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Faire travailler les finances - Social Watch

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La crise environnementaleAlors que la dégradation environnementale augmente,le CDPE met en vente <strong>les</strong> droits sur <strong>les</strong> ressourcesnationa<strong>les</strong> minéra<strong>les</strong> et biologiques. Les pays voisinsde la Birmanie, avec l’acquiescement du Gouvernement,exploitent <strong>les</strong> ressources naturel<strong>les</strong> du payssans faire attention aux conséquences environnementa<strong>les</strong>et culturel<strong>les</strong>. Actuellement, dans l’état deKachin, <strong>les</strong> industriels du bois chinois abattent <strong>les</strong>arbres sans tenir compte des impacts à court ou àlong terme, sans employer de travailleurs birmans etsans apporter une quelconque relance à l’économielocale 9 . Le CDPE a vendu de la même manière etpendant longtemps <strong>les</strong> droits sur <strong>les</strong> riches réservesminéra<strong>les</strong> de Birmanie, y compris l’or et <strong>les</strong> pierresprécieuses, sans aucune supervision des effets surl’environnement.Pendant <strong>les</strong> deux dernières décennies, la Birmaniea eu l’un des taux <strong>les</strong> plus hauts de déboisement,avec une perte de près de 20 % de ses forêts 10 , et celamalgré <strong>les</strong> avertissements concernant <strong>les</strong> dommagesenvironnementaux généralisés lorsque le développementne tient pas compte de l’interdépendance del’écosystème 11 . Actuellement, des corporations et <strong>les</strong>gouvernements de la Chine, de l’Inde et de Thaïlandeconçoivent et construisent de grands barrages sur<strong>les</strong> principaux fleuves birmans, ce qui menace labiodiversité du pays 12 . Les bénéfices financiers vontdirectement dans l’escarcelle des chefs militaires,alors que la population subit <strong>les</strong> dommages.La crise alimentaireLa crise alimentaire mondiale a affecté directementla Birmanie, alors que la population a subi pendantdes décennies une crise alimentaire localisée, domestique,avec une réduction significative de la dosejournalière de protéines 13 . Bien que la Birmanie soittechniquement un pays avec de « l’excédent alimentaire» car elle produit plus d’aliments qu’elle n’enconsomme, <strong>les</strong> plans inadéquats de distributionont mis la population en situation de malnutritionprofonde (32 % des enfants en insuffisance pondérale14 ). La plupart de la population court le risque desubir le manque d’aliments quand <strong>les</strong> catastrophesnaturel<strong>les</strong> et <strong>les</strong> incidents environnementaux sont9 Kachin News Group. “China Resumes Importing Timberfrom Northern Burma”. Kachin News, 17 décembre2008. Disponible sur : .10 Mongobay.com (s/f). “Myanmar : Environmental Profile”.Disponible sur : .11 Curtis, G. “Christian Aid Warns of Burma EnvironmentalDamage”. Christian Today, 15 mai 2007. Disponible sur :.12 Pichai, U. “Environmentalists Demand Halt to USD 35billion Burma Dams”. Mizzima, 16 mars 2009. Disponib<strong>les</strong>ur : .13 Suu Kyi, A.S. “Breakfast Blues”. Dans Letters from Burma.1998, pp. 27-30.14 WFP (s/f). “Myanmar”. World Food Programme (WFP).Disponible sur: .mal gérés ; <strong>les</strong> conséquences du cyclone Nagis ensont un exemple. Dans l’état de Chin, une invasionde rats a mis 100 000 personnes en état de risqued’inanition et pourtant, face à une telle situation, leGouvernement n’a fourni absolument aucune aide 15 .Crise de l’éducationLe financement de l’éducation, en pourcentage duPIB comme en chiffres absolus, occupe le rang leplus bas au niveau mondial avec un simple 1,2 %du PIB 16 . Au niveau national, seul à peu près un tiersdes étudiants qui commencent l’école primaire ousecondaire termine ses études 17 .Crise politiqueAu-dessus de tous <strong>les</strong> autres facteurs il y a le systèmepolitique démembré. Le CDPE et ses dictateursprécédents se sont refusés à permettre une vraietransition vers la démocratie, malgré le déclin aigudu pays depuis que <strong>les</strong> militaires ont pris le pouvoir.Les « Sept Pas vers la Démocratie » du régime sontvus en général comme un chemin de sept pas versle retranchement militaire permanent. La nouvelleconstitution renforce, parmi d’autres questions, lecontrôle illimité des militaires sur <strong>les</strong> opérations duGouvernement, ne garantit pas une justice indépendanteet manque de protection significative des droitshumains 18 . Plusieurs groupes politiques importantscomme la Ligue Nationale pour la Démocratie (LND),le Nouveau Parti de l’État de Mon, le Front DémocratiqueNational de Mon et l’Organisation pour l’Indépendancede Kachin, n’ont pas voulu participer auréférendum constitutionnel. Plusieurs groupes d’oppositionclés, avec le leadership de la LND, prévoientde boycotter <strong>les</strong> prochaines élections de 2010.D’autre part, une crise potentielle commenceà se préparer entre le CDPE et l’Armée Unie de l’Étatde Wa (AUEW), qui contrôle une partie de l’état deShan. Bien que <strong>les</strong> groupes se soient mis d’accordpour un cessez-le-feu en 1989, l’ AUEW a refusél’ordre de rendre <strong>les</strong> armes et s’est transformée enmilice contrôlée par le Gouvernement. L’AUEW a faitimprimer des documents officiels comme « Gouvernementde l’État de Wa, Région Autonome Spéciale,Union de Myanmar » et a déclaré qu’elle ne rendrapas <strong>les</strong> armes et ne participera pas aux élections de2010 à moins que ce statut-là ne lui soit accordé 19 .15 Carroll, B. “Rampaging Rats Bring Starvation to Burma”.BBC News, 26 septembre 2008. Disponible sur : .16 CIA (2009). World Factbook, Burma. Disponible sur : .17 Asian Tribune “Child Education in Burma”. Asian Tribune, 3septembre 2003. Disponible sur : .18 Voir : Htoo, A.U. “Analysis of the SPDC’s Constitution fromthe Perspective of Human Rights”. Legal Issues on BurmaJournal, Nº 30, 2008; et deux autres publications du BurmaLawyers’ Council. “2010 Elections: No Hope for HumanRights”. Legal Issues on Burma Journal, Nº 30, 2008, et“Statement on the Failure of the 2008 SPDC Constitution toProtect Judicial Independence”. 4 décembre 2008.19 Weng. L. “UWSP Proposes Autonomous Wa Region”. TheIrrawaddy, 5 janvier 2009. Disponible sur : .Le CDPE continue à arrêter et à emprisonnerquiconque ose critiquer la politique du gouvernement,un évident indicateur de son manque de volontépour permettre des changements significatifsdans le domaine politique. L’année dernière, ils ontprolongé l’assignation à résidence de Daw Aung SuuSan Kyi, Prix Nobel et leader élue démocratiquement.Le comédien comique et chroniqueur social Zaganara été condamné à 45 ans de prison pour avoir critiquéla réponse du Gouvernement lors du passage ducyclone Nargis. Actuellement il y a environ 2.100prisonniers politiques 20 .La société civile soupçonnéePendant <strong>les</strong> crises, <strong>les</strong> organisations de la société civi<strong>les</strong>ont crucia<strong>les</strong> pour apporter de l’aide et une voixalternative qui contribue à résoudre <strong>les</strong> problèmesnationaux <strong>les</strong> plus urgents. En Birmanie pourtant,ces organisations sont très peu développées et sontinterdites ou poursuivies par le CDPE. Les groupesimportants qui ont l’autorisation d’exister serventuniquement de soutien aux militaires. La BrigadeAuxiliaire des Pompiers, par exemple, sert surtoutde force anti-émeutes. De leur côté, <strong>les</strong> groupes defemmes avec l’approbation du gouvernement favorisentla politique gouvernementale au lieu de discuterpour savoir comment la changer. Il existe quelquesorganisations communautaires mais el<strong>les</strong> doiventrecevoir l’autorisation du Gouvernement pour entreprendreune quelconque activité 21 . En plus, sil’on considère qu’un membre de ces organisationsa commis un acte « illégal », ce qui bien des foissignifie tout simplement qu’il s’est opposé au Gouvernement,il est souvent puni 22 .ConclusionSous le Gouvernement de la Junte Militaire, la populationbirmane vit en crise permanente, qu’elle soitéconomique, politique ou environnementale. Pendant<strong>les</strong> dernières années, <strong>les</strong> crises se sont nourries<strong>les</strong> unes <strong>les</strong> autres, pérennisant ainsi un statutquo pernicieux. Pour y répondre, le Gouvernementaccroît <strong>les</strong> mesures de force, arrête <strong>les</strong> individuset se refuse à fournir un réseau de protection auxcitoyens. Cela a créé un pays avec des droits réservésseulement aux élites militaires et à leurs alliésalors que <strong>les</strong> citoyens <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong> se voientfrappés de manière disproportionnée par la crise et<strong>les</strong> catastrophes. n20 France 24. “Online Mobilization for Political Prisoners inBurma”. Disponible sur : .21 Ni Aung, M.A. “Creating Space in Myanmar/Burma”. En Zarni(ed.) Active Citizens Under Political Wraps : Experiencesfrom Myanmar/Burma and Vietnam. Chaing Mai: HeinrichBoll Foundation. 2006.22 Lorch, J. “Civil Society Actors and Their Room for Maneuverin Myanmar/Burma”. Dans Zarni (2006), ibid.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>65Birmanie

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