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Faire travailler les finances - Social Watch

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Réponse européenne à la crise économiqueet financière mondialePour devenir un acteur mondial dans sa réponse à la crise, l’Europe devrait <strong>travailler</strong> vers un partenariat inclusif avec tous <strong>les</strong> pays, etnon pas seulement avec <strong>les</strong> pays <strong>les</strong> plus puissants. Elle devrait garantir que <strong>les</strong> mesures instaurées répondent aux besoins de toutes<strong>les</strong> populations, notamment <strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong> aux effets de la crise, que ce soit au sein de l’Europe ou dans <strong>les</strong> pays en voie dedéveloppement. Tels sont <strong>les</strong> défis du nouveau Parlement et de la nouvelle Commission européenne, dont <strong>les</strong> mandats débutent à peineet prendront fin en 2015, coïncidant ainsi avec la date limite fixée pour atteindre <strong>les</strong> Objectifs du millénaire pour le développement.Mirjam van ReisenConseillers en politique extérieure européenne(EEPA, Europe External Policy Advisors)Simon Stocker, Louisa VogiazidesEurostepDepuis le début de la crise économique et financière,l’Union européenne s’est invariablement présentéecomme acteur principal de la réponse mondiale à lacrise et de tout type de réforme concernant l’architecturefinancière mondiale. Les dirigeants européenscitent <strong>les</strong> réussites de l’UE des 50 dernières années etses engagements envers la justice sociale et la solidaritéafin de justifier leur rôle de leaders sur la scènemondiale. Comme l’a affirmé le Premier ministrebritannique Gordon Brown au Parlement européenle 24 mars 2009, l’UE se trouve « dans une positionunique » pour pouvoir diriger la « construction d’unesociété vraiment mondiale, durable pour tous, sûrepour tous et juste pour tous ». D’autres dirigeants,se faisant l’écho de ces paro<strong>les</strong>, reconnaissent quela crise financière mondiale a des impacts sociauxet humains dans le monde entier, notamment dans<strong>les</strong> pays en développement. Leurs réponses, disentils,reconnaîtront pleinement <strong>les</strong> besoins et réalitésdes pays en développement. Ce que cela signifieréellement dans la pratique commence déjà à se percevoirdans la façon dont l’UE et ses États membresabordent la crise et ses impacts. Malgré des fail<strong>les</strong>systémiques évidentes dans le système actuel depromotion du développement équitable et durable,il n’y a jusqu’à présent aucun engagement visible enfaveur d’un véritable changement.La position européenne face à l’architecturefinancière mondialeLes dirigeants européens reconnaissent facilement<strong>les</strong> fail<strong>les</strong> du système financier mondial. Il semblecependant que <strong>les</strong> mesures prévues pour combattreces fail<strong>les</strong> soient bien loin d’apporter une transformationradicale du système. Bien que tous <strong>les</strong> dirigeantseuropéens ne fassent pas partie du G-20, celui-ci estlargement accepté en tant que leader pour répondreà la crise. Les mesures adoptées lors du Sommet duG-20 à Londres en avril 2009 reflètent l’approcheeuropéenne pour aborder la crise économique et laréforme du système financier mondial afin de prévenirde nouvel<strong>les</strong> crises. Parmi ces mesures, il estrecommandé d’injecter des fonds supplémentairesaux Institutions financières internationa<strong>les</strong> (IFI) àhauteur de 1,1 billion d’USD, dont une proportionminime (50 milliards d’USD) serait destinée à « garantirle développement des pays à bas revenus ». Le1,1 billion d’USD se répartit en 750 milliards pour leFMI, 100 milliards pour la Banque mondiale et 250milliards pour soutenir le commerce mondial. Lesdirigeants européens ainsi que <strong>les</strong> autres dirigeantsdu G-20 se sont mis d’accord pour injecter environ5 billions d’USD d’ici fin 2010 afin de relancer leurséconomies et de protéger l’emploi.Il est à peu près certain que l’UE s’engagera àrenforcer la supervision et la réglementation financière,avec divers niveaux de soutien envers l’améliorationdu suivi des agences d’évaluation du crédit,la mise en place de standards réglementaires mettantun terme aux paradis fiscaux et au secret bancaire, lebesoin de nouvel<strong>les</strong> normes de comptabilité plaçant<strong>les</strong> obligations sous la supervision de contrôleursdes <strong>finances</strong>.Si certaines de ces mesures sont <strong>les</strong> bienvenues– du moment qu’el<strong>les</strong> ont une portée suffisammentimportante – el<strong>les</strong> ne reflètent d’aucune façon unengagement pour la transformation de l’architecturefinancière mondiale. Au contraire, el<strong>les</strong> reflètent ladétermination de maintenir intactes <strong>les</strong> structureset <strong>les</strong> approches actuel<strong>les</strong>, et de restaurer la stabilitéau travers d’une meilleure gestion des modè<strong>les</strong>économiques et financiers mondiaux actuels. Cetteréponse cherche à garantir que le contrôle sur toutemodification restera entre <strong>les</strong> mains des principauxacteurs économiques mondiaux, parmi <strong>les</strong>quels setrouve l’Europe. Étant donné que le G-20 regroupedes pays qui ont largement bénéficié du systèmemondial en vigueur, rien ne <strong>les</strong> incite véritablementà effectuer une transformation radicale du système.Et puisque l’architecture financière mondiale a nonseulement échoué à éliminer <strong>les</strong> inégalités mais <strong>les</strong> asouvent augmentées, il n’est absolument pas prouvéque le maintien du modèle actuel puisse obtenir <strong>les</strong>résultats proclamés par Gordon Brown et d’autresdirigeants européens.Pour que la réponse à la crise soit réellementmondiale et efficace, il faut faire participer, outre<strong>les</strong> principaux pouvoirs et <strong>les</strong> grandes économiesémergentes, la communauté mondiale, et notammentl’ensemble des pays en développement. LaCommission d’experts sur <strong>les</strong> réformes du systèmemonétaire et financier international, présidée parl’économiste Joseph Stiglitz, argumente que « lebien-être des pays développés et en voie de développementest mutuellement interdépendant dansune économie de plus en plus intégrée ». En conséquence,« sans une réponse vraiment inclusive, quireconnaisse l’importance de tous <strong>les</strong> pays dans leprocessus de réformes, il s’avère impossible de restaurerla stabilité économique mondiale, si bien quetant la croissance économique que la réduction de lapauvreté seront menacées dans le monde entier » 1 .Le manque de volonté de l’Europe d’inclureeffectivement <strong>les</strong> pays en développement dans l’effortmondial pour s’occuper de la crise est mis enévidence par son engagement dans le processus duG-20, plus important que dans d’autres forums internationaux,notamment à l’ONU. En règle générale,l’approche de l’Europe a consisté à confiner le rôlede l’ONU à s’occuper des impacts de la crise dans <strong>les</strong>pays en développement. Pour <strong>les</strong> gouvernementseuropéens, le G-20 est le forum dans lequel toutemodification du système mondial représentera aumieux leurs intérêts. La plupart d’entre eux n’ontmontré aucun intérêt envers la Conférence de l’ONUsur la Crise économique mondiale et ses impacts surle développement.Cette préférence se manifeste également dansle manque d’engagement réel des dirigeants européensen faveur d’une augmentation de la représentationdes pays en développement au sein des structuresdes IFI. Même s’il a été convenu, dans le cadredu G-20, d’octroyer 750 milliards d’USD au FMI pouraider <strong>les</strong> pays touchés par la crise, aucun engagementfort n’a été pris pour transformer le systèmede gouvernance des IFI afin de régler la question deleur déficit démocratique. Le communiqué du G-20a fait un appel pour réformer « <strong>les</strong> mandats, la portéeet la gouvernance [des IFI] afin de refléter <strong>les</strong> changementsdans l’économie mondiale et <strong>les</strong> nouveauxdéfis de la globalisation », ajoutant que « <strong>les</strong> économiesémergentes et en développement, y compris <strong>les</strong>plus pauvres, devraient pouvoir mieux faire entendreleur voix pour une meilleure représentation ». Lesmembres du G-20 ont réitéré leur engagement avecla mise en œuvre d’une série de réformes relativesaux voix, convenue par le conseil d’administration duFMI en avril 2008, et ont stipulé que « <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>autorités » des IFI devraient être désignées suivant1 Comission d’experts sur <strong>les</strong> réformes du système monétaireet financier international (2009). Recommandations, 19mars. Disponible sur : .<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>43Réponse européenne à la crise mondiale

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