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Faire travailler les finances - Social Watch

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L’égalité de genre et la crise financièreL’égalité entre femmes et hommes doit être un élément essentiel dans le développement de mesures et de politiques pour luttercontre la crise financière alors que celle-ci commence à s’installer dans <strong>les</strong> secteurs où dominent <strong>les</strong> femmes et que le taux deviolence contre <strong>les</strong> femmes augmente. Une analyse de genre est nécessaire afin de comprendre la profondeur et la portée de lacrise et de pouvoir élaborer <strong>les</strong> réponses adéquates. Cependant, bien que la crise oblige à relever ces défis, elle représente aussiune occasion de renforcer le pouvoir et le leadership des femmes, comme cela s’est déjà vu dans certains pays où cel<strong>les</strong>-ci ontsurgi comme dirigeantes.Nancy BaroniCanadian Feminist Alliance for International ActionMirjana Dokmanovic, PhDAssociation Technology and Society, Serbiaet Women in Development Europe (WIDE)Genoveva TishevaBulgarian Gender Research Foundation etBulgarian-European Partnership AssociationEmily SikazweWomen for ChangeL’inégalité de genre n’est pas un phénomène nouveau; cependant, la crise économique a aggravé <strong>les</strong>inégalités de genre partout dans le monde. Commela récession mondiale persiste, <strong>les</strong> gouvernementset l’industrie discutent des sauvetages et des prêtsde capitaux ; de plus en plus de services publics sontprivatisés pour « protéger » <strong>les</strong> fonds gouvernementauxet <strong>les</strong> impôts corporatifs sont réduits au profitdes grandes entreprises et des riches. Il est de plusen plus clair que <strong>les</strong> femmes sont profondément touchéespar la récession mondiale et par <strong>les</strong> réponsesnationa<strong>les</strong> à la crise.D’après l’ONU, si au début le chômage augmentaitplus rapidement chez <strong>les</strong> hommes que chez<strong>les</strong> femmes, le taux masculin est maintenant en trainde ralentir alors que pour <strong>les</strong> femmes il continue àaugmenter ; le taux mondial de chômage pour <strong>les</strong>femmes pourrait atteindre 7,4 % par rapport à 7,0 %pour <strong>les</strong> hommes 1 . Mais bien que la crise financièreaux États-Unis et en Europe ait d’abord touché <strong>les</strong>secteurs financiers et industriels, composés surtoutpar des hommes, ses effets commencent às’aggraver dans <strong>les</strong> secteurs où <strong>les</strong> femmes sontmajoritaires, comme l’industrie des services et lepetit commerce.Les femmes des pays en développementsont <strong>les</strong> plus touchées par la crise financière. Leurcontrôle sur la propriété et <strong>les</strong> ressources est plusfaible, el<strong>les</strong> sont majoritaires dans <strong>les</strong> travaux <strong>les</strong>plus vulnérab<strong>les</strong> ou au forfait, el<strong>les</strong> gagnent moinset leur protection sociale est plus faible ; c’est pourquoi<strong>les</strong> femmes, et leurs enfants, sont <strong>les</strong> plusvulnérab<strong>les</strong> face à la crise. En conséquence dequoi el<strong>les</strong> se trouvent dans une situation socialeet économique beaucoup plus faible que celle deshommes pour faire face à la récession. El<strong>les</strong> doiventgénéralement <strong>travailler</strong> davantage d’heures ettrouver du travail supplémentaire, tandis qu’el<strong>les</strong>1 Voir : Organisation internationale du travail. GlobalEmployment Trends for Women. Genève : OIT, 2009.continuent à s’occuper des responsabilités primairesdu ménage.Le Groupe de travail des femmes sur le financementdu développement a signalé que la crise financièreoffre une occasion cruciale de modifier la structurefinancière mondiale avec pour objectif d’adhérerà des principes équitab<strong>les</strong> et fondés sur <strong>les</strong> droits. Legroupe demande une alternative à la décision du G-20de repositionner le Fonds monétaire international.Cette décision ne ferait que perpétuer <strong>les</strong> échecs despolitiques économiques néolibéra<strong>les</strong>, aggraverait<strong>les</strong> inégalités structurel<strong>les</strong> du passé et augmenteraitl’endettement des pays en développement. Cettesituation maintient l’approche dépassée et injusteselon laquelle un petit nombre de nations riches décidentpour beaucoup de nations qui se trouvent dansdes situations différentes. Le Groupe de travail desfemmes exige des solutions et des mesures pour lacrise financière qui soient issues d’un large processus,consultatif et inclusif, dans le cadre des NationsUnies – et non pas dans celui du FMI – où <strong>les</strong> droitshumains des femmes sont préservés et où chaqueétat membre a une voix à la table des débats 2 .Les approches gouvernementa<strong>les</strong> pour luttercontre la crise économique et financière ne sont engénéral pas fondées sur <strong>les</strong> principes d’égalité ou desdroits humains. Beaucoup de pays du Nord ont négociéd’énormes renflouements pour <strong>les</strong> principa<strong>les</strong>industries en utilisant <strong>les</strong> deniers publics. Beaucoupde pays investissent aussi dans des projets d’infrastructuredestinés principalement à des activités quiemploient surtout des hommes (la construction, <strong>les</strong>transports, etc.), au lieu de le faire dans <strong>les</strong> secteursqui traditionnellement favorisent <strong>les</strong> femmes (<strong>les</strong> soinsmédicaux, le soin des enfants, <strong>les</strong> allocations familia<strong>les</strong>,etc.). Les programmes d’assurance chômage, làoù ils existent, couvrent généralement <strong>les</strong> travailleurs2 Le Groupe de travail des femmes sur le financement dudéveloppement est coordiné par Development Alternativeswith Women for a New Era (DAWN) et comprend <strong>les</strong>organisations et <strong>les</strong> réseaux suivants : African Women’sDevelopment and Communication Network (FEMNET),Arab NGO Network for Development (ANND), Associationfor Women’s Rights in Development (AWID), Feminist TaskForce-Global Call to Action against Poverty (FTF-GCAP),Global Policy Forum (GPF), International Counsil for AdultEducation (ICAE), International Gender and Trade Network(IGTN), International Trade Union Confederation (ITUC),Network for Women’s Rights in Ghana (NETRIGHT), Red deEducación Popular entre Mujeres para América Latina y elCaribe (REPEM), Third World Network-Africa (TWN-Africa),Women’s Environment and Development Organization(WEDO), et Women in Development Europe (WIDE).à temps complet et rarement ceux qui travaillent àtemps partiel, qui le plus souvent sont des femmes.Le nombre de rapports sur la violence exercée sur <strong>les</strong>femmes augmente ; en raison du manque de sécuritééconomique et sociale, el<strong>les</strong> ont plus de difficultéspour échapper à des situations de violence.Le rapport du Département d’état des États-Unis 3 qui vient de paraître sur le trafic humain, signaleque la crise économique mondiale contribueau trafic du travail et au trafic sexuel, puisque l’augmentationdu chômage et de la pauvreté rend <strong>les</strong>personnes plus vulnérab<strong>les</strong> face aux trafiquants etqu’il existe une demande croissante de biens et deservices bon marché. Le rapport prévoit que la criseéconomique provoquera le passage à l’irrégularité denombreuses activités afin d’alléger la charge fiscaleet d’éviter <strong>les</strong> lois de protection du travail en embauchantde la main d’œuvre non syndicalisée, ce quiaugmentera le travail forcé, bon marché et le travaildes enfants par <strong>les</strong> entreprises multinationa<strong>les</strong> enmanque d’argent.Pour Amnesty International, la crise économiqueaggrave <strong>les</strong> problèmes des droits humains existantset certains problèmes très importants – commela pauvreté, <strong>les</strong> droits reproductifs et la violenceexercée sur <strong>les</strong> femmes – ne trouvent pas l’attentionet <strong>les</strong> ressources nécessaires. Les gouvernementsinvestissent pour redresser <strong>les</strong> marchés, maisceux-là ne tiennent pas compte des problèmes desdroits humains. Dans le passé <strong>les</strong> gouvernementsutilisaient la sécurité comme excuse pour diminuerl’importance des droits humains ; maintenant que lacrise impose aux gouvernements d’autres priorités,<strong>les</strong> droits humains sont à nouveau ignorés.Les réactions face à la crise économique supposentla réduction du financement pour <strong>les</strong> mécanismesd’égalité de genre et la mise en pratiquedes lois sur la matière, ce qui mettra en danger <strong>les</strong>réussites obtenues et renforcera inévitablement <strong>les</strong>stéréotypes existants. En même temps le soutienaux organisations de femmes, partie essentielle dumouvement mondial des femmes, diminue.Lors d’une conférence de la Commission européennesur l’« Egalité entre <strong>les</strong> hommes et <strong>les</strong> femmesen période de changement » (<strong>les</strong> 15 et 16 juin2009) certaines tendances régiona<strong>les</strong> de l’impact degenre de la crise économique ont été identifiées. Ces3 Département d’État des États-Unis. Trafficking in PersonsReport. Washington DC, 2009. Disponible sur :.<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong>17L’égalité de genre et la crise financière

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