Il a étéconstaté cheznos voisins quel’on a d’aborddes individusmi-erratiquesmi-fixés pendantune période d’unà trois ans avantla nidification.Ces échassiersatteignent tardivementleur maturitésexuelle,soit vers l’âgede six ans. Nouspouvons doncespérer une nidificationfuture.Il faut cependantêtre prudent carpour que lesgrues s’installentchez nous il fautqu’elles se sententen parfaitesécurité. La tranquillitédes zones où elles se retranchentdoit être absolue. Celle-ci n’est pas toujoursassurée, surtout dans notre si petit pays.De plus, une publicité trop importante attireles curieux qui viennent parfois en grandnombre. Une nouvelle situation, comme laprésence d’une espèce rare, manque le plussouvent d’outils efficaces pour la contrôler.Très peu de sites wallons peuvent convenirà l’espèce. Par conséquent chaque erreursera importante. Si nidification il devait yavoir, la zone devrait être totalement ferméecomme ce qui ce fait dans les zonesde classe C dans les Hautes Fagnes. Ceszones, où la présence humaine est interdite,sont probablement un des ingrédientsde la survie du tétras lyre.Comme dit plus haut, la principale causede disparition de la grue est la disparitionde ses habitats. En effet c’est un oiseaudifficile et exigeant ! Mademoiselle exigedeux sortes de milieux en plus d’une grandetranquillité. Lors de la nidification, lescouples cherchent à se dérober à la vue etaux dérangements pendant des mois. Onles trouve doncdans des endroitstrès discrets,assez humides,et mêmeen forêt si l’endroitest difficiled’accès.Pour se nourrir,c’est plutôtles terrains detype steppes,marais, prairiesqui sont préférés.Ils permettentune largevisibilité pourrepérer tousdangers à distance.Le plateaude St Hubertoù la gruea passé l’étéoffre justementcette diversitéde milieux etcette tranquillité. De plus, il fait l’objetd’un projet Life qui permet la réalisation deprojets de grande envergure pour la restaurationd’habitats et la protection durabled’espèces d’intérêt communautaire. À StHubert c’est la restauration d’une grandesurface (2500 ha) de milieux tourbeux ettrès humide qui est visée.L’arrivée de la Grue est une surprise totalesur le site de St Hubert. Cet endroit est lapreuve qu’une gestion optimale peut amenerà une restauration du milieu qui peutalors jouer son rôle en termes de maintienL’As Veyou n°65 • Novembre-Décembre 2006 • 7


de la biodiversité et d’accueil pour la fauneet la flore. De plus des effets positifssont attendus sur beaucoup d’autres espècescomme la cigogne noire, la pie-grièchegrise,... La grue cendrée devient une sortede symbole pour la conservation des habitatshumides. ■Trachée de la grue cendréeUn cri étrangeEn vol, la grue a la particularité decrier. Ce cri a tellement frappé les hommesqu’ils s’en sont inspiré dans presquetous les pays pour donner son nomà l’oiseau. Exemples : latin : Grus grus,anglais : crane, allemand : kranich, espagnol: grulla, suédois : trana ...C’est une particularité morphologiquequi lui permet de donner de la voie. Sonsternum, au lieu d’être plat comme chezpresque tous les oiseaux, a la forme d’unboîtier creux. La trachée pénètre dansle sternum et y décrit plusieurs bouclesavant d’aboutir aux poumons, commereprésenté sur le dessin. Les anneaux dela trachée ont fusionné avec le sternumet créent une fi ne lamelle. Celle-ci vibrequand la grue crie. La grue cache un véritablecor de chasse dans un tambourqui lui donne un cri puissant et audiblede loin. Différents cris assez élaborésexistent. Ils permettent aux grues decommuniquer. Le rôle social de cette activitévocale est très important. ■Le saviez-vous ?Même pas malade !Saviez-vous que certains oiseaux sontcapables d’avaler des graines toxiques? C’est par exemple le cas desaras, ces perroquets d’Amérique du Sud.Après avoir mangé des graines susceptiblesde leur causer de graves indigestions, ils serendent dans des falaises en bord de rivièreet avalent une grande quantité d’argile.Cette roche absorbe les toxines contenuesdans les graines et les aras peuvent ainsidigérer tranquillement leur repas sans avoirmal au ventre ! ■8 • N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>


SciencesDarwin, l’évolution et la sélection naturellePar Anthony, photos WikipediaDans le précédent numérode l’As’Veyou,Adrien glissait dansson texte sur le réchauffementclimatique et la migrationla petite phrase :« Pour plus d’info, voirDarwin ». Voila qui ne pouvaitqu’inspirer un nouvel article...Le voyage du BeagleLe HMS Beagle est un fier navire de laflotte britannique, mis à l’eau en 1820. En1831, le Beagle prend la mer pour une expéditionde recensement des côtes et desvoies navigables du continent sud-américain.Initialement prévu pour une durée dedeux ans, ce voyage se poursuit finalementpendant cinq années, explorant méthodiquementl’Amérique du sud, puis mettantle cap vers la Nouvelle-Zélande, l’Australie,l’Océanie, l’Afrique du sud et enfin le retouren 1836 à Falmouth, dans le sud-ouest del’Angleterre.Parmi l’équipage du Beagle, se trouve unnaturaliste anglais de génie : le jeune CharlesRobert Darwin. Pendant ces cinq annéesd’expédition, il passe plus de trois ansà explorer les terres. Consciencieusement,il prend note de ses observations dans sonjournal de bord, qu’il publie en 1839 sousle titre « The Voyage of the Beagle ».Les pinsons de DarwinEn septembre et octobre 1835, le Beaglefait escale dans l’archipel des Galápagos,au large de l’Équateur. Là, sur les différentesîles, Darwin observe les pinsons et en ramènedes spécimens en Angleterre. Ce quile frappe, ce sont les becs des différentesespèces. Alors que tous ces pinsons, il enrecense quatorzeespèces,ont un plumageet uneforme similaires,il existeune énormevariation, d’îleen île, de laforme de leurbec. Darwinremarque enoutre que cesbecs sont adaptés au mode de nutrition dechaque espèce. Et il émet pour la premièrefois l’idée, géniale pour l’époque, que tousces pinsons pourraient descendre d’un ancêtrecommun et avoir subit, indépendammentsur chaque île, des modifications différentes.De l’origine des espècesInspiré par ses observations de pinson,Charles Darwin publie en 1859 un ouvragedans lequel il énonce l’une des théoriesles plus révolutionnaires de l’histoire dessciences : « On the Origin of Species by theMean of Natural Selection ». Cette théorieexplique comment, par un mécanisme simpleet universel, les espèces évoluent pourêtre parfaitement adaptées à leur environnement.Prenons l’exemple des pinsonsdes Galápagos.L’As Veyou n°65 • Novembre-Décembre 2006 • 9


Une espèce ancestrale de pinsons coloniseles différentes îles de l’Archipel. Les différentsindividus de cette espèce ne sont pastous parfaitement identiques : de la mêmemanière que certains humains sont plusgrands que d’autres, que certains ont descheveux foncés et d’autres clairs, que certainsont un plus grand nez que d’autres,les pinsons des Galápagos présentaient àl’origine une certaine variabilité dans lataille et la forme deleur bec. Le pointimportant, c’est quecette variabilité estdue à des différencesgénétiques, etdonc de générationen génération. Celane doit pas nous surprendre,nous savonstous que les enfantsont une très fortetendance à ressemblerà leurs parents.Imaginons maintenantdes différencesdans les ressourcesalimentaires disponiblessur chaque île.Prenons un exempletout à fait arbitraire. Sur l’île Española, lesgraines les plus disponibles sont de grandetaille et protégées par une épaisse coque.Les pinsons au plus gros bec pourront vraisemblablementse nourrir plus facilementque les autres. Les pinsons au plus petitbec souffriront par contre plus facilementde malnutrition. Mieux nourris, donc plusrésistants, les pinsons au gros bec pourrontélever plus de jeunes... dont le becressemblera à celui des parents. Au coursdes générations, les pinsons au gros becvont donc devenir plus fréquents, pour finalementformer une nouvelle espèce différentede l’espèce qui a initialement colonisél’île.À l’inverse, sur l’île de San Cristobal, denombreuses graines de petite taille sontdisponibles, mais celles-ci sont enfouies10 • N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>au fond d’un fruit (un peu comme un côned’épicéa). Sur cette île, ce sont donc lespinsons au bec long et fin qui seront avantagés.Et par le même mécanisme que surEspañola, par sélection naturelle, une nouvelleespèce va se former, bien adaptée àcette ressource alimentaire locale.Les conséquences de la Théorie del’EvolutionLors de sa mort en1879, Darwin ignoraittoujours si sathéorie était universellementvalableet si elle résisteraità l’épreuve dutemps. En effet, lathéorie reposait surles lois de l’hérédité(les gènes se transmettentdes parentsaux descendants,leur conférant lesmêmes caractéristiquesextérieures).Et bien que GregorMendel ait énoncéles premières loisde la génétique en1866, celles-ci étaient restées inconnuesde Darwin. C’est seulement au milieu duvingtième siècle que les travaux de ces deuxpionniers ont été synthétisés. Et depuis, lathéorie de la sélection naturelle, parfois appeléesélection darwinienne et dont l’exactitudene cesse d’être confirmée, est l’unedes plus influentes et des plus puissantesde la biologie moderne.Bien sûr, la sélection naturelle ne s’appliquepas uniquement aux pinsons desGalápagos. Examinons ensemble quelquesexemples !La domesticationCommençons par un exemple simple. Ilne s’agit pas vraiment de sélection « naturelle», mais la domestication des animaux


et des plantes par l’homme suit exactementle même mécanisme que l’évolution,par un processus de sélection « artificielle». Comment un éleveur peut-il sélectionnerune variété de vache qui produit plusde lait, des chevaux qui sautent mieux lesobstacles, de chiens de chasse qui ramènentmieux les canards tués,... ?À chaque génération, l’éleveur choisit lesindividus qui sont les meilleurs pour la caractéristiquequi l’intéresse le plus, et illes croise entre eux. Pour les individus lesmoins performants, la contre-sélection estsévère : la casserole, sans aucune possibilitéde transmettre ses gènes à la générationsuivante. La pression de sélection étant, artificiellement,tellement importante que lesrésultats sont visibles très rapidement. Enseulement quelques siècles, l’homme a sélectionné(volontairement ou non) le Saint-Bernard et le Pékinois à partir du loup, lavache Holstein et le Blanc-Bleu-Belge, lecheval de trait ardennais et les étalons decompétition, des céréales dont le grainesne tombent pas au sol, des pommes de différentescouleurs et différents goûts…La phalène du bouleauLa phalène du bouleau est un papillonblanc tacheté de noir. Cette coloration luipermet de se camoufler sur le tronc desbouleaux et de passer inaperçu aux yeuxdes oiseaux insectivores. Il existe des phalènes,de la même espèce, dont les couleurssont inversées (noir avec taches blanches).Ces phalènes noires sont nettement moinsfréquentes que la variété blanche, car ellesn’échappent pas à la prédation.Phalène du bouleauSyrpheC’est un exemple cité dans tous les livresde biologie : au milieu du 19 ème siècle, lorsde la révolution industrielle en Angleterre,les industries ont commencé à brûler desquantités énormes de charbon et à rejeterdans l’atmosphère des poussières noire quise sont déposées sur le tronc des bouleaux.Pour les phalènes, les pressions de sélectionse sont donc vues inversées. Les phalènesnoires étaient alors camouflées, etleur fréquence a fortement et rapidementaugmenté dans la population. Quand auxphalènes blanches, elles sont devenues lerepas préféré des insectivores et ont disparu...La sélection naturelle a transformé enquelques années une espèce de papillonblanc en papillon noir !Les syrphesLes syrphes sont des insectes de la familledes diptères... des mouches donc, tout cequ’il y a de plus inoffensif. Comme tousles insectes inoffensifs, ils risquent de sefaire avaler par un oiseau insectivore quiles repère.Au cours de l’évolution, par le hasarddes mutations génétiques, certaines syrphesont acquis une couleur jaune. Deloin, les insectivores ont pu confondre cesmouches jaunes avec des guêpes, qu’ilssavent dangereuses. Ils ont donc préférééviter les syrphes ressemblant, mêmetrès vaguement, à une guêpe. Ceci a doncconféré aux syrphes imitatrices un avantagesélectif : meilleur taux de survie, doncplus de descendants de même couleur àla génération suivante, et ainsi de suite...L’As Veyou n°65 • Novembre-Décembre 2006 • 11


OphrysabeillePhoto :AntoineDerouauxPuis les modifications s’accumulant auhasard des mutations, des taches noiressont apparues sur l’abdomen dessyrphes jaunes. Chez quelques rares individus,toujours par pure chance, le dessinjaune et noir ressemblait plus que chez lesautres syrphes à une guêpe. Et la pressionde sélection de continuer son lent et irréversibletravail... pour arriver progressivementà un mimétisme parfait entre certainesespèces de syrphes et de guêpes.L’ophrys abeilleLa nature est bien faite : l’orchidée a besoind’un insecte pour transporter son pollenvers une autre fleur, l’insecte a besoindu nectar des fleurs pour se nourrir. Lacollaboration entre ces <strong>org</strong>anismes sembleévidente : la fleur de l’ophrys ressembleparfaitement à une femelle d’abeille et attireainsi les mâles de cette espèce ; la formede la fleur est en outre optimisée pourqu’en se glissant vers le réservoir de nectar,l’abeille soit chargé du sac à pollen de l’orchidée.Le plus intelligent des ingénieursne dessinerait pas la fleur autrement pouratteindre cette efficacité ! Mais la sélectionnaturelle peut-elle expliquer un mécanismeaussi sophistiqué ?Bien sûr ! Et le mécanisme est exactementle même que pour le mimétisme entrela syrphe et la guêpe. À l’origine, les orchidéesne ressemblaient pas aux abeilles.Mais quand par hasard une mutation seproduisait et induit une très vague ressembleentre la fleur et l’abeille (par exemple12 • N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>en colorant en brun le pétale inférieur), cettefleur acquiert un tout petit peu plus dechance que les autres fleurs d’attirer uneabeille et d’être pollinisée. Cet avantagesélectif permet au gène « fleur en abeille »de se répliquer et de devenir plus fréquentdans la population. Et le mécanisme peutse poursuivre : les nouveaux mutants, produisantune meilleure ressemblance, sontà leur tour sélectionnés, et ainsi de suite.Evidemment, les mutations étant aléatoires,elles peuvent produire des fleurs ressemblantmoins à une abeille que la fleurancestrale, avec la même probabilité qu’unefleur y ressemblant plus. Qu’arrive-t-il à cesfleurs mutantes mauvaises imitatrices ? Ellesattirent moins les pollinisateurs, doncont moins de chance de se reproduire. Ellessubissent donc une contre-sélection etfinissent par disparaître...Et du côté de l’abeille, pourquoi la sélectionnaturelle ne favorise-t-elle pas lesindividus qui ne se laissent pas duper parles orchidées, ceux qui au lieu de perdreleur temps sur les fleurs, recherchent lesvraies femelles à féconder ? C’est simple :confondre orchidée et femelle n’hypothèquepas les chances de reproduction dumâle abeille. Cela confère même un avantage,sous forme de nectar, une nourritureriche en sucre gracieusement offerte parla fleur à l’abeille, en échange du servicede pollinisation ! Quelle belle coopérationmise en place par la sélection naturelle.Le combattant variéTous les caractères que nous observonschez les plantes et les animaux pourraientdonc s’expliquer en termes d’avantagessélectifs. Est-ce bien toujours le cas? Parexemple, y a-t-il un avantage sélectif pourle combattant varié mâle à se parer d’unplumage aussi exubérant en période nuptiale? Il est a priori difficile de le croire,surtout en sachant qu’aucun autre limicolen’a besoin de telles extravagances pourpouvoir se reproduire et ainsi perpétuer sesgènes. Ce cas mérite qu’on l’examine avecattention !


Et d’ailleurs, la même question peut seposer pour d’autres espèces. À quoi cela« sert-il » au mâle pinson d’être coloré derouge et de bleu, alors que la femelle estbien mieux camouflée ? Au loriot d’êtreaussi jaune ? Au rossignol de dépensertant d’énergie à chanter ? Au paon d’avoirune telle queue ? Au cerf de devoir porterd’énorme bois sur sa tête ? Est-ce uneadaptation à l’environnement ? Non, c’estsimplement une adaptation... aux goûts esthétiquesde la femelle !L’évolution de ce genre d’extravagancesdébute par hasard. Un individu de limicoleparticulièrement bien équipé génétiquementpour avoir beaucoup de descendants,porte en même temps une mutationlui conférant un plumage un peu particulierau printemps. Une femelle, génétiquementet toujours par hasard, apprécie ceplumage particulier. Les deux gènes, celuidu plumage du mâle et celui du goût pource plumage chez la femelle, se transmettentdonc bien à la génération suivante, ilssont sélectivement avantagés. A partir dece moment, la mécanique de la sélectionnaturelle s’emballe : les mâles au plumagele plus exubérant sont sélectivement avantagés(car choisis par les femelles), les femellespréférant ce type de plumage également(car elles choisissent les meilleursmâles reproducteurs). C’est ainsi que peuventapparaître des caractéristiques quipeuvent sembler tout à fait loufoques, etqui n’existeraient certainement pas si uningénieur, rationnel et intelligent, avait dûdessiner ces espèces.Comme on le voit, le sujet est inépuisable! Pourquoi les fraises des bois sont-ellesrouges ? Pourquoi les fruits ont-ils ungoût amer avant d’être mûrs ? Pourquoi lesrapaces nocturnes vivent-ils la nuit quandil est bien difficile de distinguer quoi quece soit ? Pourquoi la libellule passe-elledes années dans l’eau sous forme de larve,puis ne s’envole que pour quelques semaines? Pourquoi l’écureuil possède-il unetelle queue touffue ? Pourquoi les champignonspoussent-ils... comme des champignons? Pourquoi le merle alarme-t-il enCombattants variéscas de danger, au lieu de s’échapper discrètement? Pourquoi les soles ont-elle uneforme complètement asymétrique ? Pourquoiles gorilles mâles sont-ils deux foisplus gros que les femelles ? Et pourquoin’est-ce pas le cas pour les chimpanzés ?Pourquoi l’humain est-il un mammifère sipeu poilu ? Pourquoi dès le plus jeune âge,les filles jouent avec des poupées alors queles garçons préfèrent las camions de pompiers? Pourquoi a-t-on de la fièvre quandon est malade ? Pourquoi... ?La théorie de Darwin, l’évolution par lemoyen de la sélection naturelle, nous permetde répondre à tous ces « pourquoi ? ».Et surtout, elle nous permet aussi de comprendre« comment » cela se passe dans lanature ! Passionnant, non ? ■Pour tout savoir sur l’évolution, il existede très nombreuses références. Ma préféréeest la suivante :L’horloger aveugle, par Richard Dawkins(chez Robert Laffont).L’As Veyou n°65 • Novembre-Décembre 2006 • 13


Voyage et découverteSur le Cocha Salvador, PérouPar Élodie, photos Minori TakeiImaginez le plus simple catamaran qu’ilsoit : deux pirogues à rebords plats surlesquelles est clouée une plateformeen bois, tout comme les pirogues qui serventde flotteurs. Deux rameurs s’installentà l’arrière des pirogues. Nous nous installonssur des chaises simplement poséessur la plateforme et nous voilà partis pourdécouvrir la faune du lac Salvador.Ce lac n’est pas un lac comme les autres,il s’agit d’un bras mort de la rivière Manu.Celle-ci coule au cœur du parc national deManu - reconnu comme réserve mondialede la biosphère par l’Unesco - et façonnele paysage de la forêt amazonienne par saforce impressionnante. À l’extérieur desméandres, la vitesse de l’eau est telle quela terre se fait éroder facilement, entraînantles arbres se trouvant trop au bord (onen a vu un tomber à l’eau sous nos yeux !)Caïman noirJacanaet élargissant ainsi la courbure de la rivière.À l’intérieur des méandres par contre, l’eause déplace lentement laissant le sable s’accumuleret des plages se créent progressivement.Chaque année, la rivière arrachede 5 à 20 mètres de terre à l’extérieur desméandres et en même temps accumulede 5 à 20 mètres de terre à l’intérieur desméandres. Au bout de quelques années, leméandre devient une boucle avecles deux bouts assez proches. Cephénomène est accéléré par lesaverses abondantes de la forêt tropicale.Ainsi, pendant la saisondes pluies, lorsque le niveau de larivière est très haut (nous l’avonsvu varier de 2 mètres en quelquesjours !), la vitesse de l’eau est tropimportante pour parcourir la courbe.Elle prend alors le chemin leplus court entre les deux bouts etfinalement la boucle est isolée dela rivière et le lac est créé. Ce brasmort qui reg<strong>org</strong>e de poissons à envoir les piscivores qui y abondent, porte lenom de « Oxbow Lake » en anglais et « Cocha» en quechua.14 • N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong>


HoatzinNous voici donc en train d’avancer à larame sans faire de bruit et déjà on ne saitpas dans quelle direction regarder : devantnous, des jacanas marchent délicatementsur les nénuphars ne craignant pas detomber à l’eau, ce quilui vaut son surnomde Jésus. À droite, undes nombreux boutsde bois dépassant del’eau se révèle être unetête de caïman noir,apparemment un petitde 1m50. À gauche, ily a du remue-ménagedans le feuillage, deuxhoatzins montrent leurstêtes de punk ! Justeun peu plus loin, unebuse à collier noir faitle guet sur une branchedégagée tandis que deux aras rouge et vertpassent en vol au dessus de nous. Mais voilàque quelqu’un repère des têtes de loutresgéantes qui sortent de l’eau quelquescentaines de mètres devant notre embarcation.On les approche avec précaution,non sans continuer de scruter les berges etde découvrir un engoulevent posé à 50 cmde l’eau. La discrétion de celui-ci est encontraste avec le drôle d’ani géant et sonbec bosselé qui s’agite dans la végétation.Mais voici les loutres qui, tout en pêchanten groupe, s’approchent de nous avec curiosité.S’en suit une observation mutuellede mammifères d’environ la même tailleet tandis que nous nous régalons de cesimages dignes du plus beau documentaire,elles se nourrissent de poissons (4 kg parjour) dont on entend les grosses arêtes quicraquent !Mais elles ne sont pas les seules à aimerce met, de nombreux cormorans sont égalementen train de pêcher sur le lac. Tiens,voici un drôle de cormoran, il est nettementplus fin et élancé, son cou ressemble à unserpent. Il s’agit d’un anhinga, surnomméà juste titre oiseau-serpent. Il est magnifique! A peine le voilà immergé que notreregard change à nouveau de direction pourregarder haut dans les arbres vers des tachesrouges suspectes. Mais oui, voilà lessinges hurleurs que l’on entend chaquematin au campement!Ces singes ont choisid’économiser leur énergieen se déplaçant leminimum et pour fairereculer tout intrus, ilshurlent pour faire savoirà toute la junglel’arbre sur lequel ilsont élu domicile pourla journée.Et tandis que la lumièrecommence à baisser,un ibis vert passe envol et se pose près d’unhéron agami dont lacouleur bleu turquoise est illuminée par lesderniers rayons du soleil. Serait-ce le plusbel habitant de ce lac ? La concurrence esttout de même rude avec le cardinal à têterouge flash, ou le « social flycatcher » quiexhibe son ventre jaune, son sourcil blancet sa tête bleue sur un piquet de l’embarcadèrede notre catamaran. L’obscurité quis’est entre-temps installée nous permet devoir les yeux orange des caïmans éclairéspar nos lampes de poche. C’est là qu’on serend compte qu’on est carrément entouréde ces carnivores en grand nombre sur lelac! Un autre carnivore nous fera frissonnerplus tard dans la soirée, de retour aucamp… Il s’agit ni plus ni moins du plusgrand prédateur de la jungle amazoniennequi a poussé des rugissements pendantde longues minutes non loin de nous, j’ainommé le jaguar ! ■À lire dans le prochain épisode : affût aupetit matin à la célèbre « Macaw clay lick »(falaise d’argile des aras)L’As Veyou n°65 • Novembre-Décembre 2006 • 15


POSTES AU SEIN DE NATAGORA-JEUNESRenseignements généraux et accueilÉlodie NAVEAU rue du Snapeux 57 à 4000 Liègeelodie_naveau@yahoo.fr, 0495/12.52.07TrésorerieÉléonore DEWANDRE rue A. Gemenne 52 à 5170 Profondevilleeledewandre@hotmail.com, 0498/15.91.84COA (enquêtes, recensements...)Antoine DEROUAUX rue du Snapeux 57 à 4000 Liègeantoine_derouaux@yahoo.com, 0498/17.58.24Calendrier des activitésAnthony RONGVAUX rue du Charmois 14 à 6810 Izelpategaumais@yahoo.com, 0495/51.93.02L’As VeyouPublication :Antoine DEROUAUX rue du Snapeux 57 à 4000 Liègeantoine_derouaux@yahoo.com, 0498/17.58.24Mise en page :Adrien DEWANDRE rue A. Gemenne 52 à 5170 Profondevilleadrien.dewandre@gmail.com, 0494/41.63.89Activités extraordinaires (Birds Day,...)David DUFOUR rue de Jupille 113 à 4600 Visédaviddufour07@yahoo.fr, 0494/11.29.01WebmestreÉlise PIRE rue Franklin Roosevelt 31 à 6840 Neufchâteaupire.elise@gmail.comCompte N<strong>atagora</strong>-<strong>Jeunes</strong> : 001-3126623-01Courriel : n<strong>atagora</strong>_jeunes@yahoo.frSite internet : www.n<strong>atagora</strong>.be/jeunes

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