Faire travailler les finances - Social Watch

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100Thaïlande1007747Une réponse à la vue courte (encore une fois)10065000Le Gouvernement a répondu rapidement à la crise en adoptant les mesures habituelles des plans9760de relance. Cependant une vision plus durable devient obligatoire : elle64100 doit intégrer à la solution 1009999les considérations environnementales et de sécurité alimentaire auxquelles le pays et le monde sontIEG of Peruactuellement= 69,7confrontés. Si le changementBCI of Filipinasadvient,= 78,1il découlera d’un mouvementIEG of Philippinessocial= 75,6revitalisé,soutenu fermement par les intellectuels et le patronat.9863100 100 100100 10088Social Agenda Working GroupNantiya Tangwisutijit100La population thaïlandaise a d’abord observé le déroulementde la crise des hypothèques surprime aux États-Unis sans être trop consciente de 51sa signification ou deses effets. Le premier indice est apparu en novembreIndice des Capacités de Base (ICB)100ICB = 96* 91Enfants atteignantla cinquième annéed’écoleIEG = 702008 lorsque les exportations, qui pendant les dix dernièresannées avaient bénéficié d’une croissance an-00nuelle à deux chiffres, ont soudainement eu une baisse9799de 20 % par rapport à novembre 2007. Ensuite, lorsque100 100 100100 1008481les entreprises ont rapidement réagi pour minimiser les Accouchements assurés par du Survivance jusqu’àcoûts, les travailleurs sont descendus dans la rue pour personnel médical spécialisél’âge de 5 ansprotester contre les diminutions de salaires et des béné-BCI of Tailandia = 95,6fices sociaux. C’était alors officiel: la crise était arrivée.La Thaïlande n’est pas étrangère aux bouleversementséconomiques ; il y a 12 ans elle a été l’épicentre(« ground zero ») de la crise financière asiatique, maisla récession actuelle semble être bien plus profonde.Contrairement à celle de 1997, la crise actuelle a ravagéune grande partie de la richesse dans le monde entier.C’est ainsi que les exportations thaïlandaises se trouventen chute libre avec une baisse annuelle de plus de 30 % 1 .Puisque les exportations représentent 70 % duPIB, la Thaïlande se trouve parmi les économies les plustouchées des pays émergents de l’Asie. Les exportationsthaïlandaises se sont totalement effondrées aux États-Unis,en Europe, au Japon et dans les pays de l’Association desnations du Sud-Est asiatique (ANSEA). En outre, les exportationsvers la Chine – le seul pays capable d’apporter l’élannécessaire pour sortir la Thaïlande et les pays émergents del’Asie du bourbier économique – ont également chuté.La rapidité du déclin économique a été aussi exacerbéepar l’instabilité politique et l’échec récurrent desgouvernements; rien qu’en 2008 il y a eu quatre premiersministres. Cette paralysie politique a retardé la finalisationdes budgets publics et la mise en œuvre de projets de travauxpublics en instance. La croissance économique en2008 a à peine atteint 2,6 %, par rapport à 4,6 % en 2007.Le pronostic pour 2009 est un plus grand resserrementéconomique, qui pourrait descendre jusqu’à -3,9 % 2 .Travail et chômagePlus de 250.000 travailleurs ont perdu leur travail entreoctobre 2008 et janvier 2009. Le chômage a augmenté de* « Enfants atteignant … » selon la procédure “1” à la p. 209.1 Direction du Développement National, Économique et Social.Disponible sur : .2 Ibid.3 Centre de Recherche Kasikorn. Voir :.4 Ministère du Travail. Voir : .Indice d’Equité de Genre (IEG)Empowerment100 7210098Activité économiqueÉducationIEG of Tanzania = 71,9 IEG of Thailand = 70,2140 % entre janvier 2008 et janvier 2009. La Fédération de la société civile souffrent eux aussi de la crise. Lesdes Industries Thaïlandaises estime que d’ici la fin de ONG sont doublement touchées puisque leurs donateursl’année 2009 le chômage touchera entre 1,5 et 2 millions étrangers recoupent leurs budgets et leurs monnaiesde personnes, de 5 % à 8 % de la main d’œuvre déclarée3 . Cependant le chômage réel sera bien pire puisqueaffaiblies représentent moins de bahts thaïlandais.les calculs officiels ne tiennent pas compte du secteur Agricultureinformel qui représente 60 % de tous les emplois. Cela Pendant la crise de 1990 beaucoup de travailleurs au chômageont trouvé un palliatif temporaire dans le secteurcomprend les travailleurs dont les patrons contournent lesystème de l’assurance chômage et ceux qui restent sans agricole, mais à présent les bols de riz en secteur ruralemploi après leurs six mois d’assurance chômage. ont moins à offrir. Bien que la baisse du prix du pétrole aitD’après les données officielles, pendant la dernière réduit les coûts des intrants agricoles plus que des prix,crise le chômage est monté à seulement 5,6 % en 1998 4 . la diminution de la demande d’exportation, spécialementDes organisations de défense des travailleurs, comme celle des matières premières comme le caoutchouc et lela Fondation Arom Pong-pangan, prévoient que le chômagesera bientôt largement supérieur à ce chiffre. déplacés. Pire encore, comme conséquence de l’arrivéemanioc, a éliminé la possibilité d’intégrer les travailleursActuellement les travailleurs ont moins de pouvoirde négociation en raison de changements dans les plication du traité de libre commerce de l’année 2003, lesde produits agricoles chinois bon marché, à partir de l’ap-formalités d’embauche et de cessation de service, ont agriculteurs thaïlandais sont moins compétitifs. De plus,signalé Bundit Thanachaisretavuth et Vassana Lamdee lors des dix dernières années, en raison de l’augmentationde la Fondation Arom Pong-pangan. Beaucoup d’entreprisesexternalisent l’administration du personnel à des travailleurs ruraux vers le secteur industriel, il y a moinsdes dettes familiales et de l’augmentation de la migrationdes entreprises intermédiaires « invisibles » pour éviter de petits producteurs agricoles propriétaires de terres.toute responsabilité légale directe sur les pratiques del’emploi. En même temps les licenciements en masse Les plus pauvres parmi les pauvresd’autrefois, qui pourraient assurer un fort soutien dupublic en faveur de pratiques du travail plus strictes, nesont plus à l’ordre du jour. Les travailleurs sont renvoyésà petites doses, parfois sans indemnités, dans leurs villagesd’origine pour éviter qu’ils causent des problèmes.Tandis qu’ils essayent de faire face à la crise de parleur rôle de « chiens de garde », les médias et les groupes1000Ces tendances mettent une pression encore plus grandesur les 23 millions de travailleurs du secteur informel, laplupart d’entre eux étant des femmes. Au fur et à mesureque la crise s’aggrave, les femmes seront non seulementmoins rémunérées, mais elles devront supporter descharges plus lourdes, a signalé Usa Lerdsrisuntad, directricede programmes à la Women Foundation. En cas dedivorce ou de séparation, en augmentation en Thaïlande,c’est surtout sur les femmes que retombe la responsabilitéde l’éducation des enfants. Le Bureau National deStatistiques signale que 30 % des enfants de familles monoparentalessont exclusivement à la charge de leur mère.Il est à craindre que beaucoup de femmes s’accrochent à41Rapports nationaux 162 Social Watch

des relations abusives pour minimiser les difficultés économiquespour leurs familles. Il est aussi probable que lemanque de soutien de l’État pour l’éducation des enfants,ajouté à une économie affaiblie, pousse plus de femmesvers l’industrie du sexe et/ou d’emplois à l’étranger obtenuspar le biais d’organisations de trafic humain.Étant donné que les enfants sont l’un des groupesles plus vulnérables de la société, ils sont les victimesfinales de toute crise, qu’elle soit économique, socialeou politique, a assuré Chettha Munkong de ChildrenFoundation. La désertion scolaire augmente puisqueles élèves doivent travailler pour aider leurs familles.Pour ceux qui peuvent rester à l’école, les défenseursdes droits des enfants craignent que la crise ait déjàatteint la qualité de leur enseignement. De plus en plusde maîtres passent moins de temps à l’école et plus detemps a la recherche de revenus supplémentaires.La rapidité de l’expansion économique des dix dernièresannées, liée à une moindre capacité de subsistergrâce aux ressources naturelles, a jeté un nombre croissantde minorités ethniques vers la main d’œuvre informelle.La communauté des gitans de la mer, par exemple,est graduellement entrée dans les services de l’hôtellerie etdu tourisme, mais maintenant que le tourisme a baissé de20 %, les emplois sont en train de disparaître. Sans éducationformelle et avec une concurrence plus grande, lesconséquences pour cette communauté et pour d’autrescommunautés marginales peuvent être plus persistantes.Réponse du GouvernementEn janvier 2009 le Gouvernement a lancé une série demesures économiques d’un montant de 4,5 milliardsd’USD comprenant des exonérations d’impôts, l’élargissementde l’enseignement gratuit, des subventionspour les transports en commun et les servicespublics et des primes en espèces pour les salariés quitouchent les revenus les plus faibles. Deux séries demesures similaires sont prévues avant la fin de l’année2009. En dépit de cette prompte réponse, l’orientationde la politique ainsi que sa mise en oeuvre ontgénéré beaucoup d’inquiétude dans la société.La remise unique de 2.000 THB (57 USD) en espècesaux employés publics et privés dont le revenumensuel est inférieur à 14.000 THB (397 USD) a été l’unedes mesures les plus polémiques. Les bénéficiaires de lamesure eux-mêmes l’ont critiquée en la qualifiant de populismeéhonté, sans la considérer comme une relancesignificative. Par exemple, la plus grande partie des travailleursqui se trouvent dans cette catégorie appartientau secteur informel et n’a donc pas droit de touchercette somme. Ceci pose le problème de la discriminationde genre puisque ce sont les femmes qui composent lamajeure partie du secteur des travailleurs informels.Les activistes sociaux comme Bundit, de la FondationArom Pong-pangan, critiquent également lastructure verticaliste et le manque de transparencede l’administration de ces fonds, qui laisse le terrainlibre à la corruption. Par exemple, les 7 milliardsTHB (presque 199 millions d’USD) destinés à descours de recyclage pour 240.000 travailleurs neseront pourvus qu’aux organismes publics – sanstrop d’obligation de rendre des comptes – et nonpas aux administrations locales ni aux associationsprofessionnelles communautaires qui travaillent encontact plus étroit avec les chômeurs.Pour compléter son plan de relance de l’économie,le Gouvernement travaille aussi sur une importanterestructuration de la régulation des marchés financiers.Cependant, contrairement à beaucoup de pays qui ontétabli plus de garanties pour protéger les consommateurset leurs économies, la Thaïlande marche vers une fortedérégulation et libéralisation du marché des capitaux pouraugmenter son rôle dans le développement de l’économie.On craint que cette initiative, dont plusieurs des personnesqui ont participé à la crise de 1997 recherchant exclusivementdes profits à court terme sont à l’origine, ouvre lavoie à une nouvelle crise à peine le pays remis sur pied.Les groupes de la société civile signalent que laplus grande faille dans la politique de relance économiquedu gouvernement est le manque de stratégiecohérente. Il n’existe pas de vision de la façon dont laThaïlande pourrait utiliser les ressources de la relanceéconomique pour aborder certaines des causes de l’inégalitéet des difficultés sociales et économiques persistantesque subit la plus grande partie de la population.Surichai Wankaeo, directeur du Social Research Institute,à l’Université de Chulalongkorn, signale que la sériede mesures économiques n’offre pas de gouvernail à lapolitique économique, qui depuis bien longtemps a étéà la merci de la demande multinationale, laissant le paysdans une situation de vulnérabilité face à la volatilitédes marchés internationaux. A bien des égards, cettesérie de mesures économiques ressemble à des programmessimilaires appliqués pendant les années 30 :projets de travail subventionné et programmes d’assistancequi ne font qu’offrir un assistanat temporaire sanspermettre de renforcer l’économie ni la société.Pour construire une économie plus résistante lepays doit mettre en place des stratégies qui renforcent laconsommation interne des produits nationaux. Les défenseursde ces stratégies s’appuient sur le succès connuces dernières années par l’industrie du tourisme qui s’estpenchée vers le tourisme national pour compenser labaisse de la demande du tourisme étranger. Cependantun meilleur point de départ serait celui de soutenir lasécurité alimentaire. Avec un secteur agricole aussi fortet encore plus décentralisé, les politiques, les incitationset les règlementations visant la production d’aliments organiquesauraient des effets importants sur l’économienationale et la santé publique. L’Organisation Mondialedu Commerce (OMC) considère que si l’utilisation deproduits chimiques est réglementée et les produits quien contiennent sont interdits, la Thaïlande obtiendraitimmédiatement un avantage compétitif sur les importations.Beaucoup d’agriculteurs thaïlandais utilisent déjàdes méthodes organiques simplement comme moyende réduire le coût des intrants, mais n’ont qu’un trèsfaible accès aux grands réseaux de distribution où leursproduits pourraient obtenir des prix supérieurs.La réforme agraire est aussi un sujet clé pour aiderles producteurs des zones rurales. Actuellement 90 %de la terre thaïlandaise appartient à 10 % de la population.Il faut au moins mettre en place une structurefiscale fortement progressive pour taxer la propriétéde la terre et procurer une aide aux acheteurs qui enachètent pour la première fois, spécialement dans lemilieu agricole. Ces programmes pourraient être misen rapport avec les politiques d’agriculture organiquede façon à encourager les nouveaux propriétaires deterres à adopter ces cultures de grande valeur.L’énergie est un autre sujet que le pays doit analyser.Presque 90 % du pétrole de la Thaïlande estimporté, ce qui consomme jusqu’à 10 % de son PIB.Ceci représente beaucoup d’argent et d’emplois quipourraient faire partie d’un programme de carburantsalternatifs si les mesures nécessaires pour lesoutenir étaient prises. Il faudrait également stimulerles technologies nationales de production d’énergiesalternatives et encourager une utilisation plussage de l’énergie, pour mettre fin à la course du paysvers l’achat de centrales nucléaires et la constructiond’usines à charbon.Le Gouvernement doit travailler pour promouvoirdes ressources nationales d’énergie plus propresen tant que partie intégrante d’un plan qui prenne encompte les défis que le changement climatique pose.Des scientifiques et des économistes thaïlandais renommésont démontré que la catastrophe s’approcheà grands pas et que le moment de réagir est venu. Lesorganismes publics doivent acquérir l’expertise et lestechnologies qui leur permettent de mieux comprendreles changements que le pays expérimentera ainsique les stratégies d’adaptation nécessaires pour quel’économie et la société puissent se développer dansun avenir au climat changeant.Le secteur agricole est fondamental pour cettepréparation. La sécheresse est déjà un problème quise répète avec fréquence. De plus, avec les changementssubstantiels des rythmes des précipitationsprévus, les agriculteurs doivent avoir des alternativespour les cultures, pour les méthodes de récolteet pour les techniques agricoles. L’encouragementde la recherche nationale, l’essai et l’application deces nouvelles approches doit être une priorité pourassurer la viabilité du secteur.Les efforts visant à renforcer l’économie nedoivent pas être le seul objectif du pays pour faireface à la crise actuelle. L’évolution du niveau de vieet du bien-être a tout autant d’importance. Après lesuccès de l’assistance sanitaire universelle des années1990, les groupes thaïlandais de la société civileconsidèrent qu’il est temps de penser aux bénéficesde la retraite pour la plus grande partie de la population,aussi bien pour les travailleurs du secteurformel que pour ceux du secteur informel.OpportunitéSi la crise économique actuelle a du bon, c’est parcequ’elle offre l’occasion d’observer avec attention lesfacteurs qui l’ont provoquée ainsi que les stratégiesà déployer pour éviter qu’elle se répète. Les exonérationsfiscales, la formation professionnelle et la dérégulationdes marchés peuvent être des stimulants degrande valeur, mais seulement si l’objectif va au-delàde la récupération à court terme. Le changementdevra venir d’un mouvement social régénéré comptantsur le soutien des intellectuels et du patronat. LaThaïlande connaît déjà ce genre de mouvements quiont établi la Constitution du Peuple – un fait marquantde la réforme politique démocratique et la premièredans le pays à avoir été rédigée par une assembléeélue – en 1997. Cependant la question qui se pose estsi ce mouvement peut agir avec la célérité nécessairepour avoir quelque influence dans la réponse du gouvernementface à la crise actuelle. nSocial Watch 163 Thaïlande

des relations abusives pour minimiser <strong>les</strong> difficultés économiquespour leurs famil<strong>les</strong>. Il est aussi probable que lemanque de soutien de l’État pour l’éducation des enfants,ajouté à une économie affaiblie, pousse plus de femmesvers l’industrie du sexe et/ou d’emplois à l’étranger obtenuspar le biais d’organisations de trafic humain.Étant donné que <strong>les</strong> enfants sont l’un des groupes<strong>les</strong> plus vulnérab<strong>les</strong> de la société, ils sont <strong>les</strong> victimesfina<strong>les</strong> de toute crise, qu’elle soit économique, socialeou politique, a assuré Chettha Munkong de ChildrenFoundation. La désertion scolaire augmente puisque<strong>les</strong> élèves doivent <strong>travailler</strong> pour aider leurs famil<strong>les</strong>.Pour ceux qui peuvent rester à l’école, <strong>les</strong> défenseursdes droits des enfants craignent que la crise ait déjàatteint la qualité de leur enseignement. De plus en plusde maîtres passent moins de temps à l’école et plus detemps a la recherche de revenus supplémentaires.La rapidité de l’expansion économique des dix dernièresannées, liée à une moindre capacité de subsistergrâce aux ressources naturel<strong>les</strong>, a jeté un nombre croissantde minorités ethniques vers la main d’œuvre informelle.La communauté des gitans de la mer, par exemple,est graduellement entrée dans <strong>les</strong> services de l’hôtellerie etdu tourisme, mais maintenant que le tourisme a baissé de20 %, <strong>les</strong> emplois sont en train de disparaître. Sans éducationformelle et avec une concurrence plus grande, <strong>les</strong>conséquences pour cette communauté et pour d’autrescommunautés margina<strong>les</strong> peuvent être plus persistantes.Réponse du GouvernementEn janvier 2009 le Gouvernement a lancé une série demesures économiques d’un montant de 4,5 milliardsd’USD comprenant des exonérations d’impôts, l’élargissementde l’enseignement gratuit, des subventionspour <strong>les</strong> transports en commun et <strong>les</strong> servicespublics et des primes en espèces pour <strong>les</strong> salariés quitouchent <strong>les</strong> revenus <strong>les</strong> plus faib<strong>les</strong>. Deux séries demesures similaires sont prévues avant la fin de l’année2009. En dépit de cette prompte réponse, l’orientationde la politique ainsi que sa mise en oeuvre ontgénéré beaucoup d’inquiétude dans la société.La remise unique de 2.000 THB (57 USD) en espècesaux employés publics et privés dont le revenumensuel est inférieur à 14.000 THB (397 USD) a été l’unedes mesures <strong>les</strong> plus polémiques. Les bénéficiaires de lamesure eux-mêmes l’ont critiquée en la qualifiant de populismeéhonté, sans la considérer comme une relancesignificative. Par exemple, la plus grande partie des travailleursqui se trouvent dans cette catégorie appartientau secteur informel et n’a donc pas droit de touchercette somme. Ceci pose le problème de la discriminationde genre puisque ce sont <strong>les</strong> femmes qui composent lamajeure partie du secteur des travailleurs informels.Les activistes sociaux comme Bundit, de la FondationArom Pong-pangan, critiquent également lastructure verticaliste et le manque de transparencede l’administration de ces fonds, qui laisse le terrainlibre à la corruption. Par exemple, <strong>les</strong> 7 milliardsTHB (presque 199 millions d’USD) destinés à descours de recyclage pour 240.000 travailleurs neseront pourvus qu’aux organismes publics – sanstrop d’obligation de rendre des comptes – et nonpas aux administrations loca<strong>les</strong> ni aux associationsprofessionnel<strong>les</strong> communautaires qui travaillent encontact plus étroit avec <strong>les</strong> chômeurs.Pour compléter son plan de relance de l’économie,le Gouvernement travaille aussi sur une importanterestructuration de la régulation des marchés financiers.Cependant, contrairement à beaucoup de pays qui ontétabli plus de garanties pour protéger <strong>les</strong> consommateurset leurs économies, la Thaïlande marche vers une fortedérégulation et libéralisation du marché des capitaux pouraugmenter son rôle dans le développement de l’économie.On craint que cette initiative, dont plusieurs des personnesqui ont participé à la crise de 1997 recherchant exclusivementdes profits à court terme sont à l’origine, ouvre lavoie à une nouvelle crise à peine le pays remis sur pied.Les groupes de la société civile signalent que laplus grande faille dans la politique de relance économiquedu gouvernement est le manque de stratégiecohérente. Il n’existe pas de vision de la façon dont laThaïlande pourrait utiliser <strong>les</strong> ressources de la relanceéconomique pour aborder certaines des causes de l’inégalitéet des difficultés socia<strong>les</strong> et économiques persistantesque subit la plus grande partie de la population.Surichai Wankaeo, directeur du <strong>Social</strong> Research Institute,à l’Université de Chulalongkorn, signale que la sériede mesures économiques n’offre pas de gouvernail à lapolitique économique, qui depuis bien longtemps a étéà la merci de la demande multinationale, laissant le paysdans une situation de vulnérabilité face à la volatilitédes marchés internationaux. A bien des égards, cettesérie de mesures économiques ressemble à des programmessimilaires appliqués pendant <strong>les</strong> années 30 :projets de travail subventionné et programmes d’assistancequi ne font qu’offrir un assistanat temporaire sanspermettre de renforcer l’économie ni la société.Pour construire une économie plus résistante lepays doit mettre en place des stratégies qui renforcent laconsommation interne des produits nationaux. Les défenseursde ces stratégies s’appuient sur le succès connuces dernières années par l’industrie du tourisme qui s’estpenchée vers le tourisme national pour compenser labaisse de la demande du tourisme étranger. Cependantun meilleur point de départ serait celui de soutenir lasécurité alimentaire. Avec un secteur agricole aussi fortet encore plus décentralisé, <strong>les</strong> politiques, <strong>les</strong> incitationset <strong>les</strong> règlementations visant la production d’aliments organiquesauraient des effets importants sur l’économienationale et la santé publique. L’Organisation Mondialedu Commerce (OMC) considère que si l’utilisation deproduits chimiques est réglementée et <strong>les</strong> produits quien contiennent sont interdits, la Thaïlande obtiendraitimmédiatement un avantage compétitif sur <strong>les</strong> importations.Beaucoup d’agriculteurs thaïlandais utilisent déjàdes méthodes organiques simplement comme moyende réduire le coût des intrants, mais n’ont qu’un trèsfaible accès aux grands réseaux de distribution où leursproduits pourraient obtenir des prix supérieurs.La réforme agraire est aussi un sujet clé pour aider<strong>les</strong> producteurs des zones rura<strong>les</strong>. Actuellement 90 %de la terre thaïlandaise appartient à 10 % de la population.Il faut au moins mettre en place une structurefiscale fortement progressive pour taxer la propriétéde la terre et procurer une aide aux acheteurs qui enachètent pour la première fois, spécialement dans lemilieu agricole. Ces programmes pourraient être misen rapport avec <strong>les</strong> politiques d’agriculture organiquede façon à encourager <strong>les</strong> nouveaux propriétaires deterres à adopter ces cultures de grande valeur.L’énergie est un autre sujet que le pays doit analyser.Presque 90 % du pétrole de la Thaïlande estimporté, ce qui consomme jusqu’à 10 % de son PIB.Ceci représente beaucoup d’argent et d’emplois quipourraient faire partie d’un programme de carburantsalternatifs si <strong>les</strong> mesures nécessaires pour <strong>les</strong>outenir étaient prises. Il faudrait également stimuler<strong>les</strong> technologies nationa<strong>les</strong> de production d’énergiesalternatives et encourager une utilisation plussage de l’énergie, pour mettre fin à la course du paysvers l’achat de centra<strong>les</strong> nucléaires et la constructiond’usines à charbon.Le Gouvernement doit <strong>travailler</strong> pour promouvoirdes ressources nationa<strong>les</strong> d’énergie plus propresen tant que partie intégrante d’un plan qui prenne encompte <strong>les</strong> défis que le changement climatique pose.Des scientifiques et des économistes thaïlandais renommésont démontré que la catastrophe s’approcheà grands pas et que le moment de réagir est venu. Lesorganismes publics doivent acquérir l’expertise et <strong>les</strong>technologies qui leur permettent de mieux comprendre<strong>les</strong> changements que le pays expérimentera ainsique <strong>les</strong> stratégies d’adaptation nécessaires pour quel’économie et la société puissent se développer dansun avenir au climat changeant.Le secteur agricole est fondamental pour cettepréparation. La sécheresse est déjà un problème quise répète avec fréquence. De plus, avec <strong>les</strong> changementssubstantiels des rythmes des précipitationsprévus, <strong>les</strong> agriculteurs doivent avoir des alternativespour <strong>les</strong> cultures, pour <strong>les</strong> méthodes de récolteet pour <strong>les</strong> techniques agrico<strong>les</strong>. L’encouragementde la recherche nationale, l’essai et l’application deces nouvel<strong>les</strong> approches doit être une priorité pourassurer la viabilité du secteur.Les efforts visant à renforcer l’économie nedoivent pas être le seul objectif du pays pour faireface à la crise actuelle. L’évolution du niveau de vieet du bien-être a tout autant d’importance. Après <strong>les</strong>uccès de l’assistance sanitaire universelle des années1990, <strong>les</strong> groupes thaïlandais de la société civileconsidèrent qu’il est temps de penser aux bénéficesde la retraite pour la plus grande partie de la population,aussi bien pour <strong>les</strong> travailleurs du secteurformel que pour ceux du secteur informel.OpportunitéSi la crise économique actuelle a du bon, c’est parcequ’elle offre l’occasion d’observer avec attention <strong>les</strong>facteurs qui l’ont provoquée ainsi que <strong>les</strong> stratégiesà déployer pour éviter qu’elle se répète. Les exonérationsfisca<strong>les</strong>, la formation professionnelle et la dérégulationdes marchés peuvent être des stimulants degrande valeur, mais seulement si l’objectif va au-delàde la récupération à court terme. Le changementdevra venir d’un mouvement social régénéré comptantsur le soutien des intellectuels et du patronat. LaThaïlande connaît déjà ce genre de mouvements quiont établi la Constitution du Peuple – un fait marquantde la réforme politique démocratique et la premièredans le pays à avoir été rédigée par une assembléeélue – en 1997. Cependant la question qui se pose estsi ce mouvement peut agir avec la célérité nécessairepour avoir quelque influence dans la réponse du gouvernementface à la crise actuelle. n<strong>Social</strong> <strong>Watch</strong> 163 Thaïlande

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