Faire travailler les finances - Social Watch
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«En Colombie, il existe près de 84 tribus indigènes bien différenciées qui vivent dans lesrégions frontalières de la Colombie, du Pérou et du Brésil, précisément là où se trouventles réserves de ressources naturelles les plus convoitées. Nous luttons pour défendrenotre territoire et préserver notre culture. En raison de cette lutte, plus de 1.400 de nosleaders ont été assassinés depuis les années 70. Actuellement, de nombreuses régionsindigènes sont militarisées et celles qui ne le sont pas ont des forces paramilitaires surplace. Le Gouvernement essaie de déplacer nos communautés pour pouvoir négocieravec des compagnies transnationales l’exploitation dans ces zones des ressources naturelles,telles que le bois ou le pétrole. Les peuples indigènes de Colombie s’opposentaux accords de libre échange parce que ces traités provoquent un déplacement plusimportant de nos communautés et, au lieu d’ouvrir les marchés, ils augmentent juste lafrange de pouvoir des États-Unis» .TABLEAU 1. Emissions mondialesannuelles de carbone provenant decombustibles fossiles et la production deciment, 1850-1999, et la concentrationde CO 2dans l’atmosphère, le volume enparties par millions (vppm), 1850-2000Émissions globales de carbone, en milliards par an876543210Concentration globale de CO 2Emissions globalesde carbone1850 1875 1900 1925 1950 1975 2000vironnement et le Développement et l’Agenda 21,convenus lors du Sommet de la Terre en 1992 : leprincipe de précaution et le principe directeur selonlequel le pollueur doit payer. Le premier indique quesi l’on n’a pas de certitude quant aux bénéfices etaux conséquences des mesures, celles-ci ne doiventpas être prises. Le deuxième est évident. La justiceclimatique est aussi mentionnée, explicitement ouimplicitement, dans de nombreuses déclarations etaccords de l’ONU.Les changements climatiques n’épargnent niles riches, ni les pauvres, mais ils ont des conséquencesnéfastes principalement sur les populationspauvres, bien que, dans ce cas, leur responsabilitésoit moindre. Les pays en voie de développement,également connus comme ceux non compris dansl’Annexe I, ont produit bien moins d’émissions deGES que les pays développés ou appartenant à l’AnnexeI, mais ils en souffriront davantage. Les pays400350300250200150100Source : communication personnelle. P. Tans, ClimateMonitoring and Diagnostics Laboratory, National Oceanicand Atmospheric Administration, États-Unis.Jesús Avirama (Conseil Régional Indigène du Cauca, Colombie)500CO 2 , vppmmoins développés (PMD), qui ont moins contribuéà la pollution, seront ceux qui en souffriront davantage.De nombreux petits pays insulaires en voie dedéveloppement pourraient tout simplement disparaîtrede la planète.Le travail partagé de stabilisation de la concentrationde GES dans l’atmosphère, dans le scénariochoisi pour la stabilisation des émissions (350 ppm,450 ppm, 550 ppm, 650 ppm) devra être fondésur une proportion différenciée de la responsabilitéselon les conséquences déjà provoquées et quicontinuent à se produire, et sur les différents niveauxde développement. Les pays et la populationdu monde peuvent être divisés en trois groupes :les gros émetteurs ou grands consommateurs ; lespetits émetteurs ou sous-consommateurs ; et lessustentateurs ou ceux qui vivent dans les limitesdu soutenable. Ce classement correspond respectivementaux (a) pays industriels – les membres del’Organisation de Coopération et de DéveloppementÉconomique (OCDE) ; (b) aux pays moins développés,comprenant la plupart des pays africains ; et(c) les pays au développement avancé, tels que leBrésil, la Chine, l’Inde et d’autres pays de l’Est et duSud-est asiatique.Cependant, il y a dans tous les pays, riches oupauvres, ceux qui n’entrent pas facilement dans lescatégories mentionnées ci-dessus : un Philippin riche,par exemple, a un style de vie semblable (et,par conséquent, le même niveau d’émission de CO 2)à celui de son homologue aux États-Unis. La classemoyenne en Chine et en Inde représente 600 millionsde personnes riches ou qui ne sont pas pauvres etelle regroupe des sustentateurs et de gros consommateurs.Plus de 2.000 millions de personnes malnourries, avec une éducation formelle insuffisante,au chômage, sans droit à la parole ni accès aux soinsmédicaux, sans eau ou sans assainissement, vivantdans une situation de précarité feraient partie de lacatégorie des petits consommateurs ou émetteursexclus. Ce sont eux qui doivent jouir en premier dudroit au développement et devenir les principauxbénéficiaires des échanges de ressources au niveaunational et international.La solution pour éviter la catastrophe est claire etévidente : les riches des pays riches et des pays pauvresdoivent céder davantage pour que les pauvres etnous tous, puissions vivre de manière durable.L’atténuation, la base de la justiceDe nombreuses propositions ont été formuléesconcernant notamment la stabilisation climatiqueparmi lesquels le principe « de la quote-part juste »,les droits au développement écologique, la convergencecommune mais différenciée, la contraction etla convergence pour 2050.Les pays à fortes émissions doivent s’engager àréduire leurs émissions de GES de manière radicale,profonde et contraignante, par rapport aux niveaux de1990, et à assister les pays en voie de développementavec de l’argent « flexible » et de la technologie propre.La contraction exigée est énorme quel que soit lescénario de stabilisation d’émissions convenu. Il estprévu une variation entre 25 % et 50 % de réductionou plus entre 2020 et 2050. La réduction comprendles six gaz inclus au Protocole de Kyoto : CO 2, méthane(CH 4), oxyde d’azote (N 2O), hydrofluorocarbones(HFC), perfluorocarbones (PFC) et hexafluorure desoufre (SF 6) – traduits en tonnes de CO 2équivalent (tCO 2e) sur les inventaires de GES de chaque pays.Il est vrai que les pays en voie de développementont droit au développement mais pas pour autant àpolluer l’environnement. Le droit au développementselon le principe de justice climatique concerne nonseulement la croissance de l’économie mais, plusimportant encore, il concerne également la satisfactiondes besoins de base menant à un niveau dignede sécurité et de bien-être pour tous. Les auteurs deGreenhouse Development Rights Framework (Cadredes Droits au Développement à Effet de serre) suggèrentun revenu de 9.000 USD annuels par personnecomme niveau de convergence de tous les pays 7 . Cequi signifie que les pays en voie de développement,tous en dessous de ce seuil, devraient avoir le droitde recevoir des transferts (APD, technologie, etc.)leur permettant ainsi d’augmenter leurs émissionsde gaz à effet de serre en vue d’atteindre ce revenu.Quelle est la quantité de carbone équivalente à9.000 USD en PIB par habitant ? Probablement, environneuf tonnes de CO 2par personne. Même si les paysriches accédaient à réduire les émissions à ce niveauet que les pays pauvres parvenaient à l’atteindre, etmême si nous utilisions tous des combustibles fossileset de l’énergie renouvelable, la quantité de carbone etd’énergie serait encore très élevée, compte tenu desprojections de la population mondiale de 7,6 milliardsd’habitants en 2020 et 9,1 milliards en 2050.Face à ce niveau de revenus, les objectifs fixéspar les Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD) semblent encore insuffisants mêmes’ils étaient atteints d’ici à 2015 (objectif impossibleà atteindre au rythme actuel). Il faut absolument queles pays en voie de développement évitent le cheminde non durabilité choisi par les pays industrialisés.Plut tôt seront mis en place des modèles de productionet de consommation utilisant des énergies pro-7 Baer, P., Athanasiou, T., Kartha, S. et Kemp-Benedict, E. TheGreenhouse Development Rights Framework : The Right toDevelopment in a Climate Constrained World. 2ème édition.Berlin : Heinrich Böll Foundation, 2008. Disponible sur :.Rapports thématiques 26 Social Watch
pres, mieux ce sera pour la planète et pour toute lapopulation mondiale. La mise en place de plans agricoleset de pêche durables, pour la conservation del’eau et les ressources forestières, pour le développementdes énergies renouvelables et la réduction dela pauvreté et de l’inégalité, permettra de s’adapter auchangement climatique. Une authentique révolutionverte appliquée à la pêche et à l’agriculture ainsi quela non contribution à la déforestation peuvent aiderà capturer du carbone et à réduire son empreinteécologique.Les pays non compris dans l’Annexe I ne sontpas tenus aux engagements d’atténuation, maisils peuvent y contribuer en adoptant, par exemple,un impôt progressif sur le carbone appliqué auxconsommateurs riches et s’engageant le plus tôtpossible sur des voies de développement utilisantdes énergies alternatives et à faible taux de carbone.Tous les pays doivent viser à ne pas dépasser leurcapacité démographique 8 . Il est impératif que la stabilisationde la population à des niveaux soutenablesdevienne un véritable objectif dans des pays commeles Philippines, dont la population dépassera les 100millions d’ici 2020 et qui atteindra, selon les prospectives,presque 150 millions en 2050.Les pays gros émetteurs insistent sur le fait defavoriser les pays en voie de développement plusavancés, où le niveau d’émissions augmente rapidement.Lors de la 13ème Conférence des Partiesen 2007 tenue à Bali, en Indonésie, on a suggéré queles objectifs contraignants de réduction des émissionsdevraient être également appliqués en Chineet en Inde. Il s’agit d’une question délicate et problématiquequi en dit long sur les complexités dela « négociation » de la justice. Il est vrai que lesémissions de la Chine augmentent rapidement dufait de son importante croissance économique etde sa dépendance au charbon sale. Mais la concentrationactuelle de carbone dans l’atmosphère est laconséquence d’une accumulation constante au fil denombreuses générations et la Chine comme l’Indey ont relativement peu contribué (même si leur empreintede carbone apparaîtra plus tard, étant donnél’importance de leur croissance actuelle).En outre, le niveau d’émissions de la Chine est encore,en moyenne et proportionnellement à sa population,très inférieure à celui des États-Unis. La Chineutilise les matières premières dans le monde, maiselle accepte aussi de nombreux résidus que d’autrespays ne veulent pas introduire sur leurs territoires. Ellerecycle les déchets mondiaux et applique l’agriculturedurable et la plantation massive d’arbres. En fait, il estprobable que la Chine possède la plus grande capacitédémographique de la planète, puisqu’elle veillesur un membre de l’humanité sur six dans un espacecomparativement restreint. Cependant, on pourrait sedemander qui est-ce qui paie pour que la Chine puisseproduire à des prix aussi bas. Une autre question àconsidérer est pourquoi Beijing ne peut pas adopterun système de production propre et commencer à8 Le nombre de personnes pouvant être maintenues dans unterritoire donné dans les limites des ressources naturelleset sans dégrader l’environnement naturel, social, culturel etéconomique pour les générations actuelles et futures. Voir :.«La crise actuelle est globale, par conséquent les politiques élaborées pour en venir à boutdoivent être globales mais aussi reliées aux mouvements locaux. Nous pensons qu’il faudraitinvestir les séries de programmes de relance dans des choses comme une infrastructureécologique et sociale qui permette la création de travail écologique, une reconnaissance desimpacts disproportionnés de la crise sur les travailleuses et la reprise de l’économie du soin.Ce genre de politiques vient en détail dans le Pacte mondial pour l’emploi de l’OIT. L’ONU estle seul endroit où les pays qui supportent le plus grand poids de la crise peuvent avoir une voixreprésentative. Le mouvement ouvrier travaille dans le cadre de l’ONU à diffuser l’Agenda dutravail décent et des emplois écologiques. Il ne s’agit pas seulement d’accroître l’aide au développementet d’être un petit peu plus généreux, comme voudraient le prétendre certains paysindustrialisés. La transformation sociale s’impose. Les institutions multilatérales doivent êtreréformées de façon systématique et des mécanismes spécifiques sont nécessaires pour êtresûrs d’avoir des solutions durables à la crise économique et financière» .TABLEAU 2. Impacts attendus des changements climatiquesChangement de température globale par rapport à la période préindustrielle0 o C 1 o C 2 o C 3 o C 4 o C 5 o C 6 o CAlimentsEauEcosystèmesPhénomènes ClimatiquesExtrêmesDommages extensif surles récifs de corailChute de la production agricole dans plusieurs régions, notamment celles en développementProbable augmentation de la productiondans certaines régions éloignées de l’équateurDisparition des petits glaciers –approvisionnement d’eau menacéedans plusieurs régionsRisque De Grands Changements,Abrupts Et Irréversiblesproduire davantage de biens durables. Si la Chine peutcontribuer à sauver l’économie mondiale avec sesfonds excédentaires, pourquoi ne les utilise-t-elle pasà recycler ses déchets et n’adopte-t-elle pas une voiede développement à faible taux de carbone ?Les émissions de carbone des États-Unis, 25 %du total mondial, sont encore très élevées. Le niveaud’émission de CO 2par habitant a connu uneréduction faible ou nulle depuis 1990. Le Rapportmondial sur le développement humain 2006 : Equitéet Développement a été quantifié à 19,8 tonnes parpersonne cette même année 9 . L’Europe, le Japonet d’autres pays industrialisés ont réussi à réduireleurs niveaux, mais ils n’ont pas encore atteint leminimum fixé par le Protocole de Kyoto. En général,les émissions annuelles mondiales de CO 2n’ont pasdiminué depuis 1990. Certains y voient un signe deprospérité, indiquant que les économies continuentleur croissance. Pour d’autres elle est néfaste, car9 La Banque Mondiale. Rapport mondial sur le développement2006 : Equité et Développement. Washington, DC, 2006.Gemma Adaba (Confédération Syndicale Internationale)Diminution significative de la disponibilitéd’eau dans beaucoup de régions, y comprisla Méditerranée et l’Afrique du SudChute de la production dansplusieurs régions développéesL’augmentation duniveau de la mermenace les grandes villesAugmentation du nombre d’espèces menacées d’extinctionAugmentation de l’intensité des orages, des incendies forestiers,des périodes de sécheresse, des inondations et des vagues de chaleurAugmentation du risque de réactions dangereuses et dechangements abrupts à grande échelle du système climatiqueSource : UNEP/GRID-Arendal (2008). “Projected Impact of Climate Change.” UNEP/GRID-Arendal Maps and Graphics Library 10.nous nous approchons du point de non-retour. Lesefforts de contraction et de convergence doivent empêcherque la moyenne des températures mondialesaugmente de plus de 2 degrés Celsius d’ici 2050 : leseuil à respecter sous peine de mourir. Il est évidentqu’il ne reste pas beaucoup de temps.S’adapter ou mourirLes pays pauvres ne peuvent pas se permettre d’attendreque l’on adopte des mesures radicales d’atténuation.Ils peuvent périr avant que justice ne soitfaite. Avec ou sans assistance, ils doivent trouver lafaçon de s’adapter aux changements climatiquesavant qu’il ne soit trop tard.L’adaptation, définie dans le Troisième rapportd’évaluation de l’IPCC, et déjà comprise dans le mandatoriginal de l’organisme en 1988, fait référence auxajustements dans les systèmes écologique, social ouéconomique en réponse à des stimuli climatiques10 Voir : .Social Watch27Justice pour refroidir la planète
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«En Colombie, il existe près de 84 tribus indigènes bien différenciées qui vivent dans <strong>les</strong>régions frontalières de la Colombie, du Pérou et du Brésil, précisément là où se trouvent<strong>les</strong> réserves de ressources naturel<strong>les</strong> <strong>les</strong> plus convoitées. Nous luttons pour défendrenotre territoire et préserver notre culture. En raison de cette lutte, plus de 1.400 de nosleaders ont été assassinés depuis <strong>les</strong> années 70. Actuellement, de nombreuses régionsindigènes sont militarisées et cel<strong>les</strong> qui ne le sont pas ont des forces paramilitaires surplace. Le Gouvernement essaie de déplacer nos communautés pour pouvoir négocieravec des compagnies transnationa<strong>les</strong> l’exploitation dans ces zones des ressources naturel<strong>les</strong>,tel<strong>les</strong> que le bois ou le pétrole. Les peup<strong>les</strong> indigènes de Colombie s’opposentaux accords de libre échange parce que ces traités provoquent un déplacement plusimportant de nos communautés et, au lieu d’ouvrir <strong>les</strong> marchés, ils augmentent juste lafrange de pouvoir des États-Unis» .TABLEAU 1. Emissions mondia<strong>les</strong>annuel<strong>les</strong> de carbone provenant decombustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong> et la production deciment, 1850-1999, et la concentrationde CO 2dans l’atmosphère, le volume enparties par millions (vppm), 1850-2000Émissions globa<strong>les</strong> de carbone, en milliards par an876543210Concentration globale de CO 2Emissions globa<strong>les</strong>de carbone1850 1875 1900 1925 1950 1975 2000vironnement et le Développement et l’Agenda 21,convenus lors du Sommet de la Terre en 1992 : leprincipe de précaution et le principe directeur selonlequel le pollueur doit payer. Le premier indique quesi l’on n’a pas de certitude quant aux bénéfices etaux conséquences des mesures, cel<strong>les</strong>-ci ne doiventpas être prises. Le deuxième est évident. La justiceclimatique est aussi mentionnée, explicitement ouimplicitement, dans de nombreuses déclarations etaccords de l’ONU.Les changements climatiques n’épargnent ni<strong>les</strong> riches, ni <strong>les</strong> pauvres, mais ils ont des conséquencesnéfastes principalement sur <strong>les</strong> populationspauvres, bien que, dans ce cas, leur responsabilitésoit moindre. Les pays en voie de développement,également connus comme ceux non compris dansl’Annexe I, ont produit bien moins d’émissions deGES que <strong>les</strong> pays développés ou appartenant à l’AnnexeI, mais ils en souffriront davantage. Les pays400350300250200150100Source : communication personnelle. P. Tans, ClimateMonitoring and Diagnostics Laboratory, National Oceanicand Atmospheric Administration, États-Unis.Jesús Avirama (Conseil Régional Indigène du Cauca, Colombie)500CO 2 , vppmmoins développés (PMD), qui ont moins contribuéà la pollution, seront ceux qui en souffriront davantage.De nombreux petits pays insulaires en voie dedéveloppement pourraient tout simplement disparaîtrede la planète.Le travail partagé de stabilisation de la concentrationde GES dans l’atmosphère, dans le scénariochoisi pour la stabilisation des émissions (350 ppm,450 ppm, 550 ppm, 650 ppm) devra être fondésur une proportion différenciée de la responsabilitéselon <strong>les</strong> conséquences déjà provoquées et quicontinuent à se produire, et sur <strong>les</strong> différents niveauxde développement. Les pays et la populationdu monde peuvent être divisés en trois groupes :<strong>les</strong> gros émetteurs ou grands consommateurs ; <strong>les</strong>petits émetteurs ou sous-consommateurs ; et <strong>les</strong>sustentateurs ou ceux qui vivent dans <strong>les</strong> limitesdu soutenable. Ce classement correspond respectivementaux (a) pays industriels – <strong>les</strong> membres del’Organisation de Coopération et de DéveloppementÉconomique (OCDE) ; (b) aux pays moins développés,comprenant la plupart des pays africains ; et(c) <strong>les</strong> pays au développement avancé, tels que leBrésil, la Chine, l’Inde et d’autres pays de l’Est et duSud-est asiatique.Cependant, il y a dans tous <strong>les</strong> pays, riches oupauvres, ceux qui n’entrent pas facilement dans <strong>les</strong>catégories mentionnées ci-dessus : un Philippin riche,par exemple, a un style de vie semblable (et,par conséquent, le même niveau d’émission de CO 2)à celui de son homologue aux États-Unis. La classemoyenne en Chine et en Inde représente 600 millionsde personnes riches ou qui ne sont pas pauvres etelle regroupe des sustentateurs et de gros consommateurs.Plus de 2.000 millions de personnes malnourries, avec une éducation formelle insuffisante,au chômage, sans droit à la parole ni accès aux soinsmédicaux, sans eau ou sans assainissement, vivantdans une situation de précarité feraient partie de lacatégorie des petits consommateurs ou émetteursexclus. Ce sont eux qui doivent jouir en premier dudroit au développement et devenir <strong>les</strong> principauxbénéficiaires des échanges de ressources au niveaunational et international.La solution pour éviter la catastrophe est claire etévidente : <strong>les</strong> riches des pays riches et des pays pauvresdoivent céder davantage pour que <strong>les</strong> pauvres etnous tous, puissions vivre de manière durable.L’atténuation, la base de la justiceDe nombreuses propositions ont été formuléesconcernant notamment la stabilisation climatiqueparmi <strong>les</strong>quels le principe « de la quote-part juste »,<strong>les</strong> droits au développement écologique, la convergencecommune mais différenciée, la contraction etla convergence pour 2050.Les pays à fortes émissions doivent s’engager àréduire leurs émissions de GES de manière radicale,profonde et contraignante, par rapport aux niveaux de1990, et à assister <strong>les</strong> pays en voie de développementavec de l’argent « flexible » et de la technologie propre.La contraction exigée est énorme quel que soit <strong>les</strong>cénario de stabilisation d’émissions convenu. Il estprévu une variation entre 25 % et 50 % de réductionou plus entre 2020 et 2050. La réduction comprend<strong>les</strong> six gaz inclus au Protocole de Kyoto : CO 2, méthane(CH 4), oxyde d’azote (N 2O), hydrofluorocarbones(HFC), perfluorocarbones (PFC) et hexafluorure desoufre (SF 6) – traduits en tonnes de CO 2équivalent (tCO 2e) sur <strong>les</strong> inventaires de GES de chaque pays.Il est vrai que <strong>les</strong> pays en voie de développementont droit au développement mais pas pour autant àpolluer l’environnement. Le droit au développementselon le principe de justice climatique concerne nonseulement la croissance de l’économie mais, plusimportant encore, il concerne également la satisfactiondes besoins de base menant à un niveau dignede sécurité et de bien-être pour tous. Les auteurs deGreenhouse Development Rights Framework (Cadredes Droits au Développement à Effet de serre) suggèrentun revenu de 9.000 USD annuels par personnecomme niveau de convergence de tous <strong>les</strong> pays 7 . Cequi signifie que <strong>les</strong> pays en voie de développement,tous en dessous de ce seuil, devraient avoir le droitde recevoir des transferts (APD, technologie, etc.)leur permettant ainsi d’augmenter leurs émissionsde gaz à effet de serre en vue d’atteindre ce revenu.Quelle est la quantité de carbone équivalente à9.000 USD en PIB par habitant ? Probablement, environneuf tonnes de CO 2par personne. Même si <strong>les</strong> paysriches accédaient à réduire <strong>les</strong> émissions à ce niveauet que <strong>les</strong> pays pauvres parvenaient à l’atteindre, etmême si nous utilisions tous des combustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong>et de l’énergie renouvelable, la quantité de carbone etd’énergie serait encore très élevée, compte tenu desprojections de la population mondiale de 7,6 milliardsd’habitants en 2020 et 9,1 milliards en 2050.Face à ce niveau de revenus, <strong>les</strong> objectifs fixéspar <strong>les</strong> Objectifs du Millénaire pour le Développement(OMD) semblent encore insuffisants mêmes’ils étaient atteints d’ici à 2015 (objectif impossibleà atteindre au rythme actuel). Il faut absolument que<strong>les</strong> pays en voie de développement évitent le cheminde non durabilité choisi par <strong>les</strong> pays industrialisés.Plut tôt seront mis en place des modè<strong>les</strong> de productionet de consommation utilisant des énergies pro-7 Baer, P., Athanasiou, T., Kartha, S. et Kemp-Benedict, E. TheGreenhouse Development Rights Framework : The Right toDevelopment in a Climate Constrained World. 2ème édition.Berlin : Heinrich Böll Foundation, 2008. Disponible sur :.Rapports thématiques 26 <strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>