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Faire travailler les finances - Social Watch

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Justice pour refroidir la planèteLa récession mondiale actuelle risque d’être une bénédiction pour la planète, puisque le fléchissement de la croissance économiqueamoindrit la pression sur l’environnement et il s’avère essentiel de réduire <strong>les</strong> émissions de gaz. En effet, cette crise constitue une chanceunique pour faire prévaloir la justice sociale et environnementale. Seule une situation plus juste favorisera la durabilité et, pour y parvenir,il est nécessaire de mettre en œuvre un plan d’aide financière capable d’éradiquer la pauvreté mondiale, de restaurer l’environnement etde stabiliser le climat. Néanmoins, cela ne sera possible qu’à condition que <strong>les</strong> riches changent leurs modalités de consommation et deproduction et qu’ils apprennent à vivre dans des limites garantissant la durabilité. De même, <strong>les</strong> pays en voie de développement il faut éviterde suivre <strong>les</strong> pas des pays industrialisés et entamer, dès aujourd’hui, le chemin de la production et de la consommation écologiques.PRRM/<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> FilipinasIsagani R. SerranoLes empreintes laissées par l’humanité sur le changementclimatique actuel sont évidentes. La Convention-Cadre des Nations Unies sur <strong>les</strong> Changements Climatiques(CMNUCC) 1 et le Protocole de Kyoto 2 , montrentla façon de défaire ce qui a déjà été fait afin d’éviter lacatastrophe. Pourtant, bien qu’il soit nécessaire deprendre des mesures, la confrontation entre <strong>les</strong> paysindustrialisés et ceux en voie de développement sembleêtre un conflit sans solution apparente. Dans lemême temps, même <strong>les</strong> meilleurs scientifiques paraissentsous-estimer la vitesse réelle des changementsclimatiques. Par exemple, le Quatrième rapport d’évaluationdu Groupe Intergouvernemental d’Experts sur<strong>les</strong> Changements Climatiques (IPCC) avait prévu quedes glaces éternel<strong>les</strong> persisteraient dans l’océan Arctiquejusqu’en 2050 3 , Or, par la suite il a été démontréque l’on avait considérablement sous-estimé le degréde réduction des glaces marines et il est prévu quel’océan perde sa glace marine estivale bien avant 4 .Il devient donc urgent de passer à l’action avantque <strong>les</strong> changements climatiques ne soient irréversib<strong>les</strong>.Mais aucune des deux parties ne veut céderdu terrain. D’une part, <strong>les</strong> pays riches se sententtrop contraints à atteindre des objectifs diffici<strong>les</strong> etexigeants avant que <strong>les</strong> pays pauvres ne démarrentleurs propres actions. D’autre part, <strong>les</strong> pays pauvresne veulent pas céder parce qu’ils considèrent qu’onexige d’eux <strong>les</strong> mêmes objectifs que <strong>les</strong> pays richessans avoir la possibilité de <strong>les</strong> rattraper.Assistons-nous à la fin de la partie ?Dans <strong>les</strong> années 1880, dès que nous avons commencéà utiliser des combustib<strong>les</strong> fossi<strong>les</strong> et que1 Nations Unies. Convention Cadre des Nations Unies sur <strong>les</strong>Changements Climatiques. 1992. En vigueur depuis 1994.Disponible sur : .2 Nations Unies. « Protocole de Kyoto à la Convention Cadredes Nations Unies sur <strong>les</strong> Changements Climatiques. » 1998.Disponible sur : .3 IPCC. “Climate Change 2007 : Synthesis Report.” Quatrièmerapport d’évaluation du Groupe Intergouvernementald’Experts sur <strong>les</strong> Changements Climatiques. Genève :Groupe Intergouvernemental d’Experts sur <strong>les</strong> ChangementsClimatiques.4 Lovett, R. “Arctic Ice Melting Much Faster Than Predicted.”National Geographic News, le 1 er mai 2007. Disponible sur :.nous avons installé la société industrielle actuelle, laconcentration de dioxyde de carbone (CO 2) dans l’atmosphèreétait équivalente à 280 parties par millions(ppm). Pendant <strong>les</strong> années 1950 elle avait atteint 315ppm. Lorsqu’à la fin des années 80, le scientifique dela NASA James Hansen a donné l’alerte pour la premièrefois à propos des changements climatiques, ila fixé à 350 ppm le niveau maximal « si l’humanitédésire préserver une planète qui ressemble à celleoù se sont développées <strong>les</strong> civilisations et à celle àlaquelle est adaptée la vie sur la Terre » 5 .Or, nous avons déjà dépassé cette limite. Noussommes maintenant à 380 ppm et le niveau de CO 2dans l’air augmente de deux ppm par an. En fait,il n’existe pas encore de consensus sur le seuil desécurité. Il y en a qui affirment qu’il se situe à 450ppm. D’autres pensent qu’il devrait être bien plusbas. Lors de la Conférence des Parties tenue à Poznanen décembre 2008, l’ancien vice-président desÉtats-Unis, Al Gore, a vainement tenté de parvenirà un consensus autour de 350 ppm. Rajendra Pachauri,président de CMNUCC/IPCC, a dit que, sil’on n’adoptait pas de réformes de base d’ici 2012,on pourrait assister à la désintégration du systèmeclimatique. En outre, il a insisté sur le fait que <strong>les</strong>émissions mondia<strong>les</strong> de CO 2doivent commencer àse réduire vers 2050 6 .L’IPCC évite toutefois <strong>les</strong> prescriptions et il secontente de présenter aux autorités une série descénarios possib<strong>les</strong>. Depuis 1990, il a élaboré 40scénarios basés sur quatre canevas fondamentaux.Ces scénarios sont catégorisés selon deux contextesfuturs ; tout d’abord un contexte avec prééminencedu développement économique (appelé A) ou environnemental(B) ; puis, établir si ce développementsera orienté vers le plan mondial (numéro 1)ou régional (numéro 2). C’est ainsi que A1 signifieéconomique/mondial, A2 économique/régional, B1environnemental/mondial et B2 environnemental/régional. Le scénario A1 comporte, à son tour, troissubdivisions : l’utilisation intensive de combustib<strong>les</strong>fossi<strong>les</strong> (A1F1), intermédiaire entre l’utilisation defossi<strong>les</strong> et non fossi<strong>les</strong> (A1B) ; et la transition vers <strong>les</strong>combustib<strong>les</strong> non fossi<strong>les</strong> (A1T). Le scénario sans5 Hansen, J. Témoignage devant le Congrès des États-Unis, le23 juin 1988.6 McKibben, B. “Think Again: Climate Change.” Foreign Policy,janvier/février 2009.Disponible sur : .changement (ESC) – ne pas prendre de mesurespour réduire l’émission de gaz à effet de serre (GES)– est, évidemment, inadmissible.Dans le même temps, il y a de plus en plus d’indicesindiquant que le pire des scénarios possib<strong>les</strong>pourrait se produire plus tôt qu’on ne se l’imaginait.Les phénomènes extrêmes tels que <strong>les</strong> orages, <strong>les</strong>inondations et la sécheresse ont des conséquencesdévastatrices sur <strong>les</strong> ressources hydriques, la sécuritéalimentaire, l’agriculture, <strong>les</strong> écosystèmes, labiodiversité et la santé humaine. En août 2003, l’Europea connu une vague de chaleur qui a provoquéla mort de presque 15.000 personnes en France et35.000 autres dans neuf autres pays européens. Desincendies forestiers se sont récemment produits enCalifornie, aux États-Unis et en Australie, avec desinondations sans précédent dans d’autres régions.Ces phénomènes ont été prévus par toutes <strong>les</strong> étudesd’évaluation de l’IPCC. Cependant, de nos jours,ils sont monnaie courante partout et surviennentlorsqu’on s’y attend le moins. Les sécheresses prolongéesdans des pays producteurs d’aliments pourraientprovoquer une diminution dans la productiond’aliments de 20 % à 40 % en 2009. Des maladiesque l’on croyait contrôlées, comme la tuberculose,la malaria et la fièvre dengue réapparaissent dansde nombreuses régions. La déforestation, représentant17 % environ des émissions de GES, s’estvue récemment aggravée à cause de la demandecroissante de biocarburants. Entre 2000 et 2005,environ six millions d’hectares de forêts vierges ontété perdues par an et, dans la même période, la biodiversitén’a pas cessé de décliner.Justice climatiqueUn monde plus équitable a de meilleures possibilitésde survie et d’adaptation aux changements climatiques.Le monde serait plus résistant si l’on fixait deslimites à la croissance (même si <strong>les</strong> limites redoutéesont déjà été dépassées) et si l’on établissait l’équitéentre et au sein des pays et des communautés, entre<strong>les</strong> hommes et <strong>les</strong> femmes, entre <strong>les</strong> générationsactuel<strong>les</strong> et futures.Le principe de justice climatique découle directementde la CMNUCC, dont l’article 3.1 établitque <strong>les</strong> pays doivent agir « sur la base de l’équitéet conformément à leurs responsabilités communesmais différenciées et à leurs capacités respectives». Deux principes supplémentaires viennentcompléter la Déclaration de Rio de Janeiro sur l’En-<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>25Justice pour refroidir la planète

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