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la place du transport dans les organisations logistiques durables - afitl

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16 <strong>les</strong> Cahiers Scientifiques <strong>du</strong> Transport - N° 54-2008spécifier <strong>la</strong> prestation par rapport à une chaîne considérée.La décomposition <strong>du</strong> processus logistique proposée permet de voir commenton intègre <strong>les</strong> préoccupations environnementa<strong>les</strong> et socia<strong>les</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> différentesactivités ; elle permet également de repérer l’articu<strong>la</strong>tion des activités élémentairesau sein de chaque processus; et enfin, elle peut être analysée endynamique, lorsqu’on s’intéresse aux modalités de prise en compte descritères de <strong>du</strong>rabilité <strong>dans</strong> <strong>les</strong> stratégies <strong>logistiques</strong> et de <strong>transport</strong>, c'est-à-direaux marges de manœuvre permises par le processus pro<strong>du</strong>ctif.L’avantage d’une telle décomposition est principalement le dépassement <strong>du</strong>biais de nombreuses analyses qui, en focalisant sur <strong>les</strong> activités matériel<strong>les</strong> <strong>du</strong>processus logistique, et notamment sur le « flux physique », observent surtout<strong>les</strong> performances environnementa<strong>les</strong>, en termes d’émissions de CO 2 ou entermes de consommation de ressources énergétiques. Ici, dès lors qu’on considère<strong>les</strong> activités de traitement de l’information, <strong>les</strong> activités re<strong>la</strong>tionnel<strong>les</strong>,ou en connaissance, d’autres leviers apparaissent pour soutenir <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilitédes stratégies <strong>logistiques</strong> et de <strong>transport</strong>.2. LE RÔLE VARIABLE DU TRANSPORT DANS LES PROCESSUS LOGISTIQUES DURABLES :UNE ILLUSTRATIONDans ce cadre de représentation systémique, nos objectifs étaient doub<strong>les</strong>.Dans un premier temps, nous souhaitions illustrer l’articu<strong>la</strong>tion des processus<strong>logistiques</strong>, pro<strong>du</strong>ctifs et des besoins de <strong>transport</strong> : quel<strong>les</strong> options pro<strong>du</strong>ctivespour quel<strong>les</strong> stratégies <strong>logistiques</strong> et pour quel<strong>les</strong> prestations de <strong>transport</strong>? Puis, il convenait de décliner cette typologie en intégrant <strong>les</strong> problématiques<strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable et d’identifier <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> <strong>transport</strong> enfonction des contextes et <strong>les</strong> marges d’évolution possib<strong>les</strong> en faveur de <strong>la</strong><strong>du</strong>rabilité. In fine, il s’agissait de dégager le degré de sensibilité aux leviersd’intervention des politiques de <strong>transport</strong>, adaptés aux préoccupations de<strong>du</strong>rabilité, en termes de soutien à une meilleure efficacité énergétique et à <strong>la</strong>ré<strong>du</strong>ction des nuisances environnementa<strong>les</strong>.2.1. ÉLÉMENTS MÉTHODOLOGIQUESDans cette section, nous explicitons <strong>la</strong> posture méthodologique adoptée et <strong>la</strong>méthode statistique mobilisée afin d’effectuer nos premières caractérisationsdes liens entre <strong>les</strong> processus pro<strong>du</strong>ctifs, <strong>logistiques</strong> et <strong>les</strong> choix de <strong>transport</strong><strong>du</strong>rab<strong>les</strong>.En ce qui concerne <strong>la</strong> méthode utilisée, nous avons réalisé un travail detypologies en nous appuyant sur l’analyse des correspondances multip<strong>les</strong>(ACM) à partir d’une base de données pro<strong>du</strong>ite par l’Inrets, <strong>dans</strong> le cadre del’Enquête ECHO 1 -Envois Chargeurs Opérateurs-, qui s’est déroulée entre1 Pour <strong>les</strong> premiers résultats Cf. GUILBAULT, à paraître.


C. B<strong>la</strong>nquart, V. Carbone – La p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong>…2004 et 2007. Les objectifs d’ECHO sont l’analyse des déterminants de <strong>la</strong>demande de <strong>transport</strong> à partir des chargeurs (en intégrant <strong>les</strong> contraintes <strong>du</strong>système pro<strong>du</strong>ctif, en fonction de <strong>la</strong> diversité des pratiques selon <strong>les</strong> secteurs,afin de révéler <strong>les</strong> déterminants des choix de <strong>transport</strong>) et <strong>la</strong> reconstitutiondes chaînes de <strong>transport</strong> de bout en bout. Il s’agit d’une enquête de grandeenvergure, avec une taille de l’échantillon dépassant <strong>les</strong> 3 000 établissements,un nombre d’envois étudiés (unité observée) avoisinant <strong>les</strong> 10 000, 25 000intervenants enquêtés et environ 17 000 trajets décrits.Le travail typologique sur ces données illustre d’une part l’enchaînementlogique existant entre caractéristiques/contraintes des systèmes pro<strong>du</strong>ctifs ettypes d’<strong>organisations</strong> <strong>logistiques</strong>. Notre échantillon, ré<strong>du</strong>it par rapport àl’échantillon entier d’ECHO, comprend <strong>les</strong> établissements in<strong>du</strong>striels et commerciauxfaisant partie de <strong>la</strong> filière textile et habillement (textile, habillement,fourrures, cuir et chaussures). Le même travail a été mené enconsidérant cette fois <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> processus logistique et pro<strong>du</strong>ctif.2.2. DES CARACTÉRISTIQUES PRODUCTIVES AUX PROCESSUS LOGISTIQUES ET DE TRANSPORT :UNE ILLUSTRATIONLa première typologie permet d’illustrer <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre caractéristiques dessystèmes pro<strong>du</strong>ctifs et processus d’<strong>organisations</strong> <strong>logistiques</strong> et de <strong>transport</strong>mis en p<strong>la</strong>ce (Figure 1). Les principa<strong>les</strong> caractéristiques des systèmes pro<strong>du</strong>ctifsprises en compte <strong>dans</strong> cette typologie sont : le positionnement de <strong>la</strong>firme <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne, l’échelle de pro<strong>du</strong>ction, le type de demande, <strong>la</strong> qualificationde <strong>la</strong> main d’œuvre. Les activités élémentaires permettent unedécomposition fine <strong>du</strong> processus logistique.La différenciation des pro<strong>du</strong>its et le positionnement <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne globalepermettent de saisir <strong>les</strong> différences majeures entre <strong>les</strong> quatre types deprocessus <strong>logistiques</strong> repérés. Schématiquement, plus on va vers l’aval de <strong>la</strong>filière, et plus <strong>les</strong> pro<strong>du</strong>its se différencient, plus <strong>les</strong> processus <strong>logistiques</strong> secomplexifient et intègrent des opérations complémentaires aux opérationsmatériel<strong>les</strong>.D’une part (cadrans Nord-Ouest et Sud-Est), nous retrouvons deux processus<strong>logistiques</strong> qui ne sont pas en re<strong>la</strong>tion directe avec le marché final et quireprennent des caractéristiques plus proches de cel<strong>les</strong> de <strong>la</strong> pro<strong>du</strong>ction surstock : d’un processus logistique en amont de <strong>la</strong> chaîne, concernant <strong>la</strong>pro<strong>du</strong>ction sur stock de pro<strong>du</strong>its basiques et en grande série, et centrée autourde <strong>la</strong> logistique in<strong>du</strong>strielle, à un processus logistique à l’interface entrel’in<strong>du</strong>strie textile et cel<strong>les</strong> de l’habillement, où <strong>les</strong> activités élémentairesrenvoient à <strong>la</strong> gestion des stocks sur p<strong>la</strong>te-forme et à l’organisation des<strong>transport</strong>s entre deux entités in<strong>du</strong>striel<strong>les</strong> et/ou commercia<strong>les</strong>. Ce deuxièmetype de processus logistique nous permettrait de poser l’hypothèse de l’existenced’un point de découp<strong>la</strong>ge entre une organisation lean et une organisationagile <strong>dans</strong> <strong>la</strong> chaîne textile-habillement (MASON-JONES, 2000).17


18 <strong>les</strong> Cahiers Scientifiques <strong>du</strong> Transport - N° 54-2008Figure 1 : Typologie des OLT en fonction des contraintes de <strong>la</strong> chaîneOLT amontchaînenoPF: gestion des stockGestion Intégrée des flux1,51OLT avalchaîneNo élevé de référencesnoPF: organisationMaitrise <strong>du</strong> métier<strong>transport</strong>3-10 <strong>transport</strong>eursE:tracing0,5 grande sériePF: cross-dockingsavoir faire non dipl.E: gestion des stockprod.sur stock1-7jours de stockSCME: cross-dockingnoE:cross-d. noPF: cross-dockingClientst: autres0noE: tracing+7jours de stockPF: préparationnoPF: préparation comm. noE: gestion des stockde commandePF: gestion des stockTIC-0,5Clients: in<strong>du</strong>strielsPF:organisation <strong>du</strong><strong>transport</strong>-1,5 -1 -0,5 0 0,5 1 1,5 2OLT aval chaînepro<strong>du</strong>itsMain d'œuvre logistiquetres qualifiéeE: conditionnement -1,5Faible No de référencesPro<strong>du</strong>ction surPetite sériecommande-1-2OLT d’interfacetextile-habillementLégende : E/PF : activités réalisées en entrepôt/sur p<strong>la</strong>teforme logistique ;noE/noPF : absence de réalisation de l’activité en entrepôt/sur p<strong>la</strong>te-formeCe point de découp<strong>la</strong>ge relie ainsi l’amont de <strong>la</strong> chaîne (in<strong>du</strong>strie textile) etl’aval (habillement). A l’aval de <strong>la</strong> chaîne, nous pouvons identifier deuxprocessus <strong>logistiques</strong> (cadrans Nord-Est et Sud-Ouest) caractérisés par unnombre élevé de prestations <strong>logistiques</strong> complexes et sur p<strong>la</strong>te-forme (crossdocking,traçabilité, préparation de commande, etc.). Un degré de personnalisationdes pro<strong>du</strong>its plus élevé pour un type de pro<strong>du</strong>it à forte valeurajoutée nécessitant un personnel très qualifié semble pouvoir se référer à unepro<strong>du</strong>ction de spécialité (ex : texti<strong>les</strong> techniques) qui exigerait <strong>la</strong> mise enp<strong>la</strong>ce d’un système dédié de distribution (cadran Sud-Ouest).Pour ces deux types de processus <strong>logistiques</strong>, l’orientation agile répond à unecontrainte <strong>du</strong> système pro<strong>du</strong>ctif, propre à l’habillement, celle qui renvoie à <strong>la</strong>nécessité de gérer une demande incertaine et vo<strong>la</strong>tile (NAYLOR et al., 1999).La réorganisation des processus (Business Process Reengineering) qui avaitcaractérisé <strong>les</strong> in<strong>du</strong>striels <strong>du</strong> secteur pendant <strong>les</strong> années 1990 con<strong>du</strong>isait à <strong>la</strong>mise en p<strong>la</strong>ce d’une supply chain « enrichie en informations » (BENETTON etal., 1990). La compression <strong>du</strong> temps de communication et de réaction entre<strong>les</strong> différents acteurs participant aux chaînes <strong>du</strong> textile et de l’habillement estdevenue aujourd’hui l’un des facteurs clefs de succès <strong>dans</strong> le secteur (Zara,H&M, etc.) Cette tendance est lisible <strong>dans</strong> le cadran Nord-Est où l’adoptiond’une démarche Supply Chain Management (SCM) 2 et <strong>les</strong> services de traçabilitéen temps réel constituent deux des caractéristiques principa<strong>les</strong> d’untype de processus logistique (en fonction des contraintes de l’environnementpro<strong>du</strong>ctif) à l’interface avec le client final.2 En accord avec <strong>la</strong> littérature, le SCM repose sur une coordination accrue d’activités etd’équipements dont l’objectif est d’optimiser <strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions inter-entreprises et inter-fonctionsainsi que <strong>la</strong> valeur pour le consommateur (MENTZER et al. 2001).


C. B<strong>la</strong>nquart, V. Carbone – La p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong>…192.3. LA PRISE EN COMPTE DES PRÉOCCUPATIONS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE DANS LATYPOLOGIEC’est en analysant de façon jointe <strong>les</strong> activités élémentaires <strong>du</strong> processuslogistique et <strong>les</strong> possibilités de prise en compte des préoccupations dedéveloppement <strong>du</strong>rable que nous nous proposons de faire évoluer notretypologie (Figure 2). De <strong>la</strong> même façon que pour <strong>la</strong> typologie précédente, <strong>les</strong>contraintes de chaîne permettent de mettre en évidence des formes différentesde prise en compte de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité. Nous en proposons une lecture à travers<strong>les</strong> différentes options d’action publique qui semblent être <strong>les</strong> plus appropriéespour chacune des formes d’orientation <strong>du</strong>rable manifestées.Figure 2 : Orientations <strong>du</strong>rab<strong>les</strong> des activités élémentairesDurabilité« matérielle »Durabilité informationnelle et enconnaissance: SCM, traçabilité, savoirfaire•Gestion des stock sur p<strong>la</strong>teforme•Transport ferroviaire•Mode de pro<strong>du</strong>ction sur stock• EDI avec prestataires•SCM•Traçabilité/RFID•Mode aérienFacteur 2: 12%•Contrats longue <strong>du</strong>rée avec prestataires•ICT avec prestataires•Mode maritime•Mode fluvial•Mode routier•Informatique embarquée• ICT avec prestataires (mail)Durabilité « matérielle »(mode) et re<strong>la</strong>tionnelle: peude prestataires, longue <strong>du</strong>réeDurabilité: évolution des opérationsmatériel<strong>les</strong>: info embarquéeFacteur 1: 15%Pour rendre le graphique plus lisible, nous avons transformé l’output difficile à lire<strong>du</strong> logiciel statistique -SAS- en dessin -power point-, en éliminant <strong>les</strong> variab<strong>les</strong> nondiscriminantes <strong>dans</strong> l’analyse.Un processus logistique in<strong>du</strong>striel, sur stocks, mobilisant des prestationssimp<strong>les</strong> à dominante matérielle sera plus sensible aux actions publiques quisoutiennent l’utilisation des modes alternatifs. Le mode ferroviaire peut alorsici être pertinent. Le <strong>transport</strong> est mobilisé <strong>dans</strong> sa dimension <strong>la</strong> plus élémentaireet l’évolution vers <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité peut prendre à son tour une « dimensionmatérielle » dont l’illustration principale est le report modal (cadran Nord-Ouest). Les actions publiques incitant à l’utilisation des modes alternatifssont alors pertinentes.Mais l’influence de ces mesures décroît dès lors que <strong>les</strong> processus pro<strong>du</strong>ctifsrequièrent des processus <strong>logistiques</strong> plus complexes et des opérations d’organisationdes flux et d’organisation des re<strong>la</strong>tions entre <strong>les</strong> acteurs. Les opérationspurement matériel<strong>les</strong> (parmi <strong>les</strong>quel<strong>les</strong> le <strong>transport</strong>) perdent alors en


20 <strong>les</strong> Cahiers Scientifiques <strong>du</strong> Transport - N° 54-2008importance re<strong>la</strong>tive. La <strong>du</strong>rabilité sera ainsi davantage prise en compte auniveau des opérations informationnel<strong>les</strong>, re<strong>la</strong>tionnel<strong>les</strong> ou en connaissance,ce qui rend ces processus moins sensib<strong>les</strong> à l’intervention publique en termesde report modal.Dans le cadran Nord-Est, le processus logistique inspiré des préconisations<strong>du</strong> SCM (en termes de coordination accrue entre <strong>les</strong> acteurs et de partage del’information en temps réel) s’appuiera sur d’autres opérations élémentaires,nécessitant une forte maitrise <strong>du</strong> métier logistique. Clients et prestataires<strong>logistiques</strong> seront reliés par EDI et <strong>les</strong> opérations matériel<strong>les</strong> (le <strong>transport</strong><strong>dans</strong> son acception basique) perdent en importance au profit des opérationsimmatériel<strong>les</strong> constitutives des prestations <strong>logistiques</strong>. La <strong>du</strong>rabilité passealors par un développement de ces opérations « informationnel<strong>les</strong> et en connaissance» (traçabilité des flux) et moins par le <strong>transport</strong>. Il s’agit égalementde soutenir <strong>les</strong> démarches de col<strong>la</strong>boration ou de mutualisation entre <strong>les</strong>acteurs de <strong>la</strong> chaîne. Le contexte concurrentiel habituel de fonctionnement nerend pas naturel <strong>les</strong> logiques col<strong>la</strong>boratives, c’est pourquoi il convient d’aiderà <strong>la</strong> dynamique d’apprentissage progressif nécessaire au développement despartenariats. L’action publique doit alors se situer <strong>dans</strong> un registre d’intermédiation.Dans le cadran Sud-Est, <strong>les</strong> processus pro<strong>du</strong>ctif et logistique ne p<strong>la</strong>ident paspour une évolution des opérations matériel<strong>les</strong> <strong>dans</strong> le sens <strong>du</strong> report modal.Pour autant, cel<strong>les</strong>-ci peuvent s’adapter en parallèle, en utilisant par exemplel’informatique embarquée, permettant l’optimisation des tournées et favorisantl’efficience énergétique. Des travaux ont montré l’intérêt de ce type dedémarche, à <strong>la</strong> fois en termes de ré<strong>du</strong>ction des émissions de CO 2 et en termesd’augmentation de <strong>la</strong> réactivité des circuits <strong>logistiques</strong>, notamment urbains(LEONARDI, BAUMGARTNER, 2004). Les programmes de soutien au <strong>transport</strong>intelligent sont <strong>dans</strong> ce cas pertinents.Des formes de processus <strong>logistiques</strong> <strong>du</strong>rab<strong>les</strong> reposent enfin sur <strong>la</strong> combinaisondes orientations de <strong>du</strong>rabilité matérielle (via sa forme c<strong>la</strong>ssique <strong>du</strong>report modal) et re<strong>la</strong>tionnelle (re<strong>la</strong>tions de longue <strong>du</strong>rée avec <strong>les</strong> prestataires)(cadran Sud-Ouest). Ces formes s’inscrivent pour leur part <strong>dans</strong> des contextesparticuliers (pro<strong>du</strong>ction sur commande pour des clients spécifiques). Lareprésentation de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité recouvre alors à <strong>la</strong> fois <strong>la</strong> dimension environnementale,mais aussi celle de pérennité. Le report modal doit contribuer àré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> nuisances environnementa<strong>les</strong> <strong>du</strong> processus logistique, tandis que<strong>les</strong> re<strong>la</strong>tions de longue <strong>du</strong>rée avec <strong>les</strong> prestataires en assurent <strong>la</strong> stabilité.Le contexte <strong>dans</strong> lequel s’inscrit l’activité de <strong>la</strong> firme détermine ainsi <strong>les</strong>évolutions possib<strong>les</strong> <strong>du</strong> <strong>transport</strong> vers <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité. Des résultats comparab<strong>les</strong>sont également obtenus à l’échelon européen et pour <strong>la</strong> même filière textilehabillement(DE BRITO et al., 2008). Si le <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> sa dimension matérielleest important <strong>dans</strong> des processus <strong>logistiques</strong> simp<strong>les</strong> et des contextespro<strong>du</strong>ctifs in<strong>du</strong>striels où <strong>les</strong> économies d’échelle priment, <strong>la</strong> prise en compte


C. B<strong>la</strong>nquart, V. Carbone – La p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong>…21de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité peut orienter vers le report modal ou <strong>du</strong> moins <strong>la</strong> sensibilitéde ces entreprises à l’action publique en faveur <strong>du</strong> report modal seraimportante.Si <strong>les</strong> stratégies des firmes s’articulent davantage autour d’une meilleurecoordination entre <strong>les</strong> acteurs, l’utilisation des modes alternatifs ne participepour sa part que peu à cet objectif. Le <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> sa dimension matériellen’est <strong>dans</strong> ce cas qu’une variable mineure au regard des possibilités en termesd’organisation que permettent <strong>les</strong> autres opérations constitutives des processus<strong>logistiques</strong>. L’intégration des préoccupations de <strong>du</strong>rabilité concerneracorré<strong>la</strong>tivement prioritairement <strong>les</strong> dimensions immatériel<strong>les</strong> des prestations.De ce fait, <strong>la</strong> sensibilité de ces <strong>organisations</strong> <strong>logistiques</strong> aux actions publiquesde soutien aux modes alternatifs ne sera que marginale.Promouvoir <strong>la</strong> logistique et le <strong>transport</strong> <strong>du</strong>rable implique dès lors d’adapterl’action publique au contexte propre aux différentes chaînes pro<strong>du</strong>ctives etmême à l’intérieur d’une même chaîne pro<strong>du</strong>ctive, ou d’expliciter plusc<strong>la</strong>irement <strong>les</strong> hiérarchies (de dimensions, de temporalités ou de référentiels)implicites.Le Tableau 2 résume <strong>les</strong> évolutions spécifiques des opérations élémentairesconstitutives <strong>du</strong> processus logistique et <strong>la</strong> diversité des leviers d’action publiqueà mobiliser. Les processus <strong>logistiques</strong> <strong>du</strong>rab<strong>les</strong> articuleront par ailleursdes combinaisons spécifiques d’opérations.Tableau 2 : L’orientation <strong>du</strong>rable des processus <strong>logistiques</strong>Types d’opérations Orientation vers <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité Levier privilégié de l’actionpubliqueLes opérationsmatériel<strong>les</strong>Les opérations detraitement del’informationLes opérationsre<strong>la</strong>tionnel<strong>les</strong>Les opérations enconnaissanceModes de <strong>transport</strong> « doux »Utilisation des outils dep<strong>la</strong>nification des flux pour unemeilleure organisation desgroupages entre <strong>les</strong> firmes,Diffusion des outils de traçabilité,informatique embarquée…Chartes éthiques chargeursprestataires,Co-gestion des approvisionnements,mutualisation desmoyens <strong>logistiques</strong> et <strong>transport</strong>…Mise en œuvre des options SCM :démarches col<strong>la</strong>boratives entre <strong>les</strong>acteurs de <strong>la</strong> chaîneOptimisation globale des flux. Investissements infrastructures. Tarification <strong>du</strong> TRM. Incitation à l'utilisationdes modes doux. Favoriser l’interopérabilité (entermes de systèmes d’information)<strong>dans</strong> <strong>les</strong> nœuds des chaînes de<strong>transport</strong> internationa<strong>les</strong> (ports,aéroports, etc.). Soutien aux investissements desentreprises en systèmes d’information. Favoriser <strong>les</strong> initiatives demutualisation (incitation oupartenariats publics-privés). Financement de projets derecherche en logistique et<strong>transport</strong> (Predit…). Diffusion des « best practices »étrangères


22 <strong>les</strong> Cahiers Scientifiques <strong>du</strong> Transport - N° 54-2008L’orientation <strong>du</strong>rable des activités <strong>logistiques</strong> et de <strong>transport</strong> impliquenéanmoins toujours de <strong>la</strong> part <strong>du</strong> prestataire logistique de forts investissements(parc de véhicu<strong>les</strong> propres, entrepôts certifiés, etc.) nécessaires pour <strong>la</strong>prise en compte des contraintes environnementa<strong>les</strong>. Du fait de <strong>la</strong> complexificationde <strong>la</strong> prestation <strong>du</strong>rable, seuls <strong>les</strong> grands groupes de prestataires<strong>logistiques</strong> et de <strong>transport</strong>, tel que Deutsch Post World Net, peuvent être enmesure de suivre. Est-ce que <strong>les</strong> petits <strong>transport</strong>eurs pourront faire évoluer de<strong>la</strong> même façon leur offre, afin de fidéliser leurs clients sans pour autant détériorerleurs marges ? Les coûts de mise en p<strong>la</strong>ce d’une offre de <strong>transport</strong>globale et <strong>du</strong>rable s’avèrent importants : investissement matériels pour <strong>les</strong>nouveaux équipements (entrepôts, véhicu<strong>les</strong>), démarches de certificationenvironnementale, liaisons informatiques entre sites de pro<strong>du</strong>ction, moyensde <strong>transport</strong> et nœuds de transit. La démarche reste donc réservée aux plusgrands et exclut, ou marginalise à terme, <strong>les</strong> petits. Ceci semble bien éloignéde l’idéologie fondatrice <strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable qui, <strong>dans</strong> sa mise enœuvre actuelle, con<strong>du</strong>it à creuser <strong>les</strong> inégalités.CONCLUSIONLe <strong>transport</strong> de marchandises est inévitablement concerné par <strong>la</strong> problématique<strong>du</strong> développement <strong>du</strong>rable car il génère des externalités environnementa<strong>les</strong><strong>la</strong>rgement reconnues et dénoncées.L’action publique toutefois ne doit pas occulter le fait que <strong>transport</strong> et <strong>logistiques</strong>ont intimement liés d’une part, mais que leurs possib<strong>les</strong> évolutionsvers <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité sont conditionnées par le poids des contraintes qui pèsentsur <strong>la</strong> firme. Aussi, l’action publique en faveur de <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> <strong>transport</strong>ne passe-t-elle pas aussi, en plus des mesures touchant à <strong>la</strong> sphère <strong>du</strong><strong>transport</strong>, par des interventions en amont sur <strong>les</strong> systèmes <strong>logistiques</strong> certes,mais aussi sur <strong>les</strong> systèmes pro<strong>du</strong>ctifs ? Dès lors, une réorganisation dessystèmes de pro<strong>du</strong>ction et de distribution est-elle possible ? Les pratiquesactuel<strong>les</strong> des in<strong>du</strong>striels et des distributeurs (flux ten<strong>du</strong>s, délocalisation desunités de pro<strong>du</strong>ction et concentration des sites de distribution) peuvent-el<strong>les</strong>être revues afin de mettre en p<strong>la</strong>ce une logistique <strong>du</strong>rable ?La p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> stratégies de <strong>du</strong>rabilité des firmes est ainsivariable, en fonction des leviers stratégiques choisis ou possib<strong>les</strong> pourl’entreprise : si l’optimisation par <strong>les</strong> coûts peut faire <strong>du</strong> <strong>transport</strong> unevariable importante, <strong>la</strong> <strong>du</strong>rabilité <strong>du</strong> <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> son sens le plus traditionnel-le report modal- pouvant permettre de ré<strong>du</strong>ire <strong>les</strong> coûts non monétaires,il n’en va pas de même dès lors que <strong>la</strong> firme vise à améliorer <strong>la</strong> coordinationentre <strong>les</strong> acteurs le long de <strong>la</strong> chaîne. La <strong>du</strong>rabilité pourrait ainsi con<strong>du</strong>ire àrechercher de nouvel<strong>les</strong> modalités de coordination, et notamment non marchandes,auxquel<strong>les</strong> <strong>les</strong> dimensions immatériel<strong>les</strong> des prestations <strong>logistiques</strong>et de <strong>transport</strong> pourraient participer davantage que <strong>les</strong> options traditionnel<strong>les</strong>de report modal. Les favoriser participerait également des politiques de


C. B<strong>la</strong>nquart, V. Carbone – La p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> <strong>transport</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong>…<strong>transport</strong> <strong>du</strong>rable, sous réserve de sortir d’une acception ré<strong>du</strong>ctrice de cesdernières.23BIBLIOGRAPHIEBERNADET M. (1985) Réflexions sur <strong>la</strong> notion de qualité de service. Contributionau groupe de travail sur l’adaptation des <strong>transport</strong>s à <strong>la</strong> logistiquemoderne, Conseil Général des Ponts et Chaussées, 11 p.BURMEISTER A. (2000) Famil<strong>les</strong> <strong>logistiques</strong> : propositions pour une typologiedes pro<strong>du</strong>its <strong>transport</strong>és pour analyser <strong>les</strong> évolutions en matièred’organisation des <strong>transport</strong>s et de <strong>la</strong> logistique. Rapport pour le PREDIT,octobre, 134 p.BURMEISTER A., DJELLAL F. (2002) L’impact des technologies de l’informationet de <strong>la</strong> communication sur l’organisation spatiale des activités de services.Cahiers de l’économie de l’innovation, n° 19, pp. 53-73.CARBONE V. (2004) Le rôle des prestataires <strong>logistiques</strong> en Europe-Intégration des chaînes et alliances <strong>logistiques</strong>. Paris, ENPC, 488 pages(Thèse de doctorat).CARBONE V. (2005) L’ampleur de <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion client-fournisseur : le cas desalliances <strong>logistiques</strong>. Logistique & Management, Vol. 13, n° 1, pp. 89-98.CCE (2006) Pour une Europe en mouvement. Mobilité <strong>du</strong>rable pournotre continent. Examen à mi-parcours <strong>du</strong> livre b<strong>la</strong>nc sur <strong>les</strong> <strong>transport</strong>spublié en 2001 par <strong>la</strong> Commission Européenne. Bruxel<strong>les</strong>, 48 p.CEMT (1991) Le <strong>transport</strong> de marchandises et l’environnement. Paris,OCDE, 178 p.DE BRITO M., CARBONE V., MEUNIER-BLANQUART C. (2008) Towards asustainable fashion retail supply chain in Europe: organisation and performance.International Journal of Pro<strong>du</strong>ction Economics, Vol. 114, pp.534-553.FABBE-COSTES N. (2007) La gestion des chaînes <strong>logistiques</strong> multi-acteurs : <strong>les</strong>dimensions organisationnel<strong>les</strong> d’une gestion lean et agile. In G. PACHÉ, A.SPALANZANI (éd.) La gestion des chaînes <strong>logistiques</strong> multi-acteurs :perspectives stratégiques. Presses Universitaires de Grenoble, pp. 19-43.FASSIO G. (2006) Développement <strong>du</strong>rable et organisation des réseaux in<strong>du</strong>strielsen juste à temps. Logistique & Management, Vol. 14, n° 2, pp. 53-62.FISHER M.L. (1997) What Is the Right Supply Chain for Your Pro<strong>du</strong>ct?Harvard Business Review, Vol. 75, n° 2, pp. 105-117.FULCONIS F., PACHÉ G. (2005) Piloter des entreprises virtuel<strong>les</strong> : quel rôle pour<strong>les</strong> prestataires de services <strong>logistiques</strong> ? Revue Française de Gestion,Vol. 31, n° 156, pp. 167-186.

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